Le comité Laïc de coordination, principal organe de contrôle de l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre, invite le peuple congolais à une marche pacifique le 25 février 2018. Cette marche sera la troisième depuis l’adoption de cet accord. Le Comité réclame juste que l’accord soit respecté dans ses principes et dans son application.
Le président Joseph Kabila a bouclé son deuxième mandat depuis décembre 2016 dans une situation peu stable pour mener des élections. Alors, il fallait organiser une transition chargée de la bonne organisation des élections prévues initialement pour le 23 décembre 2016 avant d’être repoussées à 2017. Cette date ne fut pas non plus retenue. Les Congolais attendent alors avril pour aller aux urnes.
Tous ces boycotts ont lieu pendant que M. Kabila est désigné comme président de la transition qui se devait de désigner parmi les membres du principal parti d’opposition congolais, le Rassemblement, son Premier ministre comme prévu par cet accord signé entre la majorité présidentielle et le parti d’opposition dénommé l’accord de la Saint-Sylvestre. Cet accord signé sous l’égide de la mission épiscopale congolaise avait pour unique objectif l’organisation d’élection libre, transparente et inclusive sur toute l’entendue du territoire congolais pour décembre 2017, un an après l’adoption de l’accord.
Cependant, les Congolais trouvent que cet accord n’est toujours pas respecté par le président Kabila qui ne réussit toujours pas à organiser les élections comme prévu par ledit document. Les Congolais voient dans cette attitude du président de la transition la volonté de s’éterniser au pouvoir voire d’y mourir comme son père en 2001. En tout cas, les faits le démontrent puisqu’il gouverne le pays de façon dictatoriale en privant le peuple de ses libertés fondamentales. Lors des marches pacifiques de décembre 2016 et décembre 2017 regroupant plus de 3 000 000 Congolais, le chef de l’État n’a trouvé d’autres réponses que la voix de la violence pour disperser les manifestants: « Comme seule réponse, le pouvoir a choisi une répression sanglante, affichant ainsi la persistance de son arrogance, de son mépris et de son insouciance. Bref, le refus catégorique de prendre en considération la revendication de toute une nation. » Comité Laïc de Coordination.
Kabila ne pouvant plus se représenter à sa propre succession pour le troisième mandat refuse de mettre en application l’accord de la Saint-Sylvestre et ne veut pas non plus être interpellé pour cette application. Cela constitue un moyen pour lui de s’éterniser au pouvoir. C’est ce que nous appelons de la dictature démocratique. En conséquence, les Congolais disent ne plus croire à la volonté de leurs dirigeants en ce qui concerne la bonne gestion de la période transitoire : « Notre peuple ne croit plus en la volonté politique des dirigeants actuels d’assurer une alternance pacifique du pouvoir. En effet, les nombreuses fenêtres d’opportunités offertes à nos dirigeants actuels tant par la communauté nationale qu’internationale ont été volontairement et systématiquement rejetées, réaffirmant ainsi leur volonté de se maintenir au pouvoir sans respect de toute procédure démocratique. », précise le Comité Laïc de Coordination. Cependant, ce Comité invite tous les Congolais à une grande marche le 25 février 2018 afin de forcer la main de leurs dirigeants au respect des principes établis.
Presque toutes les démocraties actuelles, en Afrique, traversent la même crise, le désir des dirigeants de s’éterniser au pouvoir. Aucun dirigeant ne veut céder le pouvoir pacifiquement. C’est la raison pour laquelle, à chaque fois que des élections s’annoncent dans un pays, tous les regards restent tournés vers ce dernier. Car nous savons que si le président sortant est candidat à sa propre succession, celui-ci refusera de reconnaitre son échec aux élections. En conséquence, le pays se retrouvera dans une situation chaotique avec des violences partout. Ces attitudes sont contraires à la démocratie. Il va falloir interdire aux présidents sortants de se représenter pour un autre mandat au-delà ce que prévoit la constitution ou d’assurer sa propre transition. Ce cas du Congo doit servir d’exemple aux autres pays.
Fousseni TOGOLA
Le Pays- Mali