Lorsqu’un pays est en guerre et que le ministre de la défense est absent, il y a généralement quelque chose qui cloche. C’est actuellement le cas en Russie, où des rumeurs indiquent que Sergueï Choïgou souffre de problèmes cardiaques. Le fait est que le meilleur ami de Poutine avait peu de chances de lui succéder, comme on l’écrit souvent. Le portrait d’un homme qui est simplement né au mauvais endroit.
Depuis l’invasion russe en Ukraine, les amis du président russe Vladimir Poutine sont sous pression. Il y a peu de personnes avec lesquels il est aussi proche que son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Proche dans le sens où l’on va pêcher ensemble, se promener dans les bois et aussi se rendre visite à la maison.
Choïgou faisait déjà partie du gouvernement russe lorsque Poutine était encore un fonctionnaire de la ville de Saint-Pétersbourg. Il a également été le premier homme politique russe à être autant présent dans les médias russes dès qu’il le pouvait. Il est donc d’autant plus étrange qu’il n’apparaisse plus à l’écran depuis plusieurs jours.
Comme le maréchal de Staline
Sergueï Choïgou est devenu ministre de la Défense en 2012. Bien que lui-même n’ait jamais servi dans l’armée, il a reçu le grade de général à cette occasion. C’est peut-être parce qu’il n’a pas été élevé dans ce milieu qu’il est particulièrement attaché à l’uniforme. L’histoire raconte qu’au cours de sa première semaine, il a envoyé un officier supérieur en Sibérie parce qu’il s’était présenté à l’état-major général en civil. C’était normal à l’époque, mais pas depuis Choïgou. En 2017, d’ailleurs, il a changé d’uniforme. Il ressemblait à l’uniforme porté par les Soviétiques en 1945, qui est toujours appelé l’uniforme du vainqueur. Lui-même ressemblait un peu à Gueorgui Joukov, le légendaire maréchal de Joseph Stalin.
Joukov est tombé en disgrâce auprès de Staline car il est devenu trop populaire et donc trop menaçant. La même chose pourrait-elle arriver à Choïgou? Il est souvent mentionné comme un successeur potentiel de Poutine. Mais rien n’est moins vrai. Les experts russes disent qu’il a pu prospérer aux côtés de Poutine pendant si longtemps précisément parce qu’il n’est pas un concurrent. Choïgou est originaire de Tuva, une république autonome de la Fédération de Russie qui borde la Mongolie. La population indigène est bouddhiste tibétaine et est considérée par les nationalistes russes comme “arriérée” et donc négligeable. Il est donc totalement impossible qu’un Tuvan de souche devienne le chef de l’État russe en ces temps de nationalisme.
Palais de seize millions
Le fait que Choïgou ne soit pas apparu en public depuis près de deux semaines et qu’aucune déclaration de sa part n’ait été diffusée serait lié à sa santé. “Il souffre de problèmes cardiaques”, a confié une source gouvernementale au site d’information “Agentstvo” (Agence en russe). Il s’agit d’un nom relativement nouveau dans les médias russes critiques à l’égard du régime, mais qui fait autorité. Le site web s’appelait autrefois “Proekt” (qui signifie “projet”) et a été récompensé par des prix internationaux. Mais en août dernier, les autorités russes ont fermé “Proekt”, le tout premier média, en tant qu’”organisation indésirable” dirigée par des “agents étrangers”.
Il y a peu de temps encore, Choïgou était salué partout comme l’homme qui avait modernisé ses forces armées et rendu une organisation médiocre à nouveau opérationnelle. Mais entre-temps, nous apprenons qu’il a détourné à d’autres fins une grande partie des milliards que Poutine avait dépensés à cet effet. Dans un palais de style oriental à l’ouest de Moscou, par exemple, qui, selon l’organisation du dissident emprisonné Alexeï Navalny, a coûté plus de 16 millions d’euros et serait au nom de sa plus jeune fille Ksenia.
Source : 7sur7.be