Mais attention ! Cela nécessite, entre autres, des moyens importants au détriment des autres secteurs socioéconomiques dans un contexte de sanctions économiques de plus en plus insupportables ; une diplomatie active qui soit à la fois celle de l’affirmation de notre souveraineté nationale, celle de la poursuite du processus d’intégration régionale et celle d’un dialogue franc et constructif avec la communauté internationale dans toutes ses composantes et au service exclusif de nos intérêts.
Par ailleurs, la victoire finale sera politique et non militaire, c’est-à-dire dans le retour effectif des services sociaux de base et une meilleure coordination entre gouvernance locale et gouvernance nationale, j’ai un peu de mal à y voir clair.
Sur le volet judiciaire qui semble être une des préoccupations majeures du peuple malien :
-Il ne saurait y avoir de réconciliation sans une justice qui se saisisse réellement des crimes de sang. Le respect de la vie humaine est un sujet grave et sérieux qui ne saurait être sacrifié au nom de la guerre même si il n’y a pas de guerre propre hélas. Les coupables doivent être appréhendés et mis à la disposition de la justice. Les familles de victimes doivent avoir accès à la vérité pour faire leur deuil et envisager le pardon. Les blessures du passé et du présent non pansées font le nid des crises de demain, ne l’oublions pas.
– La justice ne doit pas donner le sentiment d’être instrumentalisée. Elle doit être irréprochable vis à vis du respect de la présomption d’innocence et de la dignité humaine des personnes interpellées. Surtout elle doit être indépendante de l’exécutif et ne pas donner le sentiment de se focaliser uniquement sur le passé et quelques acteurs de l’ancien régime quand d’autres semblent passer entre les mailles du filet, notamment dans l’exécutif actuel.
Sur le volet de la Refondation les ANR auraient dû être le Rendez-vous de l’autopsie de la Nation, le Rendez-vous de la mobilisation au-delà des divergences politiques, le Rendez-vous d’une réflexion profonde sur les questions institutionnelles, politiques et électorales afin de fixer les orientations de la future constitution. C’est une faute politique d’avoir voulu en faire un instrument de négociation de la durée de la transition.
Sur le volet chronogramme de la Transition on a manqué à la fois de vision, de convictions et de réalisme. On a traité le sujet comme si on était au marché et qu’il fallait marchander au lieu de fixer un contenu à la Transition, de planifier les chantiers, de préparer un argumentaire puis de se donner les moyens de nos ambitions avec nos partenaires. Si on sait le faire sur le plan militaire il faut aussi savoir le faire dans les autres secteurs de développement et garder une vision globale de nos intérêts.
La rectification de la Transition ne devait pas faire l’économie du remembrement du CNT qui aurait dû s’inscrire à la fois : dans une optique de surveillance de l’action gouvernementale en tant que contre-pouvoir populaire ; dans une optique de relecture des accords d’Alger, voire de l’ensemble des traités internationaux, notamment ceux de défense qui échappent à la représentation nationale ; dans une optique d’assemblée constituante ; dans une optique de prise en charge de quelques réformes structurelles comme la loi électorale, la décentralisation ou encore la charte des partis politiques en adéquation avec la proclamation de la nouvelle constitution.
Il est encore temps de se ressaisir les amis sinon je vous assure que vous allez au-devant de graves difficultés et en tant que malien, je ne peux en aucun cas me réjouir de cela. Sortons des postures, privilégions l’action à la réaction, mettons-nous au travail. Méfiez-vous de ceux qui vous disent que tout va bien. Certains le font avec bienveillance pour vous encourager parce qu’ils savent que la tâche est rude et que vous avez besoin de soutien, mais d’autres le font de façon intéressée ou pour régler des comptes qui ne servent pas le Mali. De même que parmi ceux qui vous critiquent il y a des revanchards, mais il y a aussi des patriotes qui se sentent investis du devoir de vous dire leur part de vérité en toute transparence.
Faites preuve de discernement et revenez a la prise en compte des préoccupations de votre peuple, vous avez prêté serment pour cela. Personne d’autres que vous n’est habilité à le faire aujourd’hui alors faites le avant qu’il ne soit trop tard.
Zouber Sotbar
Source: Journal le Démocrate- Mali