Une chose est claire, c’est que le Malien est singulièrement plus qu’un Songhaï, un Bambara, un Touareg, un Sénoufo, un Bwa, un Malinké, un Arabe, un Bellah, un Kassonké, un Minianka, un Bozo, un Dogon, un Samogo, un Soninké, un Peulh …
Ce n’est pas aux Peulhs de se défendre, mais à nous tous de parler en leur nom. Le Peulh ne parle pas pour se défendre malgré sa pénitence. Avant même que le Grec Esope ne dise que «la langue est la pire des choses», les Peulhs disaient ceci: d’emngal ko joomamum (la langue est l’ennemi de son propriétaire) et d’emngal ko nafaka (la langue est utile). Personne n’est né avec la haine pour l’autre, mais en tuant l’autre, en mortifiant l’autre, celui-ci peut produire l’imbuvable. Bon sang ! Cessez de tuer des gens parce qu’ils seraient des «fulaws», des «poullos», des «fulanis». Putain ! Freinez votre animosité contre des gens dont l’amour est chevillé même sur leurs outres !
Merde ! Stoppez de stigmatiser des hamadihamadi, dont la cosmogonie est basée sur la défense de leur troupeau contre des fauves. Depuis sa tendre origine, le Peulh a appris à aimer, à être humble. Parlant des Peulhs, un proverbe songhaï dit ceci : A gafondo bey, a ga fonda han (il connait le chemin, néanmoins il demande ou se trouve le chemin). Cela signifie tout simplement que le Peulh est humble, il associe toute créature à ce qu’il fait nonobstant sa grande maîtrise des choses, il ne veut pas que l’on raisonne qu’il sait tout, d’où cette céleste phrase: « Vous obtiendrez plus dans ce monde avec le pardon qu’avec des actes de représailles ». Peulh d’Ansongo, de Gabero, de Bazi Gourma, de Bazi Haoussa, du Macina profond, de Koulogon, de Diafarabé, digne peuple peulh du Mali, de toute la région de Mopti, Peulhs de Ségou, de Tombouctou, de Sikasso, Peulhs de Kayes, de Nioro, Peulhs de chez mon ami Baba Hama KANE.
Peulhs ! Vous, dignes fils de ce grand pays, vous qui n’avez jamais adjuré la partition de ce pays, nous vous garantissons que nous sommes les deux mamelles d’une même vache des « djalgodji », chaque personne démolie simplement parce qu’il est Peulh réveillera en nous autres un autre Peulh plus étincelant, plus vigoureux, plus imbattable, plus indomptable. Cette fois-ci, nous disons formellement qu’après ces assassinats, ces homicides ignobles, abjects, lugubres, sinistres…
Si un seul Peulh meurt sous une vindicte, nous tenons pour responsable l’Etat central, pour incapacité à protéger ses citoyens. Nous disons clairement que la politique de fourvoiement est une politique fatale, elle conduit à la décadence. Pour finir, nous disons à toutes les autres ethnies, à tout le peuple malien que l’optimisme de la grandeur de ce pays est un combat pour l’égalité intégrale.
Ousmane Mohamed
Source: Le Démocrate