L’opposition républicaine n’arrive pas à digérer l’arrêt de la Cour Constitutionnelle au sujet du dossier très controversé de projet de révision constitutionnelle.
En effet, comment, au regard de la situation sécuritaire dramatique, du nombre de localités (régions, préfectures, sous-préfectures…) où l’Etat est totalement absent, du nombre de localités où les établissements scolaires ont été fermés, du nombre de soldats et de civils tués pendant ces quelques années, comment se fait-il que malgré toutes ces horreurs, la Cour Constitutionnelle a-t-elle pu conclure que le référendum peut se tenir si les quelques amendements sont pris en compte ? S’interrogent des responsables de l’opposition, dont l’honorable Mody N’Diaye de l’URD.
Pour qui roule la Cour Constitutionnelle ?
Mais ils ne sont pas seuls à être dépassés par cet arrêt. Hormis les quelques Maliens jouisseurs des avantages du pouvoir et d’autres en quête de pain, les citoyens avisés se demandent finalement : mais pour qui roule la Cour Constitutionnelle. Les Maliens ne reconnaissent plus Manassa Danioko qui entra dans l’histoire du Mali en véritable « éléphant » pour en sortir en simple « lièvre ». C’est insultant pour le peuple et révoltant pour les militaires d’estimer que « l’insécurité est résiduelle ». Et la Cour Constitutionnelle et l’Exécutif devraient d’ailleurs être mal à l’aise puisque même la Minusma a un point de vue différent, plus critique au sujet de la situation sécuritaire. Les étrangers seraient-ils plus sensibles à notre sort que nos propres compatriotes, à qui pourtant la nation a tout donné ? Une autre réponse cinglante à l’arrêt de la Cour constitutionnelle est l’attaque perpétrée dernièrement contre les FAMA et le combat fratricide CMA-Plateforme. Occasion pour des populations du Nord de remettre sur le tapis la question de désarmement des groupes armés. Sujet brûlant que le pouvoir évite soigneusement au profit d’un projet qui, en plus du Nord, du Centre et du Sud, pourrait embraser la capitale, et partant, tout le pays. Le pouvoir ne doit pas sous-estimer la puissance d’un peuple meurtri par des frustrations consécutives. Quand IBK essaye d’insinuer que « parce qu’il est sur le point de résoudre la crise que certaines personnes (on sait à qui il fait allusion, mais ce sont ceux-là les vrais acteurs de l’avènement démocratique dont lui a bénéficié), qui ne veulent pas justement que lui, IBK, obtienne ce résultat, se réveillent du coup » (paraphrase de propos tenus lors du sommet du G5), on se demande si l’on est dans le même Mali. Il est vrai que Koulouba (ou Sébénicoro ‘’kouloubaïsé’’), ça dépayse forcement. Mais à ce point ! Il n’est ni le premier, ni le deuxième président à qui l’entreprise de révision constitutionnelle échoue. Cela, il le sait mieux que quiconque pour s’être brouillé profondément avec Alpha O. Konaré qui lui reproche « quasiment à vie » de lui avoir prêté des intentions malveillantes qui n’étaient aucunement les siennes. Par ailleurs, ramener toujours à sa seule personne les prises de position sur les dossiers importants de la nation n’est certainement pas une attitude recommandable chez un Chef d’Etat.
S.H
Source: Le Point