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Que sont-ils devenus… Mamadou Sidibé dit Décossaire : Djoliba hier ! Djoliba toujours !

“Je reviens de l’hôpital pour ma visite de routine, mais j’accepte volontiers votre sollicitation. Ma porte vous est grandement ouverte et je reste disposé pour la grande interview que nous pourrons réaliser en fonction de votre disponibilité, parce que rarement on pense aux anciens joueurs de notre génération.” Ces propos sont de l’ancien international du Djoliba AC, Mamadou Sidibé dit Décosaire. Il est l’un des ambassadeurs du cercle de Niéna dans le football malien, à l’image de Kidian Diallo et Youssouf Sidibé qui ont fait la fierté de la région de Sikasso. Ancien sociétaire du FC Bouaké en Côte d’Ivoire et du Babemba Club de Sikasso, Mamadou Sidibé dit Décossaire parviendra à réaliser son rêve de la vie, à savoir jouer au Djoliba, à tous prix. Car, il n’était pas évident qu’un joueur quitte directement une région pour venir s’imposer dans un club de la capitale, surtout au Djoliba. Cela pour plusieurs raisons. D’abord, l’équipe regorgeait de jeunes talents, ensuite il n’était pas facile pour Karounga Keïta “Kéké” et les autres dirigeants de porter leur confiance sur un novice dont ils n’ont aucune idée sur le talent.  Dès l’instant que le Djoliba était pour la plupart des jeunes de Sikasso le sommet du football malien, aucun sacrifice n’était de trop pour regagner la case des Rouges. Voilà comment Décossaire, à l’instar de beaucoup de ses congénères, a pu surmonter les obstacles, pour porter le maillot Rouge tant convoité. Décossaire est notre héros cette semaine dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”.

Quand nous sommes arrivés chez Mamadou Sidibé, le dispositif d’accueil mis en  place dans sa famille pour nous souhaiter la bienvenue montrait à suffisance que ses propos de l’avant-veille pour fixer le rendez-vous étaient dénudés de toute complaisance. Dans un tel décor, notre entretien ne pouvait se passer que dans un esprit de convivialité.

Parallèlement à sa carrière de joueur du Djoliba et de l’équipe nationale et à son expérience d’entraineur, Décossaire a été aussi cadre du Ministère des Sports, et Professeur d’Education Physique.  Aujourd’hui, l’homme garde visiblement toujours une certaine vivacité, même si l’âge et les maladies lui laissent des séquelles.

En référence à Kidian Diallo    

Mamadou Sidibé dit Décossaire fait partie de cette génération de jeunes joueurs du Kénédougou qui, à la fin des années 1960, ont intégré le Djoliba, en référence à l’idole de Sikasso, Kidian Diallo, ancien capitaine des Rouges de Bamako et des Aigles du Mali. Convaincu de l’estime de ses cadets à son égard, le capitaine de Yaoundé 72 a aussi joué son rôle de mentor en veillant sur ses compatriotes de région. Et justement, c’est à ce titre qu’il a demandé à Youssouf Sidibé de se faire d’abord un chemin au COB, pour ensuite évoluer au Djoliba. Parce que le cas de Mamadou Sidibé dit Décosaire, venu dans la famille Rouge un peu plus tôt, le préoccupait beaucoup. Finalement les deux jeunes de Niéna atteindront leurs objectifs : jouer au Djoliba et s’y imposer et d’honorer ensuite le drapeau national à plusieurs reprises.

Très franchement, nous n’avons pas vu Décossaire jouer car il a pris sa retraite en 1978. Donc, nous étions un peu jeunes en son temps. Mais, nous l’avons connu au Stade Mamadou Konaté au début des années 1980, quand il était l’adjoint de l’entraineur Karounga Kéïta dit Kéké dans l’encadrement du Djoliba AC. Par son attitude, sa mine, l’homme incarnait la rigueur. Rarement, sinon jamais, on le voyait rigoler avec les joueurs. Pour connaitre son histoire en tant que joueur, nous avons approché certains anciens de sa génération en, plus de l’entretien qu’il nous a accordé. La plupart de nos interlocuteurs témoignent que Mamadou Sidibé “Décossaire” était l’un des meilleurs latéraux du Mali. Il était très athlétique et ne faisait pas de cadeaux aux attaquants, même aux entrainements. D’ailleurs, son amitié avec Kader Guèye (ancien ailier gauche du Djoliba et des Aigles) est consécutive à leurs accrochages lors des séances d’entrainement. Kader était un excellent dribleur et Décossaire, avec son centre de gravité très bas, ne fournissait pas trop d’efforts pour faire des acrobaties afin de le stopper dans ses jeux de jambes. Pour divertir Mamadou Sidibé, le jeune ailier rouge lui disait qu’il est son père et finalement ils sont devenus de vrais amis et complices. Et Kader continue de l’appeler “mon père”.

Eternel second entraineur

A la fin de sa carrière en 1978, Kéké, qui n’était pas à l’abri de petites critiques de la part de certains supporters, ne voulait pas aussi jeter le bébé avec l’eau du bain. Son investissement au Djoliba sur tous les plans ne le lui permettait pas. Sa stratégie a alors consisté à porter son choix sur un ancien joueur, en l’occurrence Décossaire. Il s’est dit que celui-ci pouvait le remplacer valablement où cas il venait à quitter l’encadrement technique du Djoliba. A travers ses relations, il lui cherche un stage au Conseil International du Sport Militaire en 1980. Nanti du diplôme d’entraineur de la licence A, cette première aventure lui ouvrira d’autres opportunités pour effecteur de multiples études et stages en Allemagne et en France entre 1983 et 1999. Et c’est à juste titre que son carnet d’adresses en tant qu’entraineur est bien fourni.

C’est ainsi qu’il a été, de 1980 à 1984, entraineur adjoint du Djoliba, sous Kéké ; entraineur national adjoint des Aigles de 1986 à 1987 ; il occupe le même poste au Djoliba pendant trois ans (1987-1990), avant d’être titularisé pour une saison (1990-1991).

A la faveur des éliminatoires de la CAN de Tunisie 1994, il est l’adjoint du coach Molobaly Sissoko (1992-1993). Il prend les commandes de l’équipe nationale cadette (1993-1994), avant de débarquer au Djoliba pour un an (1994-1995). Sa dernière aventure le conduit dans sa ville d’origine, à Sikasso, où il dirigea l’encadrement technique du Tata National pendant une saison après son départ du Djoliba.

Pourquoi un tel amour pour le football ? Décosaire estime que chacun suit son destin, pour la simple raison que tous ses frères  et cousins sont des imams. Mais lui a été piqué par le virus du football très tôt dans l’enfance, en Côte d’Ivoire, plus précisément à Dimbokro où il est né en 1948.

Après ses études primaires à Bouaké en 1964, son père, qui ne veut pas du tout qu’il joue au football, décide de l’envoyer à Sikasso. Visiblement, le vieux Sidibé ne fait que déplacer un débat, parce que Décosaire, une fois à Niéna, prend du service dans l’équipe locale, avec un certain Youssouf Sidibé. Admis au DEF en 1965, il se retrouve à Sikasso au CPR, où les dirigeants du FC Babemba l’attendent avec tous les honneurs pour le convaincre d’intégrer leur club. Les compétitions inter scolaires et le championnat régional feront de Décosaire le meilleur joueur de la région de Sikasso. Malgré tout, le désir de jouer au Djoliba le hante toujours. Il ne cesse de le dire à Kidian Diallo, à chaque fois que l’occasion se présente. Au bout de deux ans, il trouve les moyens d’orienter ses études à Bamako et intègre l’équipe réserve du Djoliba sous la houlette de l’entraineur Fromentin. “A cœur vaillant, rien d’impossible”, a-t-on coutume de dire. La collectivité du groupe, l’amour du club et le courage ont permis au jeune Mamadou Sidibé de rejoindre les séniors, pour devenir et demeurer un latéral droit titulaire et irremplaçable sur son couloir droit. Il passera 11 ans au Djoliba.

Sélectionné pour la CAN de Yaoundé 1972, il ne sera pas retenu pour la phase finale. L’entraineur Allemand Karl, au retour de la CAN de Yaoundé 1972, le récupère en 1973 contre la Tunisie. Une aubaine qu’il saisira pour de bon, parce que, selon lui, à l’époque tous les joueurs étaient pratiquement bons. Donc, le seul fait d’être sélectionné en équipe nationale sonnait dans le cœur comme un coup d’éclat qui récompensait tous les efforts.

Collectionneur de coupes du Mali

Leur groupe au Djoliba composé de Mamadou Koné dit Zito, Kader Gueye, Oumar Khassonké dit Ouolof, Idrissa Traoré dit Poker, Sory Kourouma dit Remetter, Ousmane Diallo alias Petit Sory, Seyba Sangaré, Fanta Mady Diarra était homogène et soudé, même en dehors du terrain. Quelle explication à une telle complicité ? Décossaire le détaille : “Dans une équipe, le travail et l’effort de tout le monde comptent. C’est une chaine où une défaillance à un seul niveau peut faire basculer tout dans le mauvais sens. Convaincus de cette réalité, nous sommes obligés de nous écouter, de nous concerter, bref de rester ensemble pour un meilleur résultat. Le tout est soutenu par l’amour du club. A l’époque, il n’y avait pas tous ces avantages pécuniaires dans le football. Donc, nous jouions pour nous faire plaisir, ce qui mettait aussi en évidence notre amour pour le Djoliba et pour la nation. Les jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup entretenus plus que nous. C’est leur chance et leur temps. Il faut s’en féliciter. En retour, ils doivent aussi mouiller le maillot pour honorer le drapeau malien qui est si cher. Je profite d’ailleurs pour adresser toutes mes félicitations aux Aigles qui viennent juste de se qualifier au Gabon pour la CAN prévue au Cameroun l’année prochaine. En tant qu’ancien entraineur, je sais à l’instant le sentiment et la joie qui animent l’encadrement technique et les joueurs. Il fallait cela et la préparation de la phase finale commence dès maintenant, si nous voulons aller plus loin”. 

Au Djoliba, Mamadou Sidibé dit Décossaire a remporté 7 titres de champions, et 7 coupes du Mali (1971-1973-1974-1975-1976-1977-1978).

Comme bons souvenirs, Décosaire se rappelle encore de sa sélection en équipe nationale, à la veille de la campagne de Yaoundé et tous ses trophées remportés par le Djoliba (notamment en Coupe du Mali et la belle série sans arrêt de 1973 à 1978), les différents matches de coupe d’Afrique des clubs qu’il a disputés à travers le continent. Décossaire n’a jamais perdu une finale de coupe du Mali.

Battant jusque dans sa façon de parler, l’enfant de Niéna, avec le recul, n’a pas du tout oublié toutes ces défaites contre le grand rival du Djoliba, à savoir le Stade malien de Bamako.

Avec ses 70 ans, il suit toujours le football malien. En dehors des heures de prières à la mosquée, il s’occupe de sa famille et de ses petits-enfants. Cependant son ancien coéquipier Fanta Mady Diarra dit Gobert est son compagnon qu’il fréquente.

O. Roger Sissoko

 

Source: Aujourd’hui

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