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RD Congo: Kabila reste, au moins onze morts dans des violences

Des violences à Kinshasa et dans plusieurs grandes villes ont fait au moins onze morts mardi en République démocratique du Congo, où l’opposant historique Étienne Tshisekedi à appelé à « résister pacifiquement » contre le maintien du président Joseph Kabila, dont le mandat a désormais expiré.

Republique democratique Congo president joseph Kabila

Selon des sources officielles, neuf personnes ont été tuées dans la capitale et deux à Lubumbashi, la deuxième ville du pays. La Mission de l’ONU au Congo (Monusco) avait indiqué peu avant enquêter sur des informations crédibles faisant état d’une vingtaine de tués dans la capitale.

« A Kinshasa, il y a eu neuf morts », a affirmé à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende : « six pillards », et « un policier » en plus de deux passantes atteintes par des balles perdues.

Intronisé dans l’après-midi, le nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, a adressé « un appel au calme » à la population et exhorté les forces de l’ordre à la « retenue ».

Le 20 décembre marque la fin du mandat de M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter.

La présidentielle devant se tenir cette année n’a pas été organisée et M. Kabila, 45 ans, compte rester en poste jusqu’à l’élection d’un successeur, provoquant l’indignation de l’opposition et d’une partie de la population.

Par peur de violences, la plupart des 10 millions d’habitants de Kinshasa, troisième ville d’Afrique, vit cloîtrée depuis lundi.

Mardi, des groupes de jeunes ont brûlé des pneus ou monté des barricades dans plusieurs quartiers de la capitale, où policiers et militaires sont déployés en masse, comme dans toutes les grandes villes du pays.

De premières échauffourées avaient débuté peu après minuit, avec des coups de feu dans plusieurs quartiers de la capitale pour faire taire des concerts populaires de sifflets et casseroles en signe de protestation contre le pouvoir.

Dans la matinée, de nouveaux affrontements, notamment des tirs, ont été rapportés dans plusieurs quartiers, mais le calme est revenu progressivement dans l’après-midi.

La Monusco s’est également inquiétée d’une « vague d’arrestations » de 113 personnes depuis le 16 décembre.

– ‘Coup d’État’ –

A Lubumbashi (sud-est), fief de l’opposant en exil Moïse Katumbi, un manifestant et un policier ont été tués dans des affrontements ayant également blessé trois civils, selon le gouverneur local.

Dans le centre, l’attaque de la ville de Kananga par une milice contestant le pouvoir central a entraîné de violents combats. L’armée a parlé de morts « de part et d’autre » sans plus de précisions. En septembre, une centaine de personnes avait été tués dans des heurts entre ces miliciens et les soldats.

Sans lien apparent avec toutes ces violences à caractère politique, six personnes ont été tuées dans des affrontements entre Bantous et Pygmées au Tanganyika, province du Sud-Est où les heurts entre ces deux communautés sont récurrents, selon des sources concordantes.

Kisangani, grande ville du nord-est, Goma et Bukavu (est) ont été épargnées par les violences, selon les correspondants locaux de l’AFP.

Ravagée par deux guerres entre 1996 et 2003, la RDC – dont la partie est reste déchirée par la violence de nombreux conflits armés – est minée par une crise politique émaillée de violences depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011. La quasi-totalité des quelque 70 millions d’habitants de la RDC (dont deux tiers de moins de 25 ans) se débat dans la misère.

Alors que l’on attendait pour mercredi la reprise de négociations pour sortir de l’impasse M. Kabila a nommé lundi soir peu avant minuit un nouveau gouvernement sans attendre la fin de la médiation menée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).

Dans une vidéo sur YouTube – invisible en RDC où les réseaux sociaux sont filtrés depuis dimanche soir – M. Tshisekedi, 84 ans a appelé à « ne plus reconnaître l’autorité » de M. Kabila.

Il a exhorté les Congolais à « résister pacifiquement » au maintien au pouvoir de M. Kabila qu’il qualifie de « coup d’État ».

André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle, a dénoncé « une déclaration d’une confusion totale ».

Figure tutélaire de la coalition du « Rassemblement », M. Tshisekedi s’est dit favorable à la poursuite des négociations sous l’égide de la Cenco

Le nouveau cabinet dirigé par M. Badibanga, transfuge du parti de M. Tshisekedi, découle d’un accord conclu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l’opposition et renvoyant la présidentielle au plus tôt à avril 2018.

Le Rassemblement demande, lui, l’instauration d’une transition politique avec une présidentielle en 2017 et la garantie que M. Kabila ne se représentera pas.

« Une date pour l’élection doit être fixée le plus vite possible, dans l’intérêt de la paix civile », a déclaré le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault, estimant que « si rien ne se passe, l’UE devra reconsidérer le niveau de ses relations avec » la RDC.

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