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Purge au sommet de l’armée: sanctions politiques ou militaires ?

Le Conseil des ministres extraordinaire d’hier a opéré une purge au sommet de la hiérarchie militaire. S’agit-il de sanctions politiques de militaires ou de sanctions militaires ?

Une semaine après la tragédie de Dioura qui aurait coûté la vie à une trentaine de FAMa et 24 heures après le massacre de Ogossagou-Peul, dont le bilan s’élève à plus de 100 morts, le Chef suprême des armées a sorti le grand jeu, en limogeant deux officiers aux niveaux les plus élevés de la chaîne de commandement militaire. Il s’agit du Chef d’état-major de l’Armée de terre, le Général Abdrahamane BABY, remplacé par le Colonel-major Kéba SANGARE (promu hier Général de brigade), anciennement Directeur général du Service National des Jeunes (SNJ) ; du Chef d’état-major général des armées, le Général M’Bemba Moussa KEITA, remplacé par le Général Abdoulaye COULIBALY, jusqu’alors son adjoint.

D’autres hauts responsables ont fait les frais de la purge réalisée hier par le Président Ibrahim Boubacar KEITA. Il s’agit du Chef d’état-major de l’Armée de l’Air, remplacé par le Général de Brigade Daouda DEMBELE et du Directeur de la Sécurité militaire remplacé par le Colonel-major Boukary KODIO.

Cette mesure asséchera-t-elle les larmes des parents des victimes ? Pas tout à faire, dans la mesure où même si elle apporte une certaine consolation, elle ne ressuscitera pas les morts. Permet-elle d’assurer la non-répétition des fautes présumées ? Pas si certain que cela, si un tant soit peu, au-delà des fautes individuelles, les défaillances sont systémiques. Revoilà poser l’impératif d’une enquête minutieuse pour identifier les graines du mal et les extirper de la chaîne de commandement, pour envisager les stratégies militaires les mieux indiquées.

À défaut de le faire, l’on est dans l’ordre des demi-mesures spectaculaires visant à contenter l’opinion, mais qui n’apportent aucune garantie de non-répétition. Auquel cas, les officiers généraux limogés, à l’issue du Conseil des ministres de ce 25 mars 2019, l’auront été juste parce qu’il fallait que quelqu’un paie et c’est la tête qui paie. Ce qui ne les exonère pour autant pas de toute faute éventuelle commise dans l’accomplissement de leurs missions.

Dans tous les cas, il s’agit d’un coup de canif à l’impunité qui règne en maître absolu sur le Mali de ces dernières années où le mérite n’est également que rarement reconnu et récompensé. Les populations maliennes choquées dans leur large expression attendaient que des têtes tombent après le carnage du camp militaire de Dioura. Des têtes sont effectivement tombées.

Ainsi, si les décisions de limogeage d’officiers généraux des Forces armées et de sécurité peuvent être applaudies des deux mains, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan d’impunité qui submerge le Mali et noie tous les espoirs du ‘’Mali kura promis’’ ; un Mali de nos rêves en passe de tourner au cauchemar. Au Mali, il y a beaucoup d’abcès à crever dans bien d’autres domaines. Les autorités rendraient le plus grand service à leur pays si elles s’y attelaient sans se retenir.

Enfin, il y a des appréhensions légitimes à avoir ; d’autant plus que les limogeages de ces galonnés militaires pourraient être de la poudre aux yeux. La preuve : le ministre délégué responsable du montage financier par qui sont arrivés tous les malheurs de surfacturation dans l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires a été limogé du Gouvernement pour être ensuite bombardé Secrétaire général de la présidence de la République. Qui dit mieux ? À croire qu’au Mali, certaines sanctions sont juste des tremplins. D’où, l’interrogation présente : sanctions politiques ou militaires ?

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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