Dans une déclaration lue lors d’un point de presse au siège de l’Appel du 20 février pour le Mali, lundi 19 juin 2023, le Front uni contre le référendum donne les raisons de son rejet des résultats du référendum du 18 juin 2023 et appelle la communauté internationale à ne pas reconnaître le scrutin.
Dans cette déclaration, le Front uni contre le référendum, composé de partis politiques, de regroupements politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes, réaffirme son profond désaccord et sa ferme opposition au référendum qui s’est tenu le dimanche 18 juin 2023.
« Cette consultation, présentée comme légale et légitime, en réalité inconstitutionnelle et arbitraire, a été imposée au peuple malien en violation flagrante des dispositions pertinentes (articles 26, 40, 41, 71, 75, 85, 118 et 121) de la Constitution du 25 février 1992, en vigueur, qui garantit pourtant les conditions, mécanismes et procédures pour un processus référendaire juste et transparent », peut-on lire dans la déclaration du Front.
Aussi, le Front uni contre le référendum dénonce les nombreuses irrégularités qui ont entaché ce référendum.
« Le rejet par la Cour Constitutionnelle des requêtes argumentées et bien fondées relatives à l’annulation du décret de convocation du collège électoral pour le référendum, contraire à la Constitution qu’il vise. Ainsi, on assiste à une superposition du pouvoir constituant originaire (imaginaire) au pouvoir constituant dérivé. Ce qui est inadmissible alors que la Cour pouvait mettre fin, de bon droit, à l’hémorragie frauduleuse et de non-droit que constitue ce processus référendaire », déplore le Front.
De plus, les opposants à la nouvelle Constitution déplorent l’implication du gouvernement dans la campagne et l’usage des moyens de l’Etat dans la campagne par les autorités de la transition, y compris les matériels de l’armée.
« Les présidents et les assesseurs n’ont pas été régulièrement nommés (15 jours au moins avant la date du scrutin, par décision du Coordinateur de l’AIGE dans la Commune, dans l’Ambassade ou le consulat) », s’insurge le Front.
Il dénonce aussi l’absence de listes électorales pour les forces de défense et de sécurité, conformément à « l’ordonnance dérogatoire », sans préjudice de leur présence sur les listes des communes, avec la possibilité de voter deux fois (le 11 juin et le 18 juin 2023), rompant ainsi avec l’égalité et l’universalité du vote consacrées par la loi électorale.
« La région de Kidal n’a pas pu participer au vote, aussi bien lors du vote anticipé des Forces de Défense et de Sécurité (le 11 juin 2023) que lors du scrutin du 18 juin 2023. Les communiqués contradictoires du gouvernement et de l’AIGE d’une part, et d’autre part, des mouvements armés, maîtres de la Région, et des observateurs accrédités par l’AIGE, ne font qu’ajouter davantage de discrédit à ce processus », dénonce le Front contre le référendum.
Les membres du front déplorent également l’insécurité grandissante qui a privé de nombreux maliens d’exercer leur droit de vote, droit fondamental d’expression, dans plusieurs contrées du pays (Nord, Centre, Ouest…).
« Au regard de ces illégalités criardes et manœuvres frauduleuses savamment orchestrées, non exhaustives : le Front Uni contre le référendum se démarque de ce fiasco, qui demeure le pire scrutin de l’histoire du Mali jamais organisé ; le Front uni appelle la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et toutes les personnes éprises de justice et de liberté à condamner fermement ce référendum illégal et illégitime, de la pire espèce », martèle le Front.
Par ailleurs, le Front prévient qu’il va « continuer à travailler en collaboration avec d’autres mouvements et organisations pour faire entendre la voix du peuple pour exiger que ce référendum soit purement et simplement mis à la poubelle de l’histoire ».
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Source : l’Indicateur du Renouveau