Dans une analyse ce mardi 20 septembre 2022, Venance Konan est revenu sur l’affaire Pulchérie Gbalet dans la gestion des militaires ivoiriens arrêtés au Mali.
Cela m’emmène à dire ce que je pense de l’affaire Pulchérie Gbalet. Si je déplore qu’elle soit aujourd’hui derrière les barreaux, je ne peux m’empêcher de lui demander pour qui elle se prend. En quoi le fait d’être activiste de la civile l’autorise-t-elle à aller au Mali pour s’immiscer dans la gestion de cette affaire de militaires ivoiriens arrêtés au Mali ?
Et quand elle revient, et organise une conférence de presse pour épouser les thèses de la junte malienne, vous voulez que les autorités ivoiriennes croisent les bras ? Connaissant ses activités et ses accointances en Côte d’Ivoire, pourquoi ne pourrait-on pas penser qu’elle souffle en réalité sur les braises ? Soyons sérieux de temps en temps. Aujourd’hui tout le monde réclame sa libération. C’est de bonne guerre. Les opposants ont trouvé leur martyr. Mais personne ne se pose la question de savoir si elle a commis une faute ou non. Il est vrai que nous sommes dans une société de « pardon ». Lorsque quelqu’un commet un délit, voire un crime, on demande pardon. Et c’est celui qui refuse d’accepter de pardonner qui devient finalement le coupable, la personne méchante.
Chez nos opposants, leurs militants peuvent commettre tous les délits ou crimes, mais on ne doit pas les juger et appliquer la peine infligée par la justice. Je crois que la résolution d’une crise d’une telle ampleur entre la Côte d’Ivoire et le Mali est une chose trop sérieuse pour que n’importe quel farfelu cherche à s’en mêler. L’opposition a parfaitement le droit de s’opposer à tout ce que le gouvernement fait et de lui mener la vie dure. Mais il y a des moments où nos guéguerres politiciennes doivent tenir compte de l’intérêt supérieur de l’Etat.
Lorsque Laurent Gbagbo qui a dirigé ce pays pendant dix ans vient dire que « la prison n’est pas une solution aux problèmes politiques », il fait complètement fausse route. La prison sert à sanctionner les infractions à la loi ou à empêcher la commission d’infractions plus graves. Comme lui, il tuait ceux qui le gênaient dans sa politique, il a du mal à comprendre que l’on arrête simplement ceux qui attentent à la sécurité de l’Etat. Et il a du mal à comprendre que ses acolytes militaires qui ont commis des crimes horribles dans ce pays soient en prison. Il gagnerait vraiment à se taire parce qu’il commence à être fatigué, pour ne pas dire plus. C’est comme lorsqu’il dit qu’il y a trop d’universités privées dans le pays. « On ne peut avoir une telle prolifération d’universités privées.
La qualité suppose une certaine rareté. » dit-il. Je l’aurais suivi s’il avait axé sa critique sur la qualité de l’enseignement dispensé dans ces universités. Mais lui-même dit : « je vais faire une étude sur la qualité des universités qui pullulent sur Abidjan. » Donc il critique sans même savoir si ces universités font du bon travail ? Fausse route complètement. Tout comme lorsqu’il dit que lorsqu’il était aux manettes il a refusé pendant deux ans d’augmenter le prix de l’essence, mais qu’il a fini par le faire au bout de deux ans. Donc quoi ? Il vaut mieux se taire lorsque l’on n’a rien à dire. De même lorsqu’il dit que lorsqu’il travaillait, en tant qu’enseignant, il ne payait pas de loyer, pas de meubles, pas de réfrigérateur, parce que l’Etat prenait tout en charge. Oui, et alors ? Pourquoi n’a-t-il pas fait ça lorsqu’il était aux manettes ? Opah, tu es fatigué. Va te reposer.
Venance Konan
Source: ivoiresoir