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Promotion des biocarburants : LE MALI A L’AVANT-GARDE

Depuis 2008, l’état a élaboré une stratégie nationale de biocarburant, qui a abouti à la création d’une agence (ANADEB), unique dans la sous-région

récolte agriculture agricole rizières office niger champs vergeL’Agence nationale de développement des biocarburants au Mali (ANADEB) met les bouchées doubles pour gagner le pari de la transition énergétique dans notre pays. Les énergies renouvelables sont d’actualité. Les pays du monde entier sont réunis au sein de l’Organisation des nations unies (ONU).

A partir du 30 novembre prochain, ils s’apprêtent à entamer, à Paris, d’âpres négociations pour convenir d’un effort global, en une dizaine de jours de session, afin de maintenir la température du globe en dessous de 2°C. Au-delà de ce seuil, l’homme ne pourra plus vivre sur notre planète terre. A l’instar des autres continents, l’Afrique s’est lancée dans le développement des bioénergies, particulièrement des biocarburants, pour stimuler durablement son développement.
Au Mali, les résultats de différentes études, notamment, dans le cadre du projet de développement de la filière pourghère ou jatropha, permettent d’espérer une réduction de nos factures pétrolières.
Si dans un passé récent, les biocarburants n’étaient pas compétitifs par rapport aux hydrocarbures, la situation mondiale milite aujourd’hui en faveur de leur revalorisation. En plus de l’allègement de la facture pétrolière, les biocarburants ont l’avantage de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs du transport et de la production énergétique. Ils contribuent de façon significative au développement rural en encourageant une production décentralisée de l’huile de jatropha et des investissements privés, respectueux de l’environnement qui obéissent aux critères sociaux et de
durabilité.
Depuis sa mise en place, l’ANADEB travaille sur la possibilité de développer un certain nombre de bioénergies, selon son directeur général, Hamata Ag Hantafaye. Dans un premier temps les efforts porteront sur les biocarburants liquides (huile de pourghère) et gazeux (méthane). Le programme intensifiera ensuite la recherche sur le biogaz et les gazogènes (oxyde de carbone) pour la production de l’éthanol utilisé dans le transport et la production de l’électricité.

Un espoir pour l’indépendance énergétique. La plante Jatropha appelée «l’or vert du désert» pousse en milieu tropical et sub-tropical. Grâce à ses racines fortes et profondes et son tronc, qui est un réservoir d’eau, elle est capable de résister à des périodes de sécheresse prolongées. Elle ne nécessite aucun entretien particulier. Cette plante peut commencer à produire au bout d’un an, et son espérance de vie est estimée à 50 ans. Sa graine, appelée noix des Barbades, est constituée de 27 à 40% d’huile. Elle est utilisée dans la médecine traditionnelle, l’alimentation du bétail et la fabrication du savon. Son usage comme biocarburant a donné une valeur commerciale au Jatropha. Ce qui lui vaut d’être un levier du développement rural.
Pour consolider cet acquis, l’ANADEB, avec le concours financier du Programme des nations unies pour le développement (PNUD)a mis en œuvre, le Projet de promotion de l’utilisation de l’huile de jatropha comme biocarburant au Mali. Il s’agit de développer et de promouvoir un modèle de production et d’utilisation durables d’huile de Jatropha à l’échelle nationale, explique Yafong Berthé, coordinateur du projet. Il cible l’équivalent de 20.000 ha pour 32 millions d’arbres plantés, soit une capacité de production de 10 millions de litres d’huile de pourghère par an.
Après 3 ans d’activités, le projet est arrivé à son terme. Il a permis de valider une note stratégique sur la commercialisation des graines du Jatropha. Trois unités industrielles ont été montées par l’ONG/Altère pour un montant d’environ 100 millions de Fcfa. Une presse a été caractérisée et adaptée aux graines de Jatropha. Plus de 2000 hectares ont été plantés autour de 130 plateformes multifonctionnelles pour une production de 2 millions de plants par 14 pépiniéristes locaux. Plus de 1000 paysannes et paysans ont été concernés par l’activité. Environ 300 paysans et paysannes ont été formés dans le domaine de l’agroforesterie. Aujourd’hui, plus de 20% des plateformes multifonctionnelles ont un équipement permettant la consommation de l’huile de jatropha comme biocarburant. On note une légère augmentation d’environ de 10% de l’utilisation de l’huile de Jatropha comme biocarburant en
milieu rural.
« On est arrivé à un stade où des localités s’auto suffisent en huile de pourghère », déclare le directeur de l’ANADEB. Les femmes rurales parviennent à générer des revenus à partir de résidus d’huile pour faire du savon, du tourteau qu’on utilise dans les champs comme fumure organique.

une unité de distillerie de déchets. L’ANADEB s’intéresse à d’autres plantes oléagineuses et à la production de l’éthanol à partir du manioc et les déchets de mangues, d’orange. Une unité de distillerie de ces déchets est en cours d’installation à Sikasso. La mise en place d’une nouvelle technologie innovatrice est en cours. Il s’agit de l’utilisation des copeaux de bois et des résidus agricoles pour directement actionner des moteurs qui marchent à l’essence pour produire de l’énergie, dès cette année.Il existe beaucoup d’alternatives. Mais c’est le moment de se préparer pour ne pas être surpris par la crise. Notre pays peut se réjouir d’être en tête dans la sous-région ouest africaine, dans le domaine de recherche et de promotion des biocarburants. Depuis 2008, l’Etat s’est investi à mettre en place une stratégie nationale de biocarburant. Elle a abouti à la mise en place d’une agence unique dans la sous-région. Actuellement, l’heure est à la finalisation du cadre réglementaire pour sécuriser les investissements, les normes d’huile et d’éthanol étant déjà élaborées.
Aujourd’hui, ces superficies atteignent 33 000 hectares emblavés à travers le pays. Les données prévues sur des bases empiriques ont été faussées : un hectare devait apporter 8 tonnes de graines. Mais la réalité a vite prouvé le contraire. L’ hectare ne peut donner qu’une tonne ou une tonne et demi à ce stade de la recherche. L’ANADEB a revu ses prévisions. Les recherches se poursuivent pour identifier les variétés les plus productives à fournir aux paysans. Quelque soit le prix de la graine sur le marché, l’huile de la Jatropha est plus concurrentielle que les gas-oil. A titre illustratif, à Dassela, localité de Kita, le gas-oil est cédé à 800 Fcfa contre 500 Fcfa pour l’huile de Jatropha. Il n’est pas exagéré de projeter une multiplication par 2, du coût du gas-oil dans 10 ou 20 ans. Ce n’est pas le cas de l’huile végétale d’une manière générale.
L’objectif est d’accueillir les gros investisseurs dans le secteur, en vue d’exploiter de grands espaces. Mais à ce niveau, les lobbies de l’énergie fossile constituent un blocage de taille. Notre indépendance énergétique se joue avec les biocarburants. Pour y arriver l’Etat doit maintenir ses efforts en faveur du secteur.
Selon les statistiques officielles, le volume d’importation en produits pétroliers dans notre pays, a atteint les 700 millions de litres en 2007 (voir L’Essor du 25/06/2008), pour une facture de plus de 252 milliards de Fcfa. L’ANADEB, dans sa politique de promotion des biocarburants, a la lourde responsabilité de réduire cette facture.
En raison d’un litre d’huile obtenu pour 4.5 kg de graines en moyenne, et avec 100 à 1500kg de graines produites par hectare, le Mali, avec 33 000 hectares peut produire environ 11 millions de litres d’huile de Jatropha, soit 1.5% de la consommation de 2007.
Avec plus de 1% des capacités en phase expérimentale, on peut dire que l’espoir est permis. Vivement des projections plus audacieuses et crédibles ! Notre pays possède 11 millions d’hectares cultivables, avec près de 6 millions en jachère.
C. A. DIA

Changement climatique : LA GRANDE MOBILISATION DE LA FRANCE AUTOUR DE LA COP21

à moins d’un mois de la conférence des nations unies sur le climat, la mobilisation double d’intensité du côté des autorités françaises pour faire du rendez-vous de Paris une réussite en parvenant à un accord pour sauver le monde d’une catastrophe imminente. A cet effet, le président Hollande vient de frapper un grand coup la semaine dernière. Au cours d’une visite officielle en Chine, il a arraché de son homologue Xi Jin Ping, la promesse du plus grand pollueur (25% des émission de gaz à effet de serre de la planète) de réduire ses émissions et de peser de tout son poids pour l’obtention d’un accord.
A l’image de son président c’est toute la France qui est mobilisée à travers ses représentations diplomatiques dans le monde entier. Dans notre pays, elle s’est manifestée depuis le mois de juin dernier, par la participation de l’ambassade de France aux activités de la quinzaine de l’environnement. A partir de cette date, les activités d’information et de sensibilisation se sont multipliées à travers l’organisation des conférences débats sur différents thèmes. En partenariat avec l’Association malienne d’éveil au développement durable (AMEDD), elle a animé au même mois de juin dernier, un débat sur la COP21. Cette activité s’est déroulée simultanément dans 100 pays à travers le monde.
Une journée de la diplomatie climatique a été organisée en collaboration avec la délégation de l’Union européenne au Mali. En collaboration avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD), un séminaire a été organisé sur la surveillance environnementale comme outil d’aide à la décision pour la gestion des questions environnementales.
En septembre dernier, l’Institut français de Bamako a abrité une conférence débats sur le thème : comment concilier climat et développement avec une exposition photo des 60 solutions pour le climat. Dans la perspective de la future présidence de la France qui prendra effet le jour de l’ouverture de la conférence, plusieurs évènements sont organisés pour sensibiliser les autres pays du monde sur la nécessité de tracer les voies d’un engagement collectif en faveur de la planète. L’objectif du pays hôte est de rapprocher toutes les positions pour aboutir à une solution. Pour ce faire, l’Alliance de Paris pour le climat a été créée.
Cette Alliance travaille sur 4 volets. Le premier concerne les discussions autour d’un accord universel et juridiquement contraignant. Le deuxième porte sur les contributions nationales prévues déterminées qui correspondent à la quantité d’émission de gaz à effet de serre que chaque pays se propose de respecter. Le troisième volet est financier. L’Alliance donne une importance particulière à ce volet, car il doit soutenir les pays en développement qui sont les plus vulnérables à financer des économies sobres en carbone. Le quatrième volet porte sur l’agenda des solutions avec le renforcement des engagements de la société et des acteurs non Etatiques.
Du 8 au 10 novembre, la France organise une pré COP21 en collaboration avec le Pérou qui assure toujours la présidence de la conférence jusqu’à l’ouverture de la prochaine. C’est une réunion informelle au niveau ministérielle qui doit regrouper environ 80 ministres de l’environnement qui représenteront tous les groupes de négociation. L’objectif est de préparer et explorer les compromis possibles sur les points de désaccord qui existent encore et qui constituent les points de blocage et, de faire en sorte que tous les participants donnent une impulsion politique à leur engagement avant
le jour « J ».
C. A. D

source : Essor

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