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Rapport National sur le Développement Humain 2023 du Mali : « L’inflation accélérée a eu des effets négatifs sur le pouvoir d’achat des ménages, la pauvreté, les inégalités et le DHD », dixit Colonel Asssa Badiallo Touré

La salle de presse du Centre International des Conférences de Bamako (CICB) a servi de cadre, hier, jeudi 16 mai 2024, au lancement officiel du Rapport National sur le Développement Humain (RNDH), par l’Observatoire du Développement Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LCP), avec l’appui technique et financier  du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), de l’édition 2023. Portant sur : «L’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages dans un contexte de crise multidimensionnelle au Mali, de 2017 à 2022», les travaux de lancement ont été présidés par le Ministre de la Santé et du Développement Social, Colonel Assa Badiallo Touré, en présence du représentant du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), Ademonkoun Rodolphe Missinhoun, etc. Le rapport traite de l’impact de la hausse des prix sur les ménages en termes de perte de pouvoir d’achat et de détérioration des conditions de vie  suite aux différentes crises que le pays a subies de 2017  à 2022 comme la crise du Covid-19, les sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa, en lien avec la pauvreté, les inégalités et le développement durable. «Les résultats obtenus montrent que la crise multidimensionnelle a eu un impact certain sur l’inflation et la situation économique et sociale du pays. L’inflation s’est accélérée, il y a eu des effets négatifs sur le pouvoir d’achat des ménages, la pauvreté, les inégalités et le DHD. Malgré tout, le gouvernement a pris une série de mesures pour juguler l’inflation en améliorant la situation socioéconomique du pays et en soulageant les populations de cette crise multidimensionnelle », a fait savoir le colonel Assa Badiallo Touré.

L’étude avait pour objectif général  d’évaluer l’impact de la hausse des prix des ménages  en termes de diminution du pouvoir d’achat et de détermination de condition de vie (accès aux services sociaux de base), suite à la crise multidimensionnelle que le pays subit depuis 2012, en lien avec la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le développement humain durable.

Il ressort du rapport  que la crise multidimensionnelle a eu un impact sur l’inflation et la situation économique et sociale du pays, comme en témoignent le renchérissement des prix des produits de première nécessité et la faible exécution, voire l’arrêt des projets/programmes du fait de l’arrêt ou la suspension du financement des PTF ; la situation économique et sociale du Mali avant et après 2020 a été marquée par des défis importants tels que l’insécurité et la crise politique ; les sanctions économiques imposées par la CEDEAO  (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), en réponse au coup d’Etat de 2020, ont eu un impact sur l’économie malienne en particulier sur les secteurs du commerce et du transport qui dépendent des échanges transfrontaliers. «De plus, la suspension des transactions financières a limité l’accès du pays aux financements extérieurs et aux investissements étrangers», a ajouté la conclusion de l’étude. Et d’ajouter que la crise a entrainé aussi une diminution des financements extérieurs en raison de la situation sécuritaire et politique ; qu’elle a eu un impact certain sur l’inflation et la situation économique et sociale du pays du fait : des entraves à la libre circulation des personnes et des biens, du gel des avoirs financiers du pays par les organismes communautaires et la faible exécution, voire l’arrêt des projets suite à l’arrêt du financement des PTF. L’étude a conclu aussi que sur une base moyenne, l’inflation, c’est-à-dire la hausse généralisée et durable des prix des biens et services est restée faible et oscillant entre –moins 3% et 3%  de main 2013 à Octobre 2021. Elle a augmenté, dit Ballo à 9,7% en 2022  (niveau jamais atteint depuis la crise financière de 2008 ou le niveau était à 9, 2%, après avoir progressé de 3,9% en 2021 et de 0,5% en 2020. L’augmentation observée en 2022, explique le DG de l’ODHD/LCP, un sommet en 28 ans, représente la hausse la plus forte depuis 1995 (+12, 5%). Il a poursuivi qu’une flambée des prix quasi généralisée a été constatée dans tous les secteurs. Une baisse du revenu réel des ménages, observée à partir de 2020, souligne Bouréma F Ballo, s’est intensifiée en 2022 (- 10, 8%). «Cette baisse était perceptible depuis 2019 avec une forte augmentation du taux d’inflation. Cela peut s’expliquer par l’avènement de la pandémie du COVID-19, la crise cotonnière, les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, l’insécurité et le conflit russo-ukrainien», a narré Ballo. Avant d’indiquer que l’insécurité a non seulement impacté certains bassins de production agricole, mais également le circuit de distribution, en particulier le transport au cours de ces trois dernières années. «A cela, il faut ajouter le boycott de la culture du coton qui a impacté la production du maïs», a ajouté le DG de l’ODHD/LCP. Au niveau de la production, appuie Bouréma F Ballo, la hausse du prix des céréales est imputable à la mauvaise campagne agricole de 2020, cumulée avec la perturbation du circuit d’approvisionnement en liaison avec la crise multidimensionnelle (socio-politique, sanitaire, sécuritaire). «Cette hausse des prix des céréales est imputable à la forte augmentation du prix du maïs (18,4%) par défaut de subvention des intrants agricoles et du riz (18,2%)», a fait savoir le DG Ballo. Fort de ces constats, conclu Ballo, il ressort nettement qu’à l’instar du reste du monde, la sous-région Ouest africaine, dont le Mali, est confrontée à l’impact du conflit russo-ukrainien, notamment la flambée des prix des denrées alimentaires et les perturbations des marchés des céréales et d’autres produits de base, y compris les engrais et les carburants. «Globalement, le plus grand risque vient de la hausse des prix mondiaux», a insisté Bouréma F Ballo.

Des recommandations au Gouvernement malien, instances régionales et sous régionales

A l’issue de l’étude, de fortes recommandations ont été adressées au Gouvernement malien, à la CEDEAO et à l’UEMOA et aux Partenaires techniques et financiers. Il a été demandé entre autres, d’assurer le retour à l’administration sur l’ensemble du territoire national, par le retour de la paix et de la sécurité dans toutes les régions touchées ; promouvoir une solution politique à la crise en s’engageant dans un dialogue inclusif pour trouver une solution pacifique durable ; d’assurer un suivi efficace des prix des produits subventionnés ; augmenter les taux d’intérêt des Banques centrales pour encourager l’épargne et d’encourager les dépenses et les emprunts ; de stimuler la production et l’efficacité des entreprises ; de renforcer l’implication des bénéficiaires dans la préparation et la mise en œuvre des projets. On note aussi que la CEDEAO et l’UEMOA appuient  les autorités maliennes dans l’amélioration significative de la gouvernance dans toutes ses composantes, pour une sortie durable de la crise et une amélioration réelle de la situation socio-économique de la population ; assurer la reprise d’un dialogue constructif avec la Cedeao, l’Uemoa et le Mali pour la levée effective de toutes les sanctions. « Ce qui profitera non seulement au peuple malien mais également aux autres pays de la sous-région, tous frappés par les effets des sanctions de l’embargo ».

Le Colonel Assa Badiallo Touré a indiqué que les résultats obtenus de l’étude montrent que la crise multidimensionnelle a eu un impact certain sur l’inflation et la situation économique et sociale du pays. «L’inflation s’est accélérée, il y a eu des effets négatifs sur le pouvoir d’achat des ménages, la pauvreté, les inégalités et le DHD. Malgré tout, le gouvernement a pris une série de mesures pour juguler l’inflation en améliorant la situation socioéconomique du pays et sen soulageant les populations de cette crise multidimensionnelle», a souligné le Ministre Touré. Fruit d’un processus inclusif et participatif, déclare le Ministre, le RNDH 2023 formule des recommandations pertinentes à l’attention du gouvernement malien et des instances régionales et sous régionales, en vue de préserver le pouvoir d’achat des populations en réduisant la pauvreté et les inégalité d’une part, et contribuer à une meilleure prise en charge des défis de DHD, de lutte contre la pauvreté, et des objectifs de Développement Durable  au Mali et ailleurs.

Le PNDU, rassure son représentant résident au Mali, réitère sa disponibilité à soutenir la mise en œuvre des diverses recommandations issues du rapport. Le PNUD reste aussi disponible, ajoute-t-il, à poursuivre la collaboration fructueuse avec l’ODHD en vue d’aider à la prise des décisions adéquates pour des meilleures interventions publiques.

Hadama B. FOFANA

 

Source : Le Républicain

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