Le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne affiche de plus en plus ses véritables intentions. En mettant en place un Comité qui a les mêmes missions que le Comité national olympique et sportif du Mali et les fédérations nationales sportives et dirigé par ses hommes de main, il voulait clairement marcher sur les plates-bandes du Cnosm et des associations sportives. Comme disait l’autre, l’olympisme ne relève pas de l’Etat. Le département devrait veiller sur la politique de mise en œuvre des activités sportives. Cela à travers le Cnosm et les fédérations.
Le 9 octobre 2024, le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne a décidé de créer le “Comité de pilotage chargé de la mise en œuvre du projet “Vision olympiade 2028″ pour la préparation et la participation des sportifs maliens aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028”. La même décision précise que ce Comité a pour missions la détection, la sélection, la préparation et la participation des sportifs maliens aux Jeux olympiques “Los Angeles-2028”.
Formellement, le Comité de pilotage est chargé de détecter et sélectionner les meilleurs sportifs des disciplines olympiques, de préparer en rapport avec le Comité national olympique et sportif, les fédérations concernées et la direction nationale des sports et de l’éducation physique les sportifs sélectionnés, de mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à la réussite de la préparation et à la participation des sportifs maliens aux Jeux olympiques “Los Angeles-2028”.
Par cette décision, le ministre Abdoul Kassim Ibrahim Fomba s’immisce de trop dans les missions du Cnosm. Il va même au-delà de l’immixtion, il se substitue à cette organisation indépendante des pouvoirs publics. L’on s’interroge sur ce qui va rester du Cnosm et des fédérations si toutes ces missions sont assignées à ce nouveau Comité qui va désormais travailler sous les ordres directs du ministre. Ce Comité de pilotage était-il nécessaire ?
Certainement non, du point de vue de nombreux observateurs de la scène sportive malienne. Oui le Mali a besoin de médaille aux Jeux olympiques, mais cette méthode privilégiée par le ministre des sports semble tordue et dépourvue d’élégance. La méthode élégante serait de discuter avec le Cnosm, tirer les leçons des différentes participations du Mali aux Jeux olympiques pour mieux préparer l’édition prochaine.
Certains voient également dans cette décision du ministre une “vengeance” après que le Cnosm a démenti, preuves à l’appui, le montant que le département a annoncé lui avoir versé pour sa participation aux Jeux olympiques “Paris-2024”. Le gap révélé par le Cnosm se chiffre à plusieurs dizaines de millions de nos francs, jusque-là introuvables.
Encore une fois, le ministre se serait vengé avec élégance si ses services avaient pu prouver que les centaines de millions qu’ils ont annoncés étaient bel et bien versés dans les comptes du Cnosm. De plus, ce Comité en vue ne tient sa légitimité qu’au ministre. Aussi, en confiant l’organisation d’un si important événement à un organe instable, le ministre prenait le risque de mettre en question l’avenir olympique du Mali. Le poste de ministre est politique et peut être changé à tout moment. Généralement, les ministres arrivent avec leur équipe. Si lui venait à être remplacé même à quelques encablures des Jeux olympiques, ce serait des préparations de plusieurs mois, voire de plusieurs années qui partiraient en fumée. Son successeur pourrait ne pas être d’accord avec son idée et pourrait prendre une décision contraire. Comme ce fut le cas au niveau de la Fédération malienne de cyclisme.
Avant d’arriver à ce niveau, le Comité national olympique et sportif du Mali est une entité stable. Son président est élu pour un mandat bien déterminé et bénéficie de la légitimité des différentes fédérations sportives. Quel que soit le problème, il serait mieux de s’entendre avec lui que le Mali soit plus fort aux prochains Jeux olympiques. Il en va de l’avenir de l’olympisme au Mali.
El Hadj A.B. HAIDARA