Selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), environ 57.000 Maliens ont été contraints de fuir leur domicile au cours des quatre dernières semaines, suite aux derniers affrontements entre les groupes armés au Nord du Mali. Huit mois après le début des négociations inter-maliennes, un accord a été signé entre le gouvernement malien et une partie des groupes armés le 15 mai 2015 à Bamako. Pourtant, au Nord et au centre du Mali les affrontements meurtriers continuent. Et la situation de Ménaka, ville reprise par le Gatia aux rebelles du Mnla, est la source du blocage de la réunion d’Alger en cours depuis le 25 mai 2015 à Alger entre les Parties prenantes au Processus d’Alger. Cette rencontre vise, selon la médiation, à identifier les actions à engager suite à l’entrée en vigueur, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali dont « la réaffirmation par les parties de leurs engagements en faveur d’une cessation totale et définitive des hostilités ».
Lisez le résumé des déclarations du porte-parole du HCR William Spindler lors de la conférence de presse du 29 mai 2015 au Palais des Nations à Genève.
La reprise des combats entre des groupes armés dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou au nord du Mali ces quatre dernières semaines a poussé quelque 57 000 personnes à fuir leurs maisons, selon les autorités maliennes. Ces personnes nouvellement déplacées rejoignent plus de 43 000 personnes déjà déplacées à travers tout le pays et qui ne sont pas encore rentrées chez elles depuis le conflit de 2012 entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles. Le nombre total de personnes déplacées internes au Mali s’élève désormais à un peu plus de 100 000, principalement dans la partie nord du pays.
Cette détérioration de la situation sécuritaire a eu lieu quelques jours seulement après la signature de l’Accord de paix d’Alger entre le gouvernement et plusieurs groupes armés à Bamako le 15 mai dernier.
La région de Tombouctou est la plus touchée par les récents mouvements de population, avec 53 196 nouveaux déplacés enregistrés par les autorités maliennes au 26 mai. De plus, le gouvernement signale également le déplacement de 2350 personnes dans la région de Gao et de 1622 autres dans la région de Mopti. Nos équipes présentes au nord du Mali se sont entretenues avec certains des nouveaux déplacés qui ont dit avoir fui leurs villages à cause de la peur des violences ou du recrutement forcé par les groupes armés.
La situation sécuritaire instable entrave l’accès des travailleurs humanitaires à toutes les zones touchées et l’insécurité croissante dans la région rend très difficile la fourniture de protection et d’assistance aux nouveaux déplacés. Avec nos partenaires IEDA Relief et Handicap International, notre équipe à Tombouctou est en train d’évaluer les besoins des personnes déplacées. Une récente attaque menée contre le village de Tin Hamman dans la région de Gao a coûté la vie à un travailleur humanitaire.
Des visites initiales menées par le HCR et ses partenaires présents dans les zones touchées montrent que beaucoup de déplacés ont rejoint des lieux considérés comme plus sûrs autour de leurs villages d’origine, ou dans les villages voisins. Beaucoup dorment en plein air, et certains sont hébergés chez des amis ou des proches. Ils signalent une importante population de femmes et d’enfants se trouvant parmi les personnes déplacées, et qu’ils ont besoin de toute urgence d’un abri, d’eau et de nourriture.
En début de semaine et malgré la situation difficile, nous avons commencé à fournir une aide d’urgence à plus de 1500 personnes nouvellement déplacées à Goundam, à 85 kilomètres à l’ouest de Tombouctou. Une distribution des articles de secours est en cours avec l’aide de notre partenaire Stop Sahel. Nous acheminons actuellement des articles de secours également vers la région de Tombouctou afin d’organiser de futures distributions d’ustensiles de cuisine, de savon, de moustiquaires, de couvertures, de bâches en plastique pour quelque 12 000 personnes nouvellement déplacées à Gourma Rharous, à environ 100 kilomètres à l’est de Tombouctou.
En plus des déplacements internes, un petit nombre de réfugiés traversent vers les pays voisins après la récente reprise des violences. Depuis janvier, quelque 3 500 nouveaux réfugiés sont arrivés dans les pays voisins. Nos équipes ont enregistré 258 nouveaux arrivants en provenance du Mali au Burkina Faso entre le 11 et le 28 mai, alors que quelque 236 Maliens sont arrivés en Mauritanie depuis la fin avril. Au Niger, nos équipes signalent l’arrivée de 238 nouveaux réfugiés en provenance du Mali.
Bien que les chiffres soient encore relativement faibles, ils sont extrêmement préoccupants car ils montrent comment les troubles civils au Mali mettent en péril la cohésion sociale. Au Niger, les réfugiés proviennent d’un seul village de la région de Gao, où les combats entre différents groupes armés ont eu lieu plus tôt ce mois-ci et où des civils ont été tués. Par conséquent, les villageois ont fui vers le Niger, mais ne veulent pas vivre dans un camp car ils s’accusent mutuellement d’avoir des liens avec des groupes armés qui s’opposent.
Jusqu’à la récente reprise des violences, des réfugiés maliens rentraient lentement mais à un rythme régulier depuis des pays voisins, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. Selon les autorités maliennes, 35 232 réfugiés sont rentrés chez eux depuis 2013. Le HCR a vérifié le retour de 16 500 d’entre eux, dont 1121 depuis janvier 2015. Dans les zones de retour, nous venons en aide aux rapatriés via des projets communautaires, comme la réhabilitation d’écoles, la fourniture de médicaments à des hôpitaux, le forage de puits, la distribution de kits d’abris, un appui à des activités d’autosuffisance, ou en aidant les personnes vulnérables avec des articles de secours. Afin de favoriser la coexistence pacifique dans les zones de retour, ces projets bénéficient à la fois aux communautés d’accueil et aux rapatriés.
Quelque 137 500 Maliens sont toujours des réfugiés dans les pays voisins, y compris 33 400 au Burkina Faso, 52 000 en Mauritanie et quelque 50 000 au Niger.
*la Titraille est de la rédaction.
source : Le Républicain