Le Gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga semble vouloir sauver la face ou sauver les meubles quoi que cela puisse coûter en terme de mauvaise organisation du prochain scrutin présidentiel. Le chef du gouvernement vient de se mettre la pression en promettant urbi et orbi que le 1er tour de l’élection présidentielle (qu’il souhaite voir son mentor IBK gagner), doit se tenir le dimanche 29 juillet dans un contexte sécuritaire aussi détérioré…
-13-02-2018- Comme annonce officielle et solennelle lors de sa sortie du dimanche dernier à Mopti, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga s’est voulu rassurant : «Je vous garantis que le premier tour des élections présidentielles se déroulera le dimanche 29 juillet 2018 ». Effet d’annonce ou assurances tout risque ? Les conditions sécuritaires sur le terrain inspirent toujours à quelques doutes.
Quid des élections régionales, des conseils de cercles et des communales partielles ? Le chef du Gouvernement et tous les membres du gouvernement n’en pipent plus mot. Pourtant, lors d’une récente sortie, alors qu’il était encore ministre de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly assurant que ces élections de proximité se tiendraient en avril…
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé, dimanche 11 février, que les élections présidentielles auront bien lieu le 29 juillet prochain.
Et que Mopti aura par des actions concrètes. Tous les moyens dont il dispose pour renforcer l’appui de l’Etat sera déployés et cela à travers trois axes : protéger les citoyens (protection physique et sécurité), rassembler les Maliens (cohésion sociale et entente), servir les Maliens à travers le renforcement de l’action de l’Etat au service du citoyen.
Chacun de ces axes a été bien expliqué par le chef du gouvernement en présence des plusieurs membres du gouvernement, des députés et des autorités administratives et militaires de la région. Plusieurs actions sont annoncées parmi lesquelles la transformation immédiate des 132 écoles communautaires de Douentza en école publique et cela pour rétablir l’égalité d’accès à l’école à tous les enfants maliens.
Le conseil régional de Mopti s’est réjoui de cette visite qui rassure un tant soit peu que l’Etat se préoccupe vivement du sort de cette région hélas infestée par une horde de terrorico-jihadistes. «A la tête d’une forte délégation comprenant notamment le Président de la Haute Cour de Justice, plusieurs ministres dont ceux de l’Administration Territoriale, de la Sécurité Intérieure, les députés de la région de Mopti, je me suis rendu…à Mopti. J’ai reçu les cadres et la société civile de la région au gouvernorat et je leur ai annoncé de nombreuses mesures dont la montée en puissance progressive des forces armées dans la région, et une lutte sans merci contre le terrorisme pour que plus aucun mètre carré du territoire ne soit hors de notre contrôle », écrivait Soumeylou Boubèye Maïga sur sa page Facebook. Avant d’expliquer que le gouvernement a décidé de créer des cadres de dialogue avec tous les groupes et tous les citoyens qui décident de renoncer à la violence. « Le président de la République, chef de l’Etat Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita mènera des consultations pour désigner, dans les jours à venir, un panel de personnalités chargé de conduire le dialogue », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a annoncé d’autres mesures comme la distribution, dans la région de Mopti, de 7100 tonnes d’aliments bétail et 6986 tonnes de céréales (dont 762 tonnes seront distribuées immédiatement dans le cercle de Tenenkou), la mise à disposition du gouverneur de Mopti, de 60 000 doses de vaccins pour les bovins et ovins.
Au plan éducatif, le gouvernement a engagé une réflexion afin d’intégrer les écoles coraniques à notre système d’éducation et « j’ai annoncé que dès à présent, toutes les écoles communautaires de la région seront transformées en écoles publiques. En octobre prochain, nous ouvrirons un lycée technique agricole à Mopti qui comportera des filières agro-pastorales, d’informatique et de gestion. Nous avons enfin remis au gouverneur 10 000 kits scolaires pour qu’il puisse procéder à leur distribution », a indiqué le Premier ministre.
Malgré toutes ces mesures salvatrices, la réalité de l’insécurité est plutôt saisissante dans la région de Mopti et largement au-delà, en particulier dans le septentrion du pays. C’est ainsi que la problématique des mines est une réalité et préoccupe plus d’un.
Comment concevoir des cortèges de campagnes électorales dans ces vastes zones du territoire dans un environnement aussi miné ? Comment animer des meetings de campagne électorales avec des hordes de djihadistes armées tenant les populations en respect les armes sur la tempe ? Comment d’ici le 29 juillet sécuriser non seulement la ville de Mopti et ses environs mais les cercles avoisinants de Tenenkou, Youwarou où les terroristes s’exhibent, armes en bandoulière, au vu et au su de tous ?
Ce sont toutes ces interrogations qui font que malgré les assurances du chef du gouvernement, les doutes et appréhensions persistent. A moins d’envisager que l’élection présidentielle à force de vouloir la tenir coûte que coûte devra être la plus bâclée possible. En clair, Soumeylou Boubèye Maïga n’est-il pas dans la logique « une mascarade électorale vaut mieux pas d’élection » ? Dans la mesure où le PM claironne que s’il n’y a pas d’élection, nul ne sera fondé à exercer le pouvoir. Comme pour dire qu’il vaut mieux aller à un semblant d’élection, histoire proclamer un vainqueur, légitimer ainsi un candidat, probablement le président sortant, plutôt que de constater l’impossibilité matérielle d’aller aux urnes, du fait de l’absence de l’Etat dans plusieurs localités du territoire. On n’est donc pas encore sorti de l’auberge et le risque d’une crise dans la crise, dont Dieu nous épargnera, est plutôt grand.