La Tunisie, c’est 12 M d’habitants, soit à peine un peu plus de la moitié de la population du Mali (22M). La Tunisie, c’est juste 163 610 km2, soit moins que la région de Gao (170 572 km² avant le découpage). Elle n’a presque rien de plus que le Mali.
On estime à 1,2 million le nombre d’immigrés tunisiens à travers le monde (notamment l’Europe) ; les Subsahariens en situation irrégulière en Tunisie sont estimés à 21 000. C’est 21 000 Subsahariens causent-ils réellement un problème au pays ? Nous pensions que non. Pour deux raisons :
La première, c’est qu’ils n’ont pas pour but de rester dans le pays. Ils veulent juste passer. La Tunisie est donc pour eux un pays de transit. Et la seconde, les boulots qu’ils font sont caractérisés par la pénibilité. Il s’agit de la besogne que les Tunisiens et les personnes en situation régulière ne souhaitent pas faire. Alors, la question c’est pourquoi le Président de la Tunisie, M. Kaïs Saïed, a tenu ses propos racistes à leur égard et souhaite les conduire aux frontières du pays ?
Il évoque deux raisons :
– Ils chopent le boulot des locaux (ce qui, comme on l’a dit, n’est pas vérifié).
– Le nombre grandissant ‘’d’Africains’’ (pardonnez-moi l’expression) serait un complot visant à modifier la composition de la population tunisienne (la théorie du grand remplacement d’un certain Éric Zemmour). Il semble perdre de vue le fait que 10 à 15% de la population tunisienne de souche est noire !
Mais la vérité est tout autre ! Le pays connait des difficultés d’ordre économique énormes : dette, chômage, inflation…Face à la grogne sociale, au lieu de proposer des mesures concrètes, le Président chauve choisit la carte du racisme. Cette voie dangereuse lui permet, en effet, de divertir la population dont une partie est foncièrement raciste et manipulée. Mais cela ne dure qu’un temps, après le départ des personnes en situation irrégulière, il va falloir s’occuper des vrais problèmes du pays. Mais cela ne nous intéresse pas !
Ce qui nous intéresse, c’est la lecture que nous faisons de tout ça ! Les arabes n’aiment pas les noirs ; les noirs n’aiment pas les noirs, les blancs n’aiment pas les autres… Lecture qui a sa part de vérité mais qui ne saurait expliquer le tout. Nous restons à chaque fois dans l’émotionnel, dans la victimisation. Il faudrait qu’on change de mentalité. Nous ne devons pas quémander l’amour des autres ou même s’attendre qu’ils nous aiment.
Ce qu’on doit rechercher, c’est le respect ! Et le respect pour l’avoir il faut travailler à développer son pays. Jadis, les égyptiens étaient noirs et respectés par le monde entier (les travaux de Cheick Anta Diop nous édifient sur la question). Le ressortissant d’un pays fort -qu’il soit bleu ou rouge- n’est jamais traité comme le ressortissant d’un pays pauvre. Mettez un noir au centre de Tunis, présentez-le à un groupe d’individus, dites-leur qu’il est Malien. Il risque de susciter mépris et rejet. Ramener le même Homme noir- changez lui juste de chemise, et dites-leur que c’est un Américain, je ne dis pas qu’ils vont l’aimer mais ils vont le respecter.
L’effort et l’intelligence que les nôtres mettent pour traverser l’Océan Atlantique peut développer le Mali. Mais ces efforts ont besoin de terreau fertile pour produire l’effet escompté. C’est là que nos dirigeants doivent réfléchir- prendre le taureau par les cornes- afin de créer les conditions pour que les Maliens puissent s’épanouir chez eux. Que Dieu bénisse le Mali !
Correspondance particulière
Source : edemocratre Mali