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Que sont-ils devenus ? Amara Sangaré, un modèle et une source d’inspiration

Âgé aujourd’hui de 80 ans, le multiple champion du Mali des courses de fond et de demi-fond dirige un centre d’athlétisme qui compte une centaine de pensionnaires. parallèlement, le natif de Bougouni occupe le poste d’instructeur du Tata de Sikasso. Retour sur la carrière de l’un des athlètes les plus titrés du Mali

 

Multiple champion du Mali des 1.500m, 5.000m et 10.000m entre 1966-1979, Amara Sangaré est l’un des meilleurs athlètes de tout le temps de la Région de Sikasso. Aujourd’hui, il a troqué son maillot d’athlète contre celui d’instructeur principal du centre de formation en athlétisme qui porte son nom. Lors des 40è Championnats nationaux d’athlétisme, disputés en juin à Sikasso, Amara Sangaré était la grande attraction du public.

A chaque fois qu’il venait au stade, ses anciens coéquipiers de la sélection nationale le titillaient en entonnant : «Sangaré attaquant la piste». «à 80 ans, l’âge ne pardonne pas, désormais notre mission est d’aider les jeunes pour qu’ils puissent nous dépasser», répondait alors Amara Sangaré, sourire aux lèvres.

Le multiple champion du Mali a pris sa retraite en 1979, mais continue, à 80 ans, de s’entraîner régulièrement pour, dit-il, «garder la forme». Pourquoi a–t-il décidé de créer un centre d’athlétisme ?«En 2004, le ministère de la Jeunesse et des Sports m’a contacté avec quelques anciens athlètes et nous a demandé d’ouvrir des centres d’athlétisme. J’avoue que j’étais surpris par l’initiative du département des Sports parce que je pensais qu’on m’avait déjà oublié. J’ai parlé avec ma famille, elle m’a apporté son soutien et c’est après que j’ai créé mon centre. Le centre porte mon nom et se trouve à Sikasso», répond Amara Sangaré. «Je travaille avec Adama Konaté dit Adama Molobala.

Le centre compte actuellement une centaine de pensionnaires qui sont âgés de 12 à 16 ans. Les entraînements se déroulent au terrain Santox de Sanoubougou I, un quartier de Sikasso. Nous faisons toutes les épreuves d’athlétisme», indique l’ancien athlète, dont le centre, à l’instar de la plupart des écoles de formation du pays, souffre du manque d’équipements.

Le centre Amara Sangaré a formé plusieurs athlètes de renom, dont Cheick Oumar Sogodogo (10.000m, Usfas), Drissa Konaté (5.000m, Tata), Alassane Marcel Konaté (saut en longueur et triple saut, Tata), Maki Diallo (400m) et Chiaka Koné (200m). «J’ai formé beaucoup d’athlètes qui font aujourd’hui le bonheur des clubs du pays, rappelle Amara Sangaré. Mon souhait est de continuer à former le plus grand nombre de jeunes, mais je dois dire que le travail devient de plus en difficile parce que depuis deux ans, nous n’avons pas reçu de subvention de l’état». L’ancien athlète entend ainsi alerter le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Mossa Ag Attaher sur la situation que traversent aujourd’hui les centres de formation créés par l’état dans le cadre de la réinsertion des anciens sportifs.

RÊVE BRISÉ-Amara Sangaré a commencé sa carrière très jeune dans son Bougouni natal. En 1964, alors qu’il était en service militaire civil, il participe à la semaine régionale à Sikasso. Le jeune athlète s’illustre, en signant le triplé aux 1.500, 5.000 et 10.000m. L’exploit laisse les responsables de la Fédération malienne d’athlétisme (FMA) sans voix. Sans surprise, Amara Sangaré est sélectionné en équipe nationale pour préparer les Jeux africains que notre pays devait abriter en 1969.

Malheureusement, le coup d’état militaire de novembre 1968 empêche l’organisation des Jeux africains à Bamako. Une grosse déception pour le natif de Bougouni qui, un an auparavant (1967), avait participé à la Coupe d’Europe des nations d’athlétisme en Bulgarie et semblait bien parti pour remporter la médaille d’or aux Jeux africains. «J’ai couru le 5.000m, je n’ai malheureusement pas obtenu de médaille, mais j’ai beaucoup appris avec les autres athlètes et j’étais confiant pour les Jeux africains», raconte l’octogénaire.

En 1970 lors de la Réunion d’athlétisme au Sénégal, Amara Sangaré confirme tout le bien qu’on disait de lui, en s’imposant aux 1.500m, 5.000m et 10.000m. Trois ans plus tard (1973) lors des deuxièmes Jeux africains à Lagos, il rate de justesse la médaille de bronze, en terminant quatrième de l’épreuve du 5.000m. «Ce jour-là, j’ai beaucoup pleuré parce que je pouvais décrocher la médaille d’or, n’eut été la crampe. Comme par hasard, j’ai eu le même problème à Abidjan lors du tournoi zonal, me faisant dépasser par un Kenyan presque sur la ligne d’arrivée», raconte l’ancien athlète.

Mais dans les compétitions nationales, Amara Sangaré a remporté plusieurs titres de champion du Mali notamment dans les courses de fond. C’est l’un des athlètes les plus titrés du pays, il a été décoré de la médaille de l’effigie Abeille en 1974 et a reçu le diplôme du mérite sportif du Comité national olympique et sportif (CNOS-Mali) en 2014. «Mon plus grand rêve est de voir la nouvelle génération remporter une médaille aux Jeux olympiques. Notre génération n’a pas eu la chance de l’avoir mais je pense que la jeune génération peut le faire. En tant qu’ancien athlète et promoteur de centre, mon plus grand rêve est de voir le drapeau du Mali flotter aux Jeux olympiques et, pourquoi pas, dès 2024 à Paris», soupire celui qui a été coéquipier des Ousmane Faye, Niamakoro Niaré et Cheick Traoré «Joe».

L’actuel instructeur du Tata de Sikasso semble avoir transmis le virus de l’athlétisme à sa famille, puisque la plupart de ses enfants (huit au total) sont devenus athlètes. «L’aîné de la famille, Diakaridia Sangaré, est le seul parmi eux qui a joué au football (Stade malien de Sikasso, ndlr), mais sa carrière a été écourtée à cause d’une blessure au genou. Aujourd’hui, il travaille et c’est lui qui s’occupe de moi», indique Amara Sangaré.

à Sikasso, Amara Sangaré est considéré comme un modèle et tous les jeunes athlètes de la région rêvent de marcher sur ses traces. Pour le président de la Ligue régionale d’athlétisme de Sikasso, Tahirou Koné, Amara Sangaré est une fierté pour toute la Région de Sikasso et sa carrière doit être une source d’inspiration pour la nouvelle génération.

«Amara Sangaré est et restera l’un des plus grands sportifs de la Région de Sikasso. C’est un homme humble, il ne parle pas beaucoup et a toujours du temps pour son prochain. Malgré son âge, quand il me voit, il se déplace pour me saluer et demande toujours mon avis sur son centre», témoigne le premier responsable de l’athlétisme de Sikasso qui espère voir l’octogénaire poursuivre son travail de formation et d’encadrement pendant plusieurs années encore.

Djènèba BAGAYOKO

Source : L’ESSOR

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