On dit une chose on fait une autre, et on implore la confiance des autres.
1- On avait dit qu’on ne négocierait pas avec des groupes armés sur notre territoire, qui menacent par leur existence même l’intégrité et l’indépendance de notre Etat. Ils devaient déposer les armes avant toute négociation. N’est-ce pas le gage de bonne foi de toute négociation devant aboutir à la conservation de notre Etat dans ses fondements ? Peut-on attendre autre chose de la part de celui qui a été investi de cette mission ?
Pourquoi donc, est-on maintenant en train de les inviter à la table pendant qu’ils cherchent encore à renforcer leurs armures ? Ya-t-il de l’honneur à dépêcher une délégation de notre Etat auprès de leur chef spirituel, qui se permet ensuite l’audace de nous faire attendre l’issue d’un Congrès qu’ils veulent organiser et qu’ils vont sans doute instrumentaliser pour donner un air de légitimité à leur rébellion ? Pardon pour l’expression « rébellion », car le nouveau Haut Représentant du Chef de l’Etat pour les négociations inclusives a dit sur les antennes de RFI, que le mot « rebelles » le dérange quand on l’accole aux groupes armés. Ce sont des maliens, dit-il. Mais, maliens rebelles, cela vous dit-il quelque chose ? Et maliens voleurs ? Et maliens criminels ? Cela n’existe-il pas ?
2- On avait dit que la lutte contre la corruption serait implacable, sans complaisance, rigoureuse, fondée sur un seul principe : tolérance zéro.
On avait reproché à l’ancien Chef d’Etat, son laxisme et d’avoir encouragé le vol en déclarant publiquement qu’il ne voulait pas humilier les chefs de familles qui se livraient à cœur joie à cet ignoble besogne.
Pourquoi donc, se permet-on maintenant de déclarer publiquement à son tour, en plus au nom de l’Islam, que si on ne garde pas le secret de certains vols, beaucoup vont fuir ? (Réf. discours du Président de la République devant le congrès du HCIM et devant la communauté malienne du Maroc).
Y a-t-il une différence, en toute vérité, entre ces deux déclarations de pêche d’allégeances (pêche d’allégeances parce que ces déclarations n’ont d’autres finalités que de gagner la soumission de ceux qui font l’objet de ces enquêtes) ? Celle de ATT et celle de IBK ?
Je ne suis pas de l’Opposition à ce pouvoir, j’ai contribué à son choix, vous n’aurez qu’à demander aux dakarois à propos du Club des Volontaires Mali-IBK 2013, toujours visible sur Facebook.
Ma déception est grande…davantage rester coi, je ne saurais faire.
3- Sur un tout autre plan, celui du mérite où on avait promis de fonder tous les choix de personne. Le mérite, la compétence, la probité, le trinôme de la politique des ressources humaines pendant sa campagne et qui a redonné espoir au peuple en un avenir meilleur.
Pourquoi donc, maintenant, dit-on implicitement que la promotion et la nomination aux hautes fonctions de l’Etat sont liées aux expériences de militant derrière la personne du Chef ou aux stratégies politiciennes de maîtrise de l’adversaire (Réf. discours du Président à la communauté malienne du Maroc lorsqu’il évoqua les raisons de la démission de Oumar Tatam Ly).
4- On avait dit que l’exemple viendrait d’en haut. Pourtant, on a horreur du débat.
On rencontre les maliens de l’intérieur et de l’extérieur pour leur réciter ses vérités, sans jamais leur donner la parole pour un échange direct et fructueux (il ne s’agit pas de le donner à leurs représentants mais et surtout à eux-mêmes). Aussi court soit-il, un temps d’échange direct entre le gouverneur et le gouverné est d’or. Rencontrer n’est point venir discourir et partir.
Quels mauvais exemples en si peu de temps ! Regrettable, je ne vous le ferai pas dire. Mais, les sages vous diront que c’est une chance que ces failles fassent surface au début du parcours, car beaucoup de temps à venir beaucoup de temps à bénir, pour se raviser, se réformer, rectifier et progresser.
A l’origine de beaucoup de nos insuffisances, faisons attention à l’excès de confiance. Acceptons d’être des hommes, il ne suffit pas de le dire…
Mahamadou KONATE