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Rapport 2014 du vérificateur général : Les cartes Nina qui font polémique

Dans son rapport 2014, le Bureau du vérificateur général (BVG) indique avoir initié la vérification des opérations de passation, d’exécution et de règlement du marché n°0094/DGMP-DSP/2013 relatif à la fourniture de cartes de numéro d’identification nationale (Nina). Au final, il eut plus de désagréments à l’Etat, constituant de véritables coupes sombres dans le budget national.

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Le BVG affirme avoir constaté que le directeur financier et du matériel (DFM) du ministère chargé de l’administration territoriale a commis des manquements aux règles de passation des marchés publics pour avoir commandé 8 millions de cartes Nina sans avoir déterminé avec précision les besoins. Cette violation du code des marchés publics aurait occasionné un surplus de 895 156 cartes Nina par rapport aux électeurs inscrits dans les données du Recensement administratif à vocation d’état-civil (Ravec) et Fichier électoral consensuel (FEC). Le BVG recommande donc au DFM fautif de déterminer les besoins en cartes Nina sur la base d’informations fiables avant le lancement des marchés.
Le BVG est dans son rôle même si c’est trop souvent ses recommandations ne sont pas prises en compte par les nombreuses institutions qu’il dérange. Et l’histoire aurait pu s’arrêter là si des esprits chagrins et querelleurs ne s’étaient pas saisis de cette surévaluation pour la monter en épingle et en déduire des scénarii des plus fantaisistes. Ainsi, ce sont ces 895 156 cartes Nina qui auraient permis à Ibrahim Boubacar Kéita de battre à plate couture Soumaïla Cissé, l’actuel chef de l’opposition, et Dramane Dembélé, présentement le plus grand allié politique du parti présidentiel. Mais la question qui vient à l’esprit de n’importe quelle personne sensée et rationnelle est de savoir comment cela est possible. Le FEC et le Ravec sur la base desquels le BVG a effectué ses vérifications étaient consultables, avant, pendant et après la présidentielle, par tous les candidats à ce scrutin. En outre, ces derniers étaient représentés dans les commissions administratives d’établissement des listes électorales et de distribution des cartes Nina établies sur la base du FEC et du Ravec, dont les opérations ont commencé quand c’est Amadou Toumani Touré qui était président de la République, c’est-à-dire bien avant l’arrivée de la junte militaire puis de Dioncounda Traoré aux affaires. Il est donc étonnant que les représentants des candidats malheureux n’aient rien vu. Par ailleurs, normalement en cas de vote, une carte Nina est égale à une voix. Il est vrai que les partis politiques maliens utilisent l’aide publique que l’Etat leur donne pour apprendre aux électeurs à tricher et à frauder lors des différents scrutins. Et sur ce plan, même si c’est l’Adema qui est réputé le plus fort, tous les partis s’y adonnent à cœur joie. Curieux alors que personne n’ait rien dit.
Il faut donc se rendre à l’évidence, le surplus de cartes Nina n’a, jusqu’à une vraie preuve du contraire, fait l’objet d’aucun usage frauduleux. C’est maintenant que les perdants veulent en faire l’objet d’un calcul démentiel selon lequel ils seraient les véritables finalistes de la présidentielle de 2013.
Mais cette thèse, même en ce moment où le président Kéita connait une chute de popularité, aurait beaucoup de mal à passer. Les Maliens n’ont pas la mémoire aussi courte et 2013 n’est pas si loin. Pour qui connait l’histoire de ce pays, en 2013, le RPM n’avait pas besoin de tricher et de frauder plus que les autres pour faire élire son président. Lequel était le seul responsable politique de l’époque à avoir échappé à la disgrâce dans laquelle était tombée la classe politique, à incarner les valeurs d’homme d’Etat, d’honneur et de dignité que les Maliens attendaient de ses dirigeants. Ibrahim Boubacar Kéita, en 2013, passait aux yeux de l’opinion publique nationale pour l’homme qu’il fallait à un pays en proie à une crise politique, institutionnelle et sécuritaire. L’homme qu’il fallait à un pays qui avait besoin de se redresser. En 2013, les Maliens se sont rappelé qu’Ibrahim Boubacar Kéita a accepté, en 2000, d’être viré de son parti à la tête d’un pays gangréné par la corruption et toutes les autres formes de délinquance financière. Le peuple l’avait choisi bien avant le vote et les amis occidentaux des perdants le savaient. Raison pour laquelle, ils n’ont pas trop appuyé la candidature de leurs propres candidats. Tout le monde connaissait les favoris de la France et de certains pays de la sous-région. IBK n’en faisait pas partie mais les amis des vaincus ont été obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur en acceptant l’expression de la volonté populaire, tout en se promettant de le faire payer chèrement, plus tard, à un homme dont ils ne voulaient pas. Aujourd’hui, le président fait l’objet de toutes sortes de cabales de la part de ses adversaires politiques qui n’hésitent pas à s’allier au Diable et à tomber si bassement dans des calculs démentiels pour jeter le discrédit sur le choix du peuple. Ce peuple s’est peut-être trompé en élisant IBK, mais il l’a fait en toute souveraineté sans l’aide de cartes Nina frauduleuses.
Cheick TANDINA

 Source: Le Prétoire
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