L’ADEMA Association a célébré, le samedi 4 décembre, son 31e anniversaire à travers une conférence débat à la Pyramide du souvenir. Cette conférence-débat qui avait comme thème : «Le Mali, la Nation en question», était placée sous l’égide de la présidence de l’Association, SY Kadiatou SOW. Les conférenciers étaient le Dr Bréhima Ely DICKO et le Pr Yanoussa KANTA. La conférence débat a enregistré la présence de plusieurs personnalités.
Dans ses propos introductifs, la présidente de l’ADEMA Association, SY Kadiatou SOW, a expliqué que cette conférence débat rentrait dans le cadre de leur contribution à la réflexion sur les enjeux et défis majeurs auxquels notre pays est confronté.
Des défis qui doivent interpeller tous les fils et filles du pays. Selon elle, le choix du thème : Le Mali, la nation en question», se justifie par le fait que les membres de l’association ADEMA ont des perceptions différentes, voire opposées sur cette question.
Elle s’interroge si les Maliens se reconnaissent réellement dans leur État qualifié de fragile par beaucoup. Toutes les communautés se sentent-elles réellement partie intégrante de cet ensemble Mali ? Les attitudes de défiance, de méfiance voire de rejet des symboles de l’État seraient-elles imputables uniquement à la carence, au comportement déviant des représentants des pouvoirs publics ? Ou bien est-ce que c’est la nature même de cet État qui est en cause ? Cet État est-il capable de prendre en compte et de gérer efficacement nos diversités culturelles, ethniques considérées par ailleurs comme une richesse ? Ce sont là des interrogations posées par Mme SY Kadiatou SOW.
Elle a soutenu qu’au regard des multiples crises, des conflits de tout genre, stigmatisation, amalgame, délit de faciès, injustice, exactions, nombre de nos compatriotes se sentent abandonner non seulement par les représentants de l’État, censés les protégés, mais aussi ils se sentent ignorer par leurs concitoyens.
Face à la situation que traverse notre pays, la présidente de l’Association se demande si le Mali est un État qui est toujours à la recherche d’une Nation en construction ou si c’est la Nation malienne qui se cherche un État conforme à sa vision et à ses valeurs.
Le conférencier Bréhima Ely DICKO a soutenu que pour reconstruire la nation malienne il est important de la bâtir autour du pilier de la justice et du monopole légitime de la violence. Selon lui, lors que le sentiment d’impunité règne, lorsqu’il y a la sous-traitance de la sécurité et que d’autres acteurs violents structurent le quotidien des personnes, il est très difficile de construire une Nation.
« L’État doit se ressaisir et prioriser ses propres intérêts et mettre en avant l’accès des services sociaux de base : santé, éducation, sécurité… », a recommandé le Dr DICKO.
Pour la reconstruction du Mali, le conférencier a déclaré que les jeunes qui représentent 75% de la population ont à la fois le devoir de s’acquitter chacun en fonction de ses moyens, se former et bien s’informer sur la géopolitique pour savoir les contraintes que le pays fait face.
Le Conférencier Pr Yanoussa KANTA a mis l’accent sur les attributs spécifiques de la Nation. Il a déclaré qu’on ne pouvait pas faire un État Nation en allant prendre les conseils à l’extérieur.
« L’État doit être indépendant au lieu de promouvoir l’intérêt étranger », a insisté le Pr KANTA.
Il a par ailleurs évoqué les exigences de souveraineté pour un État et les entraves à la construction d’un État Nation.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin