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Raid près d’Abeibara-Kidal : Une grosse bavure de Barkhane

Le raid mené près d’Abeibara qui a coûté la vie aux militaires maliens aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, est une grosse bavure de l’opération française Barkhane.

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Après une semaine de guerre de déclarations, la lumière commence à se faire sur l’opération menée dans la nuit du 23 au 24 octobre 2017 par l’opération française Barkhane vers Abeibara dans la région de Kidal. Les victimes de cette opération présentée par l’état-major de l’armée française comme des membres d’Ansar-dine, affilés à Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) ne sont pas tous des combattants islamistes.

En dépit des dénégations des responsables de Barkhane et de l’armée française, “Le Challenger” est aujourd’hui en mesure de confirmer que cette opération qui a mobilisé d’importants moyens aériens et terrestres a coûté la vie aux soldats maliens aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jama’ah Nusrat Al-Islam wal-muslimin, JNIM) d’Iyad Ag Aghaly. Les corps ont été formellement identifiés comme ceux des militaires pris en otage par le groupe islamiste lors de ses différentes attaques contre les positions de l’armée malienne.

L’un des geôliers des otages, aussi tué, a été identifié comme étant un sergent chef déserteur de la garde nationale (promotion 2006), devenu un lieutenant du chef islamiste Iyad Ag Aghaly.

Pour mieux enfoncer l’armée française, le groupe « Jama’ah Nusrat Al-Islam wal-muslimin » a diffusé le 30 octobre dernier un communiqué dans lequel il dénonce les “mensonges des français”. « En réponse aux mensonges français, nous sommes prêts à fournir les corps afin de prouver leur identité », précise le communiqué du groupe qui appelle à la désignation d’une « instance neutre » pour autopsier les corps des victimes.

Des excuses attendues de la France, la vérité du gouvernement malien 

Face à la vérité, la situation devient intenable pour les français. Dans un article daté du 3 novembre du quotidien Le Monde, le porte-parole de l’état major de l’armée française, le Colonel Patrick Steiger, après une longue littérature sur la propagande de l’ennemi et la guerre de l’information, lâche : « …A présent, c’est aux autorités maliennes, avec qui nous sommes en étroite collaboration bien sûr, de déterminer l’identité des personnes exécutées ou arrêtées. » Dans une déclaration faite le 2 novembre dernier, le porte-parole du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères abonde dans le même sens et soutient que l’opération de Barkhane « a permis de mettre hors de combat 15 membres d’un groupe dépendant d’Ansar Eddine ».  Plus tard, il lance : « Les autorités maliennes poursuivent leur travail d’identification des terroristes neutralisés. Nous coopérons étroitement avec elles. »

Ces propos sont faciles à décoder. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une grosse bavure de l’armée française qui suscite des interrogations. Pourquoi la France a-t-elle pris le risque de bombarder cet endroit ? L’ancienne puissance coloniale aurait-elle agi de la même manière si c’était des militaires ou citoyens français aux mains des islamistes ? Pourquoi n’a-t-elle pas bombardé les positions de ses otages pendant et après l’opération Serval ? Quelle serait la réaction de la France si c’était l’armée malienne qui avait tué des soldats français ?

Le peuple malien attend des autorités françaises d’une part, une reconnaissance de cette grosse bavure et d’autre part, des excuses  publiques. Le gouvernement du Mali, à travers le ministère de la défense, doit sortir de son silence pour éclairer le peuple et informer les familles afin qu’elles puissent faire le deuil de leurs parents dans des conditions dignes de leurs sacrifices consentis pour la défense de la patrie. Il ne suffit pas simplement de recevoir en audience l’ambassadrice de France au Mali accompagnée du chef de Barkhane.

La stratégie du silence dans ce genre de situation peut avoir des conséquences fâcheuses au sein de l’opinion dont une partie se montre de plus en plus hostile aux agissements de la France au nord du Mali.

Chiaka Doumbia

Le Challenger

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