Ancien ministre, ancien candidat de l’ADEMA-PASJ à la présidentielle et ancien Directeur National de la Géologie et des Mines, Dramane Dembélé, Ingénieur Géologue de formation, s’interroge, dans une réflexion rendue publique, sur la sustenabilité et la rentabilité de la Mine de Lithium de Bougouni qui a été inaugurée le dimanche dernier par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goita.
L’homme analyse en effet sur tout ce qui a été dit dimanche devant le chef de l’Etat à Bougouni, en termes de données et de chiffres, et s’interroge enfin si «nos erreurs dans l’exploitation de l’or nous ont servi leçons».
Lisons plutôt son analyse ! L’exploitation de Lithium au Mali!! L’éternel recommencement??? Mon Faïda!!!! «Selon les méta-données qui ont été servies comme éléments de langages aux plus hautes autorités de la transition j’ai noté :
– Plus de 600 milliards de FCFA ( j’imagine sur la durée de vie de la mine ) seront rapatriés au Mali et qui alimenterons nos Banques !!? – Plus de 100 milliards de FCFA de dividendes (annuelles ou bien?) dont 30% pour l’Etat actionnaire et 5% pour les actionnaires publics !!??
– 25 milliards de FCFA pour le contenu local (sur la durée de vie de la mine ou bien ?) qui seront dédiés aux infrastructures de développement local !??
– La mine produirait 300.000 t de lithium environ sans compter ces produits dérivés. Ce sont 2,5 millions de tonnes de minerais brut qui seront traités par an quandmême. Partant de ces méta données, je note un éternel recommencement, que nos erreurs dans l’exploitation de l’or ne nous ont pas servi leçons, hélas.
Cela fait 19 ans que je m’évertue à expliquer qu’un État stratège avec ses deux casquettes :
– l’Etat collectionneur de taxes ; – l’Etat actionnaire ; ne peut disposer de ressources importantes pour amorcer la pompe de son développement. Que de prêches dans le désert me dira t-on ? Cependant le livre « Mourir Vide » de Todd Henry m’inspire. Où il a fait de son mieux pour motiver les gens à exprimer leurs idées et leurs énergies potentielles dans leurs communautés et à les transformer en quelque chose d’utile avant qu’il ne soit trop tard. Le plus beau de ce qu’il a dit dans son livre est : « Ne va pas dans ta tombe en apportant le meilleur que tu as en toi ». Il faut toujours choisir de mourir vide. Je ferme cette digression. L’Etat collectionneur de taxes doit faire prévaloir ses fiscalités de portes, ses impôts sur la société ( IS) ….. L’Etat actionnaire doit faire prévaloir sa part attribuable étant entendu que les conventions sont des contrats d’adhésions, au lieu d’attendre la distribution de dividendes quelconque!!!??
Prenons le cas du lithium de Bougouni : Aujourd’hui le cours du lithium en interrogeant sur Google : Quel est le prix du lithium en 2024 ? Nous avons ce résultat : 2024:11 683 USD par tonne. 2025: 11 000 USD par tonne. 2026 : 13 323 USD par tonne. 2027: 15 646 USD par tonne. ( publications du , 15 août 2024 source Google).
Alors, l’Etat du Mali en disposant de sa part en nature de lithium pourra : – réaliser des opérations de lever de fonds sur l’importe quel marché financier mondial en relation avec les matières premières stratégiques ; – mieux jouer sa partition dans l’équilibre géopolitique des matières stratégiques. Je voudrais rappeler quand-même ce bras de fer de notoriété publique entre la Chine et OMC ( Organisation Mondiale pour le Commerce). Où la Chine refuse désormais d’exporter le brut de ses minerais stratégiques, elle n’autorise que seulement les produits semi-finis. Le Mali de même, avec une partie de sa quote-part, pourra alimenter des unités de fabrication de batteries en lithium pour le Mali et la sous-région. C’est cela qui est transformateur et qui impactera le développement économique de notre pays. Telle doit être la vision d’un État stratège, comme j’aime le dire, le Mali, « la finalité de toutes nos hypothèses ». Le Mali échappera-t-il du syndrome Polonais ou s’inspira-t-il du modèle (de Dubaï) des Émirats Arabe Unis ?»
En d’autres termes, Dramane Dembélé, aujourd’hui Consultant Minier Indépendant, un homme qui maîtrise donc son sujet, appelle plutôt les autorités de la Transition à voir grand, en investissant plutôt pour la transformation et non en restant dans le système classique de vente en brut dont le plus grand revenu revient à d’autres, et non à l’Etat malien.
Il faut rappeler que Dramane Dembélé a été géologue d’exploration dans des compagnies privées comme CMC, Barrick Gold, Pangea Goldfield. Il a travaillé à la mise en valeur des ressources en pierres précieuses et semi-précieuses pour la Banque Européenne d’Investissements et a été chef de Projet du Fonds Minier Mali. L’homme fut en outre, de 2005 à 2010, Directeur National de la Géologie et des Mines du Mali. Depuis 2011, il est consultant indépendant dans le secteur minier.
Les autorités de la Transition sauront-elles s’inspirer de l’expérience de Dramane Dembélé ? ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
Le Soir de Bamako