LES AFRICAINS VICTIMES DE RACISME EN UKRAINE
Quid des 50 Maliens qui sont sur place ?
Depuis le début de l’intervention militaire russe en Ukraine, de nombreux pays africains tentent d’aider leurs ressortissants à quitter les lieux. Mais problème : les Africains ont toutes les peines du monde à accéder aux pays frontaliers de l’Ukraine. La faute à une discrimination pratiquée au grand jour par les pays d’accueil. Cette situation préoccupante a incité l’Union Africaine à faire une déclaration le lundi 28 mars 2022. Les autorités maliennes, quant à elles, affirment tout mettre en œuvre pour assurer « les conditions de survie » des 50 Maliens bloqués sur place.
Parmi les centaines de milliers de personnes qui tentent de fuir l’Ukraine vers les pays voisins comme la Pologne, figurent de nombreux ressortissants africains. Ces africains qui tentent de s’échapper depuis quelques jours, abondent les réseaux sociaux de vidéos ou photos dénonçant la maltraitance et le racisme. En guise de soutien, de nombreux pays africains tels que le Nigéria et l’Afrique du Sud ont donc procédé à une tentative d’évacuation de leurs ressortissants de l’Ukraine.
Interviewé sur les antennes de France 24, Husseini Sidibé, président national des ivoiriens de l’Ukraine, a confirmé la réalité des faits. « Nous sommes repoussés et bloqués au niveau des frontières en tant qu’Africains », a-t-il déploré. Intervenant sur le même sujet, l’ambassadeur du Gabon aux Nations-Unis a regretté que « les étudiants africains, en fuyant la guerre, se heurtent à des discriminations et au racisme ». Selon lui, cette situation que vivent les africains est inacceptable. C’est dans ce sens qu’il a demandé au respect de la dignité et a un traitement équitable de toutes les personnes en détresse.
Pour sa part, l’UA a répondu aux différentes demandes d’aides en faisant une déclaration le 28 février 2021. Dans ladite déclaration, l’organisation continentale s’est dite « particulièrement préoccupée par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité ». Aussi, le chef d’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’UA, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, ont rappelé que les traitements différents à l’égard des Africains seraient inacceptables, choquants et racistes, et violeraient le droit international. « Nous exhortons tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre », ont-ils lancé en guise de cri de cœur.
Du côté des autorités maliennes, une intervention médiatique d’Alhamdou Ag Ilyène, le ministre des Maliens Etablis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, a fait état d’efforts importants pour assurer les conditions de survie des « 50 Maliens » coincés là-bas. Le ministre a dit avoir demandé aux 50 « de ne pas sortir ». Mais, avec la pluie incessante de bombes qui déferlent sur les villes ukrainiennes, ce discours est-il vraiment rassurant ? Surtout quand on sait que l’étau russe se resserre sur toutes les villes d’Ukraine et que le déluge de feux qui s’intensifie touche de plus en plus des zones civiles. En attendant, on ne peut que prier pour le sort de nos compatriotes qui se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment.
Siguéta Salimata DEMBELE
Source: Journal les Échos- Mali