La situation sécuritaire préoccupante ne saurait tout expliquer. De nombreux Maliens n’arrivent toujours pas à se situer dans la gestion des affaires de leur pays. Leur regard est pointé depuis deux ans vers le Président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Les milieux d’affaires sont les plus frappés par le manque de considération de leurs autorités. Victimes d’arbitraire, d’injustice et autres, ils ne sentent pas la présence de celui (IBK) qui représentait un réel espoir. Bazoumana Fofana est un exemple édifiant.
C’est un citoyen, aujourd’hui, dépité par l’attitude des autorités de son pays que nous avons récemment rencontré. Vieille personne au sens large, notable du quartier populaire de Quinzambougou, Bazoumana Fofana est avant tout un opérateur économique fortement attaché au développement de son pays, le Mali. C’est pourquoi il avait décidé d’y mettre ses moyens matériels, financiers, etc. Peu de temps lui ont suffi pour poser ses empreintes à l’Office du Niger. A l’époque, le vent de la démocratie venait de souffler. Le nouveau pouvoir, celui de l’ADEMA-PASJ, promettait monts et merveilles aux citoyens.
Et pourtant, c’est un nommé de ce parti qui fit en sorte que les affaires du vieux Bazoumana Fofana périclitent. Il lui a fallu seulement un deal déloyal avec des opérateurs économiques affiliés ou apparentés à l’Adema-PASJ pour que les choses aillent sens dessous-dessus à l’Office du Niger. Ce cadre avait pour nom Fernand Traoré.
De là à sauter sur son bien, un titre foncier, qui servait de garantie dans une banque de la place, il n’y avait qu’un pas.
De tribunal en tribunal, de juge en juge, des spéculateurs réussiront à lui arracher le titre. Sous évalué, il est bradé entre eux. En aucun moment, l’Etat malien n’a levé le petit doigt. Dans l’affaire, sont cités Me Abdoulaye Garba Tapo, Me Mountaga Tall, Dionké Yaranangoré dit Babou Yara, Cheick Sadibou Cissé, entre autres.
Ce fut un gâchis non seulement pour Bazoumana Fofana mais aussi et surtout pour l’Office du Niger.
Car, il avait quatre usines de l’Office qui tournaient à plein temps avec le partenariat tissé avec Bazoumana Fofana. Des centaines ou milliers de familles vivaient ainsi d’autant plus que l’on travaillait. Une fois, Bazoumana Fofana mis à terre parce que spolié de sa garantie bancaire (le titre foncier), ce fut le clash. Pourquoi a-t-on fait cela ?
Le Mali que l’on dit pays d’agriculture n’avait que les quatre usines laissées sur place par les colons français. Ces derniers temps, l’opérateur économique Modibo Kéïta est parvenu à acquérir deux autres usines. Plus rien d’autre. Or au Sénégal, l’on compte actuellement une dizaine d’usines d’égrenage. Le Mali ne pouvait-il pas faire mieux ? Que font les autorités dans ce sens ? Ne savent-elles pas que les opérateurs économiques nationaux ont les capacités nécessaires ? Bazoumana Fofana n’avait-il pas prouvé quelque chose ?
IBK DOIT ÊTRE À L’ÉCOUTE
L’arrivée au pouvoir de M. Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) avait suscité un réel espoir dans les milieux d’affaires. Pour beaucoup d’entre-eux, cela aurait mis fin à l’arbitraire, l’injustice, etc. D’ailleurs, il s’y était engagé lors des campagnes électorales. ” Honneur au Mali ” et ” Bonheur des Maliens “, tels étaient ses slogans phares. L’un et l’autre seraient-ils réalisés ou atteints sans la promotion des affaires ?
L’on a l’habitude de voir des Chefs d’Etats étrangers rencontrer leurs patrons d’entreprises, voyager avec eux, les accompagner dans leurs relations, etc. Au Mali, le Chef de l’Etat pourrait et devrait le faire. Par exemple, dans le cas Bazoumana Fofana, tout le monde sait qu’il est suffisamment informé. Ses collaborateurs, Premier ministre, ministres, chefs d’institutions, sont tous imprégnés.
Cela fait deux années qu’il est aux affaires. Si tant soit peu il était donné la peine de rencontrer, recevoir des notabilités (comme c’est de coutume dans notre pays), des hommes d’affaires (comme Bazoumana Fofana), nul doute que des pistes de sortie de crise seraient trouvées. En tout cas répertoriées.
L’un des proches du pouvoir nous confiait récemment que le Chef de l’Etat avait promis un entretien avec Bazoumana Fofana. Et qu’il avait instruit à son protocole d’arranger cela. Lui est étonné que l’entretien n’ait toujours pas eu lieu. Commentaire de notre interlocuteur, ” IBK semble trop occupé par de telles choses. Or, notre pays a surtout besoin de ça “.
En tout cas, Bazoumana Fofana est aujourd’hui dépité dans son propre pays. Il n’arrive pas à comprendre qu’il serait frappé par l’injustice et l’arbitraire sous les yeux des autorités. Ayant frappé à toutes les portes, Ministères, société civile, justice, il n’entend plus investir un petit franc ici.
Aux dernières nouvelles, il serait fortement sollicité à l’étranger. Notamment au Sénégal où il compte de nombreux amis. Mais où les autorités respectent et accompagnent les milieux d’affaires, où les lois sont respectées et appliquées avec toute leur rigueur.
- KONÉ
source : Le Malien