L’opposant congolais en exil Moïse Katumbi auquel les autorités congolaises ont interdit d’atterrir à Lubumbashi (sud-est) a indiqué vendredi à l’AFP qu’il tentait de rentrer en République démocratique du Congo par la frontière zambienne malgré le risque de se faire arrêter.
Moïse Katumbi a affirmé à l’AFP qu’il était arrivé à Ndola, dans le nord de la Zambie, à 09H00 GMT et qu’il se dirigeait vers le poste-frontière de Kasumbalesa (RDC) par la route.
L’adversaire du président Joseph Kabila affirmait depuis lundi qu’il voulait rentrer en jet privé depuis Johannesburg pour présenter sa candidature à la présidentielle avant la date-butoir du 8 août.
Aucune photo ni aucune autre source sur place ne pouvait être consultée pour confirmer les allégations de M. Katumbi.
« Autorisation de survol et d’atterrissage refusée par Kinshasa! Nous décollons en direction de Ndola pour prendre la route de Lubumbashi », avait tweeté auparavant un porte-parole de M. Katumbi, Olivier Kamitatu.
Depuis Lubumbashi, l’état-major de sa plate-forme politique Ensemble voulait venir l’accueillir a Kasumbalesa, une cité située à 90 km du centre-ville de Lubumbashi.
Mais la route principale conduisant vers la Zambie est bloquée par un camion placé en travers de la voie juste avant le péage marquant la sortie de Lubumbashi, a constaté un journaliste de l’AFP.
Au moins deux barrages policiers filtraient vendredi matin l’accès à l’aéroport de Lubumbashi, a constaté l’AFP.
Aucun mouvement particulier n’était enregistré à l’aéroport.
La situation était calme à Lubumbashi où les magasins étaient ouverts et où des véhicules anti-émeutes sillonnaient la ville par intermittence.
Le porte-parole de la police n’était pas joignable pour confirmer que des gaz lacrymogènes ont été tirés pour disperser un rassemblement.
« Comme vous pouvez le voir, nous attendons le président (Katumbi) mais le pouvoir ne veut pas qu’il soit là », a déclaré à la presse le frère de M. Katumbi, Abraham Soriano, un des responsables politiques d’Ensemble.
La veille, le maire de Lubumbashi –nommé par le pouvoir– avait signifié aux pro-Katumbi le refus des autorités pour son retour.
Le parquet avait souligné, dans un communiqué, que M. Katumbi était « inculpé » pour « atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État » et qu’il serait « en état d’arrestation immédiate » en cas de retour.
Ex-proche du président Joseph Kabila passé à l’opposition en 2015, M. Katumbi a quitté la RDC en mai 2016 pour des raisons médicales et n’est pas rentré depuis.
Il avait annoncé son intention de rentrer en RDC vendredi matin via son ex-fief de Lubumbashi pour déposer sa candidature à la présidentielle du 23 décembre avant la date-butoir du 8 août.
En son absence, il a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière pour laquelle il a fait appel.
Il est également poursuivi pour recrutement de mercenaires présumé. Son procès a été renvoyé au 10 octobre.
« Des farces judiciaires », a déclaré récemment son avocat parisien Éric Dupond-Moretti, qui balaie aussi une troisième accusation (la nationalité italienne), estimant que « rien n’interdit qu’il rentre en RDC ».
AFP