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Que sont-ils devenus ? Youssouf Diallo, monsieur l’instructeur

Ancien athlète sacré plusieurs fois champion du Mali des 1500, 3000, 5000 et 10.000 mètres, Youssouf Diallo a troqué son maillot d’athlète contre celui d’instructeur physique. Et depuis plusieurs années, il est l’instructeur principal des arbitres maliens. Retour sur la carrière de celui qui a collectionné la bagatelle de 24 trophées
sur les pistes d’athlétisme au Mali et sur l’échiquier continental

«Malgré les problèmes que le football malien a connus, les arbitres sont restés prêts pour les compétitions. Quand j’ai vu de loin les arbitres maliens sur le terrain, je pensais que c’étaient des commandos. Cela est à mettre à l’actif des instructeurs locaux qui doivent être remerciés». Ces propos sont signés de l’officier de développement de l’arbitrage pour l’Afrique francophone, le Rwandais Athanase Nkubito, qui a rendu un vibrant hommage aux arbitres maliens lors de la cérémonie de clôture des Cours MA (membres associés) pour arbitres et arbitres assistants et assesseurs, que notre pays a abrités du 27 au 30 novembre dernier. Par la même occasion, Athanase Nkubito a félicité les instructeurs maliens dont le travail consiste à encadrer les arbitres. Il y a deux catégories d’instructeurs : les instructeurs techniques et les instructeurs physiques. L’homme dont il est question aujourd’hui, Youssouf Diallo fait partie de la deuxième catégorie. Il est instructeur principal du Mali, c’est-à-dire préparateur physique des arbitres. Comment s’est-il retrouvé instructeur des arbitres, alors qu’il a passé une bonne partie de sa carrière sportive sur les pistes d’athlétisme (1990-2006) et a été plusieurs fois champion du Mali du 1500, 3000, 50000 et 10.000m ?
Tout a commencé pour Youssouf Diallo en 2008 quand il devint entraîneur des athlètes, après sa retraite. «à un moment donné, les arbitres étaient en difficulté par rapport à leur entraînement. Ils m’ont fait appel et j’ai apporté mon concours en les aidant. J’étais entraîneur d’athlétisme (niveau IV, ndlr)», raconte Yousouf Diallo. Dans la foulée, l’ancien athlète participe à une formation de préparateurs physiques des arbitres qui se déroule en Côte d’Ivoire, sous l’égide de la FIFA. «Ensuite, la FIFA a jugé nécessaire d’appeler les préparateurs physiques des arbitres présélectionnés pour la Coupe du monde. J’étais le préparateur physique de Koman Coulibaly qui avait été retenu pour trois Coupes du monde : cadet, junior, senior. J’ai fait une formation en Suisse avec d’autres préparateurs dans la perspective de ces trois échéances. Après, chaque préparateur physique a suivi son arbitre et Dieu a fait que Koman a réussi au test et participé à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Nous avons donc gagné le pari ensemble et c’était une grande opportunité pour moi d’embrasser une nouvelle carrière», explique Youssouf Diallo.

Diplômé de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) et ancien capitaine de la sélection nationale d’athlétisme, Youssouf Diallo avait, auparavant, effectué des stages d’arbitre de football et obtenu le statut d’arbitre inter-ligue. «Le fait d’être arbitre m’a donné beaucoup d’idées et facilité mon travail de préparateur physique», souligne notre interlocuteur qui a également effectué des stages à l’extérieur, notamment à la faculté de la science du sport de l’université de Leipzig (Allemagne) et en Afrique du Sud. S’y ajoutent les cours Futuro de la FIFA qui sont organisés chaque année par l’instance dirigeante du football mondial.
Quel est le travail d’un instructeur physique ? «Le travail d’un instructeur physique consiste à élaborer le programme d’entraînement des arbitres», répond Youssouf Diallo, avant de revenir sur son propre cas. «Je m’entraîne six jours sur sept avec les arbitres, sauf s’il y a des matches. à Bamako, il existe trois grands sites d’entraînement des arbitres : le stade Modibo Keïta, le stade du 26 Mars et le stade de Torokorobougou. J’ai des antennes dans les régions et chaque semaine, j’envoie le programme de préparation aux responsables des arbitres. Il arrive aussi que je me déplace pour superviser le travail des instructeurs. On fait aussi des tests intermédiaires à tout moment», précise celui qui est également inspecteur pédagogique en sport à l’inspection générale de l’enseignement secondaire.

-SIX SÉANCES D’ENTRAîNEMENT PAR SEMAINE- Les séances d’entraînement avec les arbitres sont axées sur les exercices intégrés, communément appelés la préparation des matches. L’arbitre et les arbitres assistants évoluent ensemble, en faisant une stimulation de match. Dans l’exercice intégré, il y a le travail aux abords de la surface de réparation, les contre-attaques, le travail sur la ligne de touche. «Tout doit être fait de façon collégiale entre les arbitres et arbitres assistants pour que l’automatisme puisse se créer et limiter les erreurs dans un match. L’exercice intégré englobe la technique et le physique. Par exemple, un arbitre ne peut pas siffler un penalty, en étant au milieu de terrain. Il doit avoir du répondant pour être près des actions et surtout dans la zone à incidents (surface de réparation, ndlr)», détaille Youssouf Diallo.
«Après chaque journée de championnat, nous commençons la semaine par la récupération. Au cours de cette séance, nous travaillons sur les distances comprises entre 50 à 55 mètres. Les arbitres doivent courir les 50 mètres en 15 secondes et récupérer en 15 secondes. On fait ce travail en 24 minutes. Après, on fait cinq minutes de récupération avant de passer au gainage, aux abdos, aux étirements, etc., mais à 50%», poursuit notre interlocuteur. Le lendemain, c’est le repos total pour tout le monde et le travail ne reprend que 24h plus tard. «Il y a deux sortes d’endurance : l’endurance discontinue et l’endurance continue. Pour la vitesse, ça se passe sur la piste du terrain où on peut courir 5, 10, 15 mètres progressivement jusqu’à 30, 40 mètres, en fraction de secondes avec beaucoup de répétions et de récupération. C’est la vitesse pure. Dans le match, l’arbitre est obligé d’exploser pour être témoin des actions qui se passent dans la zone à incidents. La vitesse et l’endurance vont de pair. Il faut être endurant pour répéter les courses. Pour travailler la force, on fait le gradin, on peut monter à la colline, ou faire la côte et souvent on entre dans la salle pour la musculation ou dans le sable du sautoir des stades», précise l’ancien athlète.
Entre les arbitres eux-mêmes, souligne Youssouf Diallo, il existe un esprit de groupe qui se traduit par un travail collégial pour bien préparer les échéances internationales. «Si un arbitre malien est appelé par la CAF, tout le monde l’aide, on l’encourage et tout le monde s’implique dans la préparation. On a cet esprit de groupe. La préparation des arbitres est universelle, mais le préparateur physique doit être rigoureux dans son travail. Dans les compétitions de haut niveau, il n’y a pas de demi-mesure, l’arbitre doit toujours être au top sur le plan physique. Depuis 2008, je suis les arbitres maliens, notamment Koman Coulibaly, Mahamadou Keïta, Boubou Traoré «Peny-Peny», l’assistante Fanta I. Koné, pour ne citer que ces noms. Jamais mes arbitres n’ont connu un quelconque problème», martèle Youssouf Diallo qui ne perçoit aucun salaire en tant qu’instructeur physique.
Arbitre assistant international, Baba Yomboliba connaît bien Youssouf Diallo et ne tarit pas d’éloges sur l’ancien athlète. «Il ne se contente pas de donner des instructions, lui-même est toujours sur la première ligne. Il participe aux courses et fait tous les exercices avec nous. Et chaque fois qu’il constate une anomalie, il nous fait reprendre l’exercice», témoigne Baba Yomboliba. Comme indiqué plus haut, Youssouf Diallo a été plusieurs fois champion du Mali et a battu le record national du 1500m, du 3000m, du 5000m et du 10.000m. L’instructeur physique détient toujours le record des trois dernières épreuves citées et du semi-marathon. Sur le plan international, Youssouf Diallo a remporté les semi-marathons du Sénégal (2002), de Guinée (1997 et 2003) et du Burkina Faso (1998). Dans sa carrière d’athlète, il a remporté 24 trophées et 42 médailles, toutes couleurs confondues. «L’un des plus beaux souvenirs de ma carrière, souligne Youssouf Diallo, c’est la remise de la médaille d’or du 10.000m du tournoi CEDEAO 1999 à Bamako par l’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui était alors Premier ministre. «IBK était tellement content et fier de moi, qu’il a esquissé quelques pas de danse au moment de son départ du stade», se souvient encore Youssouf Diallo qui est épaulé dans son travail par l’arbitre assistant international, Nouhoum Bamba. L’ancien sprinteur, Ibrahim Maïga lui, a quitté le groupe et s’est engagé avec le Réal comme préparateur physique du club. Âgé aujourd’hui de 43 ans, Youssouf Diallo est marié et père de 8 enfants.
Ladji M. DIABY

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