Le parti du président de la République, est à la croisée des chemins pour ne pas dire au bord de l’implosion tant les cristallisations et les dissensions sont de plus en plus fortes entre la direction du parti et plusieurs cadres. Conséquence : il ne se passe plus une semaine sans que cette formation politique n’étale sur la place publique sa grande division, à travers des démissions aussi fracassantes que spectaculaire. La dernière en date est celle de l’ancien premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, un homme qui garde une image positive voire flatteuse.
Ainsi, après le départ de plusieurs députés, le Rassemblement pour le Mali (RP¨M) vient de subir un nouveau coup dur avec la démission de son vice-président, Abdoulaye Idrissa Maïga, ancien premier ministre. Dans un communiqué publié le 29 septembre 2018, il annonce : « Après l’épisode de l’élection présidentielle du 29 juillet, j’estime en âme et conscience venu le temps de réorienter mon action au service du Mali à hauteur de mon engagement et au regard des défis auxquels reste confronté notre pays depuis le 17 janvier 2012 », avant de conclure : « En conséquence, j’ai décidé de mettre formellement un terme à mon adhésion au RPM ». Il précise dans le communiqué sa volonté de servir autrement le Mali.
Abdoulaye I Maiga était un des membres historique du RPM, participant à la fondation du parti en 2000, directeur de campagne de IBK lors de la présidentielle de 2013. Il fut par la suite, tour à tour ministre de l’Environnement, ministre de l’administration territoriale, ministre de la Défense et enfin Premier ministre du Président IBK. Cette belle carrière a connu, contre toute attente, un coup d’arrêt en décembre 2017 avec la nomination de Soumeylou Boubeye Maïga à la tête du gouvernement. Abdoulaye Idrissa Maïga était alors sorti de scène sur une image positive voire flatteuse. Des sources proches de la campagne de IBK en 2013 affirment qu’en gestionnaire honnête, il aurait reversé des centaines de millions de reliquat à son mentor après l’élection. A l’issue d’une campagne victorieuse, où les vainqueurs salivent déjà à l’idée des milliards des marchés publics, d’autres que lui se seraient barrés avec le fond de caisse ou puisé suffisamment sans risque de se faire pincer.
De son passage à la tête des trois départements ministériels précités, ses collaborateurs dépeignent un gros bosseur, totalement dans ses dossiers mais un tantinet cassant, sanguin et même hautain mais tous s’accordent sur sa probité face aux deniers publics. « Avec lui, il ne bouffe pas, toi non plus” !
Voilà comment au pays de la prévarication et de la gabegie, la vertu se fait vice.
A la Primature, un collaborateur se souvient du tempérament rageur avec lequel il repoussait des parapheurs à chaque fois qu’un ministre voulait engager sa signature sur des marchés douteux. Cette source ajoute qu’au moment de son limogeage il battait un record d’impopularité au sein du gouvernement pour son intransigeance.
La même intransigeance qu’il mettra à refuser le retour de Bocary Treta au sein du gouvernement arguant que s’il n’y avait pas eu de suites judiciaires à l’affaire des tracteurs et des engrais frelatés, il restait à son camarade Treta de faire la preuve de son innocence sous peine de plomber l’image du gouvernement. Sa rivalité supposée avec SBM aurait fait le reste.
Faisant sienne la sentence qu’il « vaut mieux mourir avec ses idées que de vivre avec celles des autres », AIM n’a rien concédé sur ses convictions pour rester. Et si tous ces faits rapportés étaient authentiques, on comprend aisément son départ d’une formation politique où les premiers responsables sont abonnés aux scandales de corruption et autres surfacturations.
Depuis son départ de la Primature, M Maïga s’était muré dans un grand mutisme dans lequel, il n’était sorti que lors de la présentation de son livre intitulé le « silence de l’oubli », un ouvrage qui est un véritable plaidoyer pour les régions du Nord du Mali. L’auteur évoque ainsi dans le livre les différentes rebellions qui se sont déroulés dans le Nord mettant a péril l’équilibre qui existe entre les différentes communautés qui y cohabitent.
Ce départ de l’ancien PM démontre si besoin en était, le grand fossé entre la direction du parti et de nombreux responsables et des élus dont plusieurs ont déjà pris la décision de quitter le navire. Certains ont motivé leur départ par des divergences de points de vue avec les orientations du RPM ou par le non-respect des principes de fonctionnement du parti, la non valorisation des ressources humaines, la non application des décisions régulières des instances du parti, le financement opaque du parti et de ses activités, le manque de sincérité et de considération dans les relations interpersonnelles.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube