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Protection du marché national des produits étrangers: le paradoxe malien

La Coalition des alternatives africaines, dette et développement (CAD-Mali), dans la poursuite de ses activités de mobilisation populaire, d’influence des politiques publiques en faveur de la promotion d’une agriculture familiale durable, a organisé, ce 29 octobre 2019, à la Maison du partenariat Bamako-Angers, une session d’analyse des textes de la loi régissant la commercialisation et la protection du marché national des produits étrangers. La rencontre a donné lieu à des débats houleux entre les participants sur la politique de développement de la productivité et de la commercialisation nationale, la protection des producteurs et des consommateurs.

L’ouverture des débats était présidée par le directeur exécutif de la CAD-Mali, Souleymane Dembélé, en présence des représentants de plusieurs organisations de la société civile, des structures étatiques et du monde des affaires. Des exposés ont été faits par M. Bouya Sidibé de la direction du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC), Abdoul Karim Sissoko et M. Diallo de la CCIM.
Souleymane Dembélé a expliqué que l’initiative s’inscrit dans la logique d’une campagne APE pour un commerce équitable. Pour lui, les enjeux de la thématique sont énormes, parce qu’ils concernent l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture familiale qui occupe 70 % de la population active du Mali. Le commerce équitable, a-t-il ajouté, est considéré comme un facteur de renforcement de la sécurité alimentaire et des revenus des exploitants agricoles.
« Le commerce équitable se présente comme un maillon essentiel dans la réhabilitation du secteur agricole vis-à-vis des acteurs nationaux et internationaux. Il constitue un puissant levier susceptible de stimuler l’investissement national et international au profit de nos exploitants agricoles… », a indiqué M. Dembélé.
Toutefois, partant de certains postulats officiels, selon lesquels, « la politique de développement agricole du Mali repose d’une part sur la promotion d’une agriculture durable, moderne et compétitive et d’autre part, sur l’amélioration des moyens d’existence des exploitants agricoles dans un contexte de changement climatique », les participants à l’atelier s’interrogent à quand ce développement ? Et pour cause, malgré les 3 millions de tonnes de riz produits lors de la campagne 2018, notre pays continue d’importer bon an, mal an, 200 000 tonnes du même produit. Où va alors cette production nationale ? En tout cas, des chiffres officiels au niveau de la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence font état de zéro intention d’exportation de riz la même année. D’où la question du paradoxe malien, selon des participants. Une occasion alors pour des intervenants d’appeler le gouvernement à arrêter la langue de bois en la matière, pour dire la réalité aux Maliens. En effet, poursuit-on, malgré les efforts colossaux de subventions accordées au secteur de l’agriculture (équipements et engrais), l’autosuffisance alimentaire tant désirée peine à se concrétiser. Et pourtant, le Mali ne manque pas de ressources propices avec l’existence de deux grands fleuves, des millions d’hectares de terres cultivables.
Ainsi, M. Diallo de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali trouve que ce qui arrive à notre pays est une honte.
Le Mali brille toujours, dit-t-il, dans la signature de conventions internationales sur le commerce alors même que sa part est insignifiante dans le commerce mondial.
Des analystes proposent donc que le pays se donne d’abord le temps et les moyens de participer au commerce international et d’imposer un certain patriotisme économique, avant de se lancer dans sa politique de lobbying.
Pour certains participants, pour relever le défi du commerce équitable et de la protection de nos productions, il faut une véritable organisation du secteur, une bonne formation des acteurs (paysans et commerçants) ; d’autant plus que la plupart de nos commerçants ou hommes d’affaires préfèrent investir dans l’importation des produits peu aptes à la consommation que d’investir dans la production locale du même produit.
Sinon, comment le riz produit à des milliers de kilomètres de là, en Indonésie, en Thaïlande puisse venir concurrencer celui sur place, s’est interrogé un intervenant ? La réponse, d’autres la trouvent dans le patriotisme galvaudé des Maliens qui se plaisent plutôt dans la consommation des produits importés que le made in Mali. Ailleurs, poursuit-on, ce problème de concurrence entre produits locaux et produits étrangers ne se pose plus. En effet, si on offre le libre accès à tous, les nationaux dans ces pays portent toujours leur préférence sur les produits locaux.

Par Sidi DAO

Source: info-matin

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