Première proposition : Lâcher le Premier ministre Boubou Cissé
Cette revendication vient en deuxième position dans la hiérarchie des points contenus dans le mémorandum du M5 RFP, après celle relative à la démission d’IBK. Comme pour dire qu’à défaut d’obtenir la tête du Président de la République, les leaders du M5 RFP sont prêts à accepter celle de Boubou Cissé. Leur autorité morale, à savoir l’Imam Mahmoud Dicko fait de la démission de Boubou Cissé une question d’honneur, parce que, dit-il, Boubou Cissé a contribué à la crispation de la situation, surtout avec l’utilisation des balles réelles contre des manifestants mains nues. La seconde tare de Boubou Cissé est d’être l’homme de la France. Ce pays apparait aux yeux du citoyen lambda et des leaders du M5 RFP, comme étant à la base de tous les malheurs du sahel en général et du Mali en particulier. Enfin, pour beaucoup d’observateurs, si Boubou Cissé est un homme intègre, ils sont tout aussi d’accord qu’il n’a pas apporté les solutions idoines aux préoccupations majeures des maliens.
Deuxième proposition : Obtenir la démission des députés mal élus ou dissoudre l’Assemblée Nationale.
Après la résolution de la question de la Cour Constitutionnelle, les regards sont tournés vers l’Assemblée Nationale, qui est la conséquence de la forfaiture de l’institution dirigée par Manassa Dagnoko. Si des voix s’élèvent au sein de la Majorité pour dire non à la dissolution de l’hémicycle, le M5 RFP ne serait pas également opposé à cette proposition bien qu’elle soit anticonstitutionnelle. Car cette solution parait plus politique que juridique, mais le seul obstacle est qu’il n’y a aucun moyen d’imposer cette décision aux députés qui semblent opposer un niet catégorique. Donc, face au refus de la trentaine de députés de démissionner, la seule voie de recours reste la Constitution qui donne mandat au Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale. Cette solution semble être la plus facile pour IBK, même si elle comporte des risques pour son pouvoir. En satisfaisant ces deux revendications du M5 RFP et surtout celle de la Cour Constitutionnelle précédemment, le Mouvement se dégonflera et acceptera de s’asseoir autour de la table pour définir les contours de la future transition.
Troisième proposition : Un gouvernement restreint et d’union nationale
Après avoir résolu la question du Premier ministre Boubou Cissé et celle de l’Assemblée Nationale, l’étape suivante devrait être la mise en place d’un gouvernement d’union nationale avec un Premier ministre de consensus à sa tête. Ce Gouvernement qu’on pourrait dénommer gouvernement de mission, de transition ou d’union nationale aura pour missions de mener non seulement les réformes indispensables pour la bonne marche de notre démocratie, mais aussi et surtout, sortir le Mali de l’impasse socio-politico-sécuritaro-économique. Sa composition, tout comme l’aura été le choix du PM, devra être consensuelle. Les critères doivent être ceux de la compétence, de l’intelligence et de l’intégrité morale et physique. Ce gouvernement tant attendu par le M5 RFP, permettra à ce mouvement d’obtenir la libération d’un des leurs, à savoir l’honorable Soumaila Cissé.
Quatrième proposition : Mettre en place une commission d’enquête indépendante pour les manifestations des 10, 11 et 12 juillet faisant des morts et des blessés par balles
Pour le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, la mort de 23 manifestants ne pourrait pas rester impunie. C’est pourquoi il exige que toute la lumière soit faite sur ce crime d’un autre temps, surtout dans un pays dit démocratique. Le Président de la République doit accéder à cette demande en mettant en place une commission indépendante pour rechercher les coupables et les traduire devant la justice. En mettant en place cette commission d’enquête indépendante, le Président de la République se lavera de tout soupçon, s’il n’est pas reconnu coupable, ensuite se fera bonne conscience et enfin redorera le blason du pays en matière d’exécutions sommaires évoquées par les organisations des Droits de l’homme.
En somme, la clef de la résolution de la crise malienne est entre les mains du Président de la République. Plus il tarde à agir, plus il envenime la situation et diminue du coup les chances d’une sortie de crise rapide. Donc, que le Président de la République comprenne que cette situation est loin d’être à son avantage, car elle met l’économie en berne et ne rassure pas les amis et autres partenaires du Mali.
Youssouf Sissoko
Source : Infosept