Après plusieurs mois d’hibernation et d’inaction, la Coalition de la Majorité Présidentielle a senti le besoin de sortir de sa longue torpeur. Pour ce faire, elle s’est illustrée par une sortie qui en dit long sur la nature des rapports de servilité qui lie les partis de la majorité à Ibk. Très souvent sermonnée et rabrouée par le chef de l’Etat, la CMP n’en est pas moins servilement dévouée pour la cause, y compris quand il faut affabuler pour plaire. C’est ce qui est arrivé avec l’organisation d’une conférence des cadres au forceps, il y a une dizaine de jours à l’hôtel El Farouk. La rencontre a regroupé nombre de caciques du mouvement pro-présidentiel pour discuter de l présidence malienne du G5. C’était l’occasion, comme on s’en doute, de magnifier le président IBK dont le mandat à la tête de cette organisation sous-régionale a été qualifié de franc-succès, à l’issue de la journée d’échanges consacrée au sujet. Le président de la CMP en veut pour preuve l’installation des organes du G5, sa dotation en siège ainsi que la mobilisation des ressources pour son fonctionnement, entre autres. C’est la prime décernée par la CMP à IBK, président malienne alors que le monde entier a été témoin d’une figuration du président malien à la tête de l’organisation.
Le Rpm est-il un instrument solide pour IBK ?
La réponse est négative sans détour, à en juger tout au moins par la réponse que le président de la République aux sollicitations des députés de sa famille politique de briguer la magistrature. Sans ciller, le chef de l’Etat sortant, en plus de n’avoir pas accédé à
leur demande, leur a répondu que s’il était encore candidat il ne serait pas le porte-drapeau du RPM. La distanciation d’IBK vis-à-vis du RPM ne s’explique, selon toute vraisemblance, que par la faiblesse que lui inspire un parti de moins en moins apte à combler ses attentes électoralistes. Tiraillé par les querelles de positionnement internes et les tentatives de récupération par la famille Keïta, le Rassemblement n’a visiblement pu profiter du quinquennat pour asseoir son implantation. Ce n’est pas faute d’avoir tenté, mais on est manifestement loin du moment où le RPM, par la voix de son actuel président naguère Secrétaire général, déclarait que son parti seul peut faire élire IBK.
Le député Gaucher, conseiller spécial de Bilal Ag Asharif
Après avoir joué un rôle de tout premier de plan dans la création du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (MJA) dans son bastion à Goundam, le député Oumar S Traoré alias Gaucher a remis ça. Il vient de pousser la proximité avec les mouvements armés au point d’en devenir conseiller spécial du président du MNLA, Bilal Ag Asharif.
Cette nouvelle fonction lui a été attribuée à la faveur d’une jonction entre le mouvement autonomiste et son ancienne excroissance. Le CJA a en effet senti un grand besoin de retour aux origines, dans la perspective notamment du cantonnement, de l’intégration ou l’enrôlement des ex-combattants. Il se trouve au fait que l’éligibilité à ce volet de l’Accord est exclusivement réservée aux mouvements signataires du processus d’Alger que sont la Plateforme et la CMA. Et pour ne pas en priver leurs éléments après tant de sacrifices consentis, la tendance est à la convergence vers ces deux mouvements. C’est dans ce sillage que la jonction entre combattants a entraîné une jonction des branches politiques, d’où la présence du député élu à Goundam aux côtés de Bilal Ag Asharif. Une position qu’il pourra également utiliser pour ramener le mouvement dans l’escarcelle de la République.
Désertion policière
La police est sans doute le corps habillé le plus difficile à maîtriser. Il est vrai que l’indiscipline gangrène tous les corps militaires et paramilitaires, mais elle est sans doute plus prononcé à la police qu’ailleurs. Et pour cause, les poulets – comme on les
appelle – profitent allègrement d’une démilitarisation qui leur donne le droit d’être syndiqués. Et le Syndicat National de la Police s’installe de plus en plus confortablement dans son rôle de rempart de protection de ses éléments à la moindre mesure de redressement de leurs nombreuses dérives. Cette position de force a eu par exemple raison de nombreux responsables dont l’ancien ministre de la Sécurité Feu Sada Samaké. Et depuis le départ du Colonel du département de la Sécurité, les policiers se comportent comme des poissons dans l’eau, y compris ceux de la policière routière. En plus d’être manifestement plus préoccupés par le gain personnel que par la régulation de la circulation routière, les CICR ne sont fidèles au poste que lorsque cela leur chante. Il en résulte une véritable chienlit surtout par ces temps de coupures électriques intempestives qui n’épargnent point les feux de la circulation.
Le Témoin