Quelques jours seulement avant l’élection présidentielle, un slogan était couramment en vogue « tout sauf IBK ». Car l’on disait que le pays a besoin du sang neuf, d’un président jeune pouvant véritablement incarner le changement et la rupture avec 20 ans de gestion jugés désastreuses. Comme par magie, au 2ème tour du scrutin, la donne a vite changé, presque tous les candidats malheureux du premier tour se sont rués vers IBK avec leurs militants. Ainsi, du « tout sauf IBK » on est passé à « IBK ou rien ».
Le deuxième tour de l’élection présidentielle a le mérite d’avoir permis de mettre à nu la fragilité et le manque de cohésion au sein de certaines formations de l’échiquier politique national.
Pour les candidats tombés au premier tour, le choix du candidat à soutenir au second tour a été vite fait. Même si cela a produit un effet de tsunami au sein de certains partis politiques. Dont certains ont été sérieusement fragilisés de nos jours. C’est le cas de l’Adema-Pasj dont le candidat à l’élection présidentielle, Dramane Dembélé, arrivé troisième au premier tour, à la surprise générale a demandé à voter pour Ibrahim Boubacar Keita, candidat du Rassemblement Pour le Mali(RPM), arrivé en tête à ce premier tour.
Bien que son parti, l’Adema soit membre du FDR et signataire de l’Alliance ADR/FDR.
Cette prise de position a créé une saignée profonde et une crise intergénérationnelle au sein de la ruche, désormais volée en éclats entre la vieille classe et la jeunesse.. En effet, dès l’annonce de cette consigne par le candidat Dramane Dembélé, la jeunesse du parti, avec à sa tête, Lazare Tembely, a formé un bloc derrière leur candidat.
Pendant ce temps, une réunion d’urgence avait été convoquée pour statuer sur le cas de Dra. Une réunion qui se serait d’ailleurs terminée en queue de poisson.
Et le président intérimaire du parti, Ibrahima N’diaye d’appeler à voter pour le candidat de l’URD et par extension du FDR. Une consigne qui ne semble pas avoir été suivie. Comme en témoigne le score que Soumaïla Cissé a récolté au second tour face à IBK.
En effet, Soumaïla Cissé n’a eu que 22,39% contre près de 20% au premier tour. Alors qu’en principe, si les consignes de vote des « vieux » de la ruche avaient été suivies, il aurait récolté plus.
Face à son désaveu au sein de son propre parti et n’ayant pu remplir les missions à lui confiées par le président du parti, Pr Dioncounda Traoré, Iba N’diaye n’avait d’autres solutions que de rendre le tablier.
Pendant que la ruche brulait, chez le candidat des FARE, Modibo Sidibé, c’était la même situation. Car certaines sections du parti ont expressément dévoilé leur soutien à IBK au second tour, contre la volonté de Modibo Sidibé qui a décidé de soutenir Soumaïla Cissé. A l’image de celle de Ségou.
En plus de cette saignée au sein des FARE, le camp de Soumaïla Cissé, selon des sources bien introduites, aurait aussi connu des problèmes. Car certaines sections du parti, à quelques jours du scrutin du 11 Aout auraient fait savoir leur soutien à IBK.
Il s’agit seulement de la face visible de l’Iceberg. Car la fièvre IBK semble avoir contaminé tout le monde et même fait des ravages dans de nombreuses formations politiques. Ce qui expliquerait d’ailleurs le score de 77,61% qu’il a obtenu au second tour contre son challenger, Soumaïla Cissé qui n’a récolté que 22,39%.
Georges Diarra