Ses adversaires, principalement les six responsables locaux de Bamako, ont égrené un long chapelet de réprobations enchâssées dans une déclaration justifiant sa destitution de son poste de coordinateur général.
La Coordination des mouvements et associations de soutien à Mahmoud Dicko (CMAS) a ressemblé à un château proche où s’est instruit un procès en destitution contre le leader qui n’a jamais été cité à comparaître. Sous la plume alerte des six responsables locaux du district de Bamako, à faire surgir le grain des choses sous la paille des mots, les actes d’Issa Kaou Djim ont annulé ses paroles et ses paroles ont annulé ses actes. Tant le réquisitoire accablant ne lui a attribué aucun mérite. Plus explicite, l’avalanche des récriminations distillées au compte-gouttes a tenté de prouver avec plus ou moins de succès qu’il a tiré l’organisation par le bas, à coups d’ « agissements incongrus, maladresses et désintérêts à ciel ouvert vis-à-vis de l’imam Mahmoud Dicko », de «violation du préambule du statut et règlement intérieur» en parrainant et en faisant la promotion d’une plate-forme concurrente dont ses adversaires se sont bien gardés de mentionner le nom. En outre, le mis en cause, est fortement soupçonné de poursuivre des desseins inavoués en scellant « des nouvelles alliances malencontreuses, incompréhensibles et revanchardes » qui ont achevé de convaincre ses camarades de son « incapacité et l’irresponsabilité » dont une des manifestations concrètes serait son inertie face « aux démissions en cascades » enregistrées au sein des instances de base ces derniers temps ». Lesquelles démissions seraient aussi imputables à des traits de caractère, notamment « son manque de courtoisie, ses déclarations improvisées et incessantes » dont certaines sont de nature à discréditer l’organisation.
« Nous lui reprochons la gestion clanique, son manque de restitution des décisions au sein du M5 RFP et on ignore comment il a été nommé membre du Conseil national de transition (CNT) ».
En froid avec Mahmoud Dicko
Issa Kaou Djim est désormais sur des charbons ardents. Va-t-il baisser ses lances devant les canons de ses adversaires qui ont tonné ? Ou envisagera-t-il de se fendre devant la justice ? Bien malin qui saurait le prédire! Imprévisible jusqu’au bout des ongles, Issa Kaou Djim a tellement varié dans le sillon qu’il s’est tracé qu’il est devenu méconnaissable. Ses récentes sorties médiatiques avaient laissé perplexe les observateurs. Tenez ! Tantôt favorable à l’opération de démolition des habitations construites sur l’emprise de la zone aéroportuaire, tantôt incitant les victimes à se pourvoir devant les juridictions. On peut multiplier à l’envie des exemples de ce type. Cet activisme brouillon a entraîné une perte de lisibilité du mouvement se traduisant par des vagues de départs.
Issa Kaou Djim peut-il espérer une bouée de sauvetage de son mentor Mahmoud Dicko ? Les deux hommes sont en froid. Ensuite, les signataires de la déclaration n’allaient pas bouger le petit doigt s’ils n’avaient pas implicitement ou explicitement son soutien.
L’imam avait lancé le mouvement en dénonçant la «gouvernance catastrophique » et « une corruption à ciel ouvert » lors d’un rassemblement considéré comme manifestant les visées politiques de ce tenant d’un islam rigoriste. Président jusqu’en avril du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko a entretenu des relations aigres-douces avec le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Natif de Tombouctou et formé notamment en Arabie Saoudite, il s’est engagé dans des efforts de médiation en faveur de la résolution la crise du Septentrion malien tombé aux mains des djihadistes en 2012 et s’était illustré par la fronde contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga qui a fini par jeter l’éponge le 18 avril.
Georges François Traoré
Source : Journal L’Informateur- Mali