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Recasement des commerçants déguerpis du domaine public : A LA QUETE D’UNE SOLUTION VIABLE

Si les premiers sites aménagés sont promis pour septembre prochain, d’autres mesures d’accompagnement annoncées au départ de l’opération de libération du domaine public n’ont pas suivi. Des commerçants concernés crient leur désespoir

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Il y a huit mois, ils étaient des milliers de jeunes à devoir abandonner leurs échoppes (petites boutiques) installées sur les voies publiques. L’opération d’embellissement de Bamako, à la veille du sommet Afrique-France avait accéléré la libération des voies publiques de ses occupants anarchiques.
Le programme était bien planifié. Artère après artère, marché après marché, quartier après quartier, il s’agissait de libérer le domaine public, de revivifier les aménagements urbains, de fluidifier la circulation et de rendre la capitale plus propre, plus coquette et mieux aérée.
Au regard de l’impact social de cette mesure, les autorités avaient invité les déguerpis à utiliser les espaces disponibles dans d’autres marchés, notamment les Halles de Bamako et avaient promis de construire de nouvelles boutiques et étals. Ces solutions de rechange, jugées insuffisantes voire irréalistes par les commerçants déguerpis, présageaient leur retour dans les zones déguerpies, non mises en valeur. C’est effectivement le cas. Aujourd’hui comme plus que jamais, Bamako reste jonchée de gravats et les espaces libérés ont été envahis par de nouveaux locateurs plus coriaces.

Seuls darsalam et sibiribougou amenagés. Les déguerpis croisent les bras en attendant que la promesse de construction de boutiques et magasins aboutisse. En effet, la mise place des mesures d’accompagnement du déguerpissement, plus qu’une nécessité, était fondamentale vu le nombre de personnes concernées. Il s’agit notamment de proposer des sites viabilisés pour reloger les différents commerces.
Il faut initier un véritable cadre de dialogue social entre autorités et victimes du déguerpissement parce que c’est une question de paix et de sécurité sociales. Il faut donc éviter de créer des frustrations sociales.
La CCIM, sous l’égide du ministère du Commerce avait, en collaboration avec les mairies des communes du District de Bamako, procédé à l’identification d’une quarantaine de sites susceptibles d’être aménagés pour accueillir des magasins et étals. D’autres mesures phares telles que la reconstruction du Marché rose de Bamako et la réhabilitation des Halles de Bamako avaient suscité beaucoup d’espoir.
Depuis juillet 2016, les choses ne bougent pas fondamentalement. Pour le président de la CCIM, Youssouf Bathily, une explication s’impose. Il rappelle « qu’à la suite des opérations de déguerpissement, une commission ad hoc mise en place, a été chargée de recenser les déguerpis, identifier les sites et définir les conditions du recasement.
Des sites avaient été identifiés. Il s’agissait entre autres, des bâtiments administratifs aux abords du Grand marché de Bamako. En outre, il avait été envisagé la reconstruction des marchés secondaires dans les différents quartiers, la réhabilitation des Halles de Bamako et l’érection de certains espaces publics en magasins et étals.
Malheureusement, la plupart des sites identifiés dans les marchés secondaires des quartiers sont vendus à des particuliers. Il en est de même pour certains bâtiments administratifs au centre ville », explique le patron de la CCIM.
Pour ce qui concerne le projet de rachat des Halles de Bamako, il semble être tombé dans les oubliettes. La BHM d’alors aurait proposé à la CCIM un prix modique. Et la reconstruction du Marché rose de Bamako est restée en état de projet au niveau de la maire du District de Bamako qui chercherait toujours un partenaire.
Pour la CCIM, les sites de Darsalam et Sibiribougou mis à disposition par les mairies des Communes III et IV, ont été aménagés. « Sur le site de Sibiribougou, nous avons construit plus de 350 boutiques et 140 étals. A Darsalam, nous avons réalisé 140 boutiques et 80 étals. Ces boutiques seront disponibles à partir du mois de septembre prochain. Nous attendons toujours la mise à notre disposition par le gouvernement des sites à construire pour recaser nos détaillants car il s’agit d’un maillon essentiel du commerce dans notre pays », indique-t-il.
Youssouf Bathily souligne que le plan de mandature développé par la CCIM comporte plusieurs investissements dans le domaine des équipements marchands. Les conventions qui ont été signées avec les mairies de la Commune III et IV constituent, le démarrage d’un partenariat gagnant-gagnant. Il espère que cela sera élargi à d’autres collectivités pour faciliter le recasement des déguerpis.

Le retour à la case de départ. Pour les déguerpis c’est le retour à la case de départ. En l’absence des éléments des forces de sécurité pour surveiller les espaces libérés, et face à la non viabilisation des zones, les anciens occupants ont signé le grand retour. C’est le cas des marchands qui squattent quotidiennement les voies d’accès du Grand marché de Bamako.
Moussa Sylla membre de l’association des déguerpis de Sogoniko est perplexe. « Sincèrement j’ai plus foi en mon pays. Nous avons été chassés ici comme des malpropres au nom de l’embellissement de la capitale. Aujourd’hui, c’est juste le désastre. Bamako est plus encombrée qu’elle ne l’a jamais été. Faite un tour au « Raildah», aux heures de pointes même une moto ne peut circuler à cause des marchands qui ont envahis littéralement toutes les voies. Sur les sites déguerpis, les gravats le disputent aux ordures », peste le commerçant. Selon lui, « les conséquences de cette opération sur le plan économique, social et moral, sont sans équivoque.
Le constat de Seydou Samaké déguerpis de Bamako-Coura est sans équivoque. « On a cassé nos kiosques ici, en nous promettant de nous recaser ailleurs mais depuis rien. Je suis allé aux Halles de Bamako mais il y a peu de magasins là-bas. Les rares magasins disponibles sont à l’étage et dans un état de dégradation très avancé. Ces magasins sont devenus des nids de bandits et même des chambres de passe », assure notre interlocuteur.
« Et la misère, le désespoir, la prostitution, l’ébranlement des couples et des familles, la montée de la criminalité et de la délinquance, des abandons de scolarité pour nos enfants font partie de notre quotidien. La situation a poussé certains de nos camarades à opter pour l’émigration, soutient le commerçant. De fait, il est urgent de mettre en œuvre et de façon efficace les mesures d’accompagnement prévues pour l’opération. Il s’agit entre autres d’accompagner la CCIM dans sa politique de viabilisation des sites de recasement pour reloger les différents commerces.
Car, nombreux sont ceux qui occupent à nouveau les espaces qu’ils avaient dû abandonner. Une fois que les équipes de déguerpissement ont tourné le dos, ils se sont réinstallés. Les endroits névralgiques de la capitale sont devenus encore plus encombrés qu’avant et le grand désordre s’y est installé. Bref, la situation donne l’impression d’un air de déjà vu.
D. DJIRé

 

Source: essor

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