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Rapport annuel 2019 de l’OCDE et de la FAO sur la situation alimentaire dans dix ans : « Les problèmes de surpoids et d’obésité prennent de l’ampleur dans plusieurs pays du monde »

Dans leur rapport annuel 2019, publié le lundi 8 juillet dernier, l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) font état des évolutions ainsi que des risques dans le secteur agricole durant les dix prochaines années. Ce rapport de 352 pages qui s’intitule « Les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2019-2028»  est composé de dix chapitres plus trois annexes, de tableaux et de graphiques. Cette nouvelle édition comporte un chapitre spécial sur l’Amérique latine et les Caraïbes.

 

L’augmentation démographique impactera durablement sur le marché céréalier dans les dix prochaines années. Les cultures céréalières seront plus consommées par les animaux que par les hommes. L’élevage prendra plus d’ampleur. C’est ce qui ressort de ce rapport annuel de l’OCDE et de la FAO.

« L’agriculture est devenue un secteur des plus contrastés dans le monde », ainsi débute ce rapport annuel. Plusieurs acteurs sont impliqués dans cette activité, des petites « exploitations de subsistance aux grandes multinationales ». Selon ce document, les agriculteurs ne sont plus que des « nourrisseurs » de l’humanité. Ils sont aussi les garants de l’environnement ainsi que des producteurs d’énergie renouvelable. « Pour pouvoir répondre aux fortes attentes de la société vis-à-vis de l’agriculture, les décideurs publics et privés doivent disposer d’informations fiables sur les tendances probables de la demande, de l’offre, des échanges et des prix dans le monde, ainsi que sur les facteurs qui les déterminent », lit-on dans ce document.

Des risques pèsent sur le secteur

Ce rapport est une véritable arme de précaution entre les mains des politiques puisqu’il présente non seulement « un scénario plausible d’évolution des marchés agricoles dans la décennie à venir », mais aussi fait état des risques qui pèseront sur ce secteur. Des prévisions qui pourront aider les dirigeants dans leur prise de décision en termes d’anticipation. Parmi les risques, le rapport relève notamment : la propagation des épizooties et des maladies de plantes, les phénomènes climatiques extrêmes, les perturbations des approvisionnements, etc. Des risques susceptibles de soulever des tensions commerciales, craint-on dans ce document.

Outre ces aspects, l’abondance de l’offre pendant plusieurs années a fait baisser les prix de plusieurs produits agricoles sur le marché international. Ce que craignent  la FAO et l’OCDE dans les prochaines années, c’est la stagnation ou la diminution des prix « par rapport à leur niveau actuel sur les dix prochaines années. » Comme explication à cette situation, il est indiqué que « la productivité continue de croître plus rapidement que la demande ».

L’augmentation démographique en question

La croissance de la population fera augmenter la demande des produits agricoles pour l’alimentation humaine, animalière voire pour une utilisation dans les industries. Sur le plan alimentaire, la grande partie des demandes viendra de l’Afrique Subsaharienne, de l’Inde, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La consommation de la viande augmentera sur le continent américain pendant qu’elle sera entravée en Afrique Subsaharienne à cause de la faiblesse des revenues. « Sous l’effet conjugué d’une alimentation trop riche en calories et déséquilibrée et d’une baisse de l’activité physique, les problèmes de surpoids et d’obésité prennent de l’ampleur dans plusieurs pays du monde. De nombreux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire sont touchés par le « triple fardeau » de la malnutrition, qui mêle surpoids et obésité, sous-alimentation et carence en micronutriments », lit-on dans ce rapport. Ainsi, la consommation des produits d’origine animalière augmentera. Ce qui fera croitre la taille des troupeaux.

Selon les prévisions de ce document, dans les dix années prochaines, les céréales seront plus consommées dans l’alimentation des animaux que celle des hommes. Les cultures fourragères notamment le maïs et le soja seront alors les plus pratiquées dans le monde. « L’augmentation de la production de céréales qui est anticipée s’explique essentiellement par une amélioration des rendements et par le fait que l’innovation technologique devrait mener à une intensification de la production », explique-t-on. Le taux d’émission de gaz à effet de serre par l’agriculture notamment à travers la culture du riz, l’usage des engrais de synthèse et l’élevage devra augmenter de 0,5% dans les dix années prochaines.

Dans l’avant-propos de ce document, Angel Gurria, secrétaire général de l’organisation pour le développement et co-opération économique ; et José Graziano da Silva, directeur général de l’organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture, précisent : « La demande de produits agricoles progressera de 15 % sur les dix années à venir. Les moyens mis en œuvre pour la satisfaire détermineront l’impact du secteur sur les ressources naturelles disponibles, en particulier sur les terres, l’eau et la biodiversité. L’augmentation
de la production alimentaire s’accompagne aussi d’une hausse des émissions de gaz à effet de serre, imputables pour près d’un quart à l’agriculture, à la foresterie et au changement d’affectation des terres.
» Or, indiquent-ils, l’agriculture permet à près de deux milliards de personnes de faire face à leurs besoins.

À la lumière de ce rapport, on se rend compte que les populations les plus démunies resteront en zone rurale et seront tributaires des activités agricoles. « Quelque 820 millions de personnes dans le monde sont encore touchées par la sous-nutrition, tandis que des millions d’autres souffrent d’autres formes de malnutrition, qu’il s’agisse de carences en micronutriments ou d’obésité, par exemple», déplorent l’OCDE et la FAO dans ce document, avant d’espérer qu’il permettra d’éliminer la faim, d’assurer la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir l’agriculture durable d’ici 2030.

F. TOGOLA

Le Pays

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