Si rien n’est fait pour réduire les inégalités, le monde pourrait faire face à des troubles et la paix pourrait être compromise
Le rapport du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) sur l’état de la population mondiale 2017 a été publié dans notre pays vendredi dernier. La cérémonie était présidée par le ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Adama Tiémoko Diarra, en présence de son collègue de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Traoré Oumou Touré et de plusieurs invités de marque.
Le rapport annuel sur l’état de la population mondiale produit par l’UNFPA a pour thème cette année : « Des mondes à part : Santé et droits en matière de reproduction à une époque marquée par les inégalités ». Il s’agit d’un document de 136 pages qui explique comment les écarts de richesse se sont creusés de façon disproportionnée. Il révèle malheureusement que des milliards de personnes restent bloquées au bas de l’échelle et surtout privées de leurs droits fondamentaux et sans espoir d’une vie meilleure.
Paradoxalement, en même temps, ceux qui sont au sommet de l’échelle voient leurs ressources et privilèges croitre à un rythme effréné. Ce qui fait que le monde s’éloigne, un peu plus chaque jour, de la vision d’égalité exprimée dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Il faut préciser que l’immense écart constaté entre les plus riches et les plus pauvres est non seulement injuste mais représente également un danger pour les économies, les communautés et les pays. En 2015, les Etats du monde, prenant conscience de ce risque, ont reconnu que la voie à suivre vers le développement durable, au cours des 15 prochaines années, devait reposer sur l’égalité, l’inclusion et l’exercice universel des droits. Véritable document de plaidoyer pour un monde juste, le rapport sur l’état de la population mondiale entend informer sur des questions émergentes, susciter l’intérêt et la réaction des gouvernements et autres acteurs pour la prise de décisions et mesures adaptées à la gestion de ces questions.
Le représentant adjoint de l’UNFPA dans notre pays, Cheick Mohamed Tidiane Mbengue, a repris à son compte une citation de l’ancien directeur exécutif de l’UNFA, feu Dr Babatundé Osotimehin : « Les inégalités forment un tout dont les disparités économiques ne sont qu’une facette ». Il voulait, par là, expliquer que nous vivons dans un monde où des disparités existent en matière d’accès à la santé, à l’éducation, à la justice, à un emploi décent et à un environnement sain. Ces inégalités, soutient-il, existent entre milieu urbain et milieu rural et au sein des communautés mais aussi entre hommes et femmes, riches et pauvres ainsi que filles et garçons.
M. Mbengue va plus loin en affirmant que, dans certains endroits du monde où sévissent des crises et conflits, ces disparités ont tendance à s’élargir malgré les efforts considérables des gouvernements et partenaires au développement. Fort heureusement, le présent rapport indique que des résultats encourageants ont été accomplis en matière de réduction des inégalités dans le monde en particulier dans les pays en développement. Il rapporte également à la lumière des tendances que l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) et la réalisation d’un monde plus juste restent tributaires du volume d’investissements en matière de santé, notamment de santé de la reproduction, maternelle, infantile et nutritionnelle.
Pour le représentant adjoint de l’UNFPA au Mali, l’amélioration de la santé de la reproduction et de la santé infantile peut être source d’une plus grande participation des femmes et des filles à la vie économique et à la réduction de la pauvreté. Bref, le rapport fournit des évidences et constitue un intéressant support pour les activités de plaidoyer en faveur de l’autonomisation des femmes, de la santé de la reproduction, de la santé de la mère et de l’enfant et de l’amélioration de la gouvernance dans ces secteurs ainsi que la promotion de l’éducation de la jeune fille.
Pour Adama Tiemoko Diarra, le lancement du rapport vise à attirer l’attention des décideurs et partenaires pour une meilleure prise en compte des besoins des femmes, adolescentes et jeunes filles dans les politiques et stratégies en général et dans les programmes de santé en particulier. Le ministre a rappelé que l’une des actions majeures pour faire face à la santé et le droit en matière de reproduction, est l’actualisation de la Politique nationale de population dont l’une des orientations est le renforcement de l’autonomisation économique des femmes et filles pour leur meilleure participation au développement socioéconomique de la nation.
Le ministre en charge de l’Aménagement du Territoire a aussi lancé un appel aux partenaires pour une harmonisation des interventions dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, de l‘éducation de la jeune fille tout en incluant la santé de la reproduction. Le rapport propose plusieurs actions à mettre en œuvre pour un monde plus juste. Il s’agit notamment du respect des engagements et l’élimination de toutes les barrières institutionnelles et traditionnelles pour favoriser l’accès des adolescentes et jeunes femmes aux services de la santé de la reproduction. Il faut aussi et surtout une réponse innovante et durable aux besoins non satisfaits, en matière de planification familiale et l’adoption de politiques progressives visant l’accélération de la croissance des revenus des populations, les plus pauvres. Un des temps forts aura été aussi la remise de véhicules au ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Population par l’UNFPA.
Mariam A. TRAORÉ
Source: Essor