Trouver les voies et moyens pour le redémarrage effectif du projet d’aménagement de Taoussa, c’est l’exercice auquel s’emploient conjointement l’Etat malien et ses partenaires.
Intitulés « réunion de concertation des partenaires techniques et financiers autour du projet d’aménagement de Taoussa », ces travaux se déroulent (pour 2 jours) depuis hier au Grand hôtel de Bamako, sous la présidence du chef du département de l’Eau et de l’Energie, Malick Alhousseïni.
Le projet d’aménagement de Taoussa figure parmi les projets prioritaires du gouvernement malien en tant qu’instrument et facteur de paix et de cohésion sociale dans la partie Nord du Mali. Il suscite un grand espoir pour les populations de cette partie du pays qui sont éprouvées par la sécheresse, l’appauvrissement de la nappe phréatique et la dégradation du couvert végétal, entre autres.
Le projet rime avec une vision globale de développement rural et de réduction de la pauvreté à travers plusieurs points, parmi lesquels l’on peut citer l’amélioration de l’autosuffisance alimentaire par l’augmentation, la diversification et la valorisation des productions agricoles, pastorales et piscicoles. La restauration des écosystèmes favorisés par le maintien d’un débit minimal de 75m3/s jusqu’à la frontière avec la République du Niger, et la relative régularisation des crues du fleuve Niger sont aussi des points sur lesquels le projet compte s’appuyer pour réduire la pauvreté et permettre le développement rural.
Au lancement du projet en 2010, son coût était estimé à près de 130 milliards de Fcfa. Aujourd’hui, avec la crise que connait le Mali, depuis 2012, la prise en compte du volet électrification, l’apparition des phénomènes ou éléments non pris en compte dans la conception initiale et la volatilité des conditions économiques du marché mondial, le coût du projet est, de nos jours, largement dépassé, et s’élève à environ 229,122 milliards de Fcfa, soit une hausse de plus de 175%. Le financement du projet, dont la mise œuvre connait de nombreuses difficultés, est l’expression d’un effort financier conjoint du Mali et des partenaires techniques et financiers (PTF) pour un montant de 169,930 milliard de Fcfa. Ces engagements financiers, confirmés sur la base de ressources disponibles, proviennent du Groupe de la Banque islamique pour le développement (BID), du Fonds de l’OPEP pour le développement international (OFID), de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), Du Fond saoudien de développement (FSD). En plus du Fonds kowéitien pour le développement économique arabe et du Fonds d’Abu Dhabi pour le développement, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et la République populaire de Chine, à travers EXIM-bank, sont aussi dans les rangs des PTF de cet important projet.
DIFFICULTéS LIéES à LA SITUATION SéCURITAIRE – Pour le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malik Alhousseïni, les difficultés auxquelles fait face la mise œuvre du projet d’aménagement du Taoussa sont relatives à la situation sécuritaire dans la zone du projet. La prise en charge des coûts de réinstallation des populations de 154 villages qui seront déplacés pour l’exécution du projet, la nécessité « diligente » de doter la structure de coordination du projet en ressources humaines en quantité suffisante et de qualité pour faire face aux exigences importantes et pressentes du projet sont aussi, entre autres, des difficultés évoquées par le Ministre Malick Alhousseïni. Mais pour ce dernier, l’Etat a pris la juste mesure de la vitalité de ce projet pour le développement socio-économique du Mali et des Régions du Nord en particulier, par la tenue les 3 et 4 septembre derniers de « l’atelier d’information du projet d’aménagement de Taoussa et l’implication des communautés dans le processus de sécurisation des travaux ».
Les recommandations issues de cet atelier ont, entre autres, orienté le département de l’Energie et de l’Eau à lancer les travaux de la route Gao-Bourem-Taoussa, longue de 130 km pour les besoins d’acheminement des matériaux sur le chantier avant qu’elle (la route) ne soit, à terme, une articulation du corridor entre le Mali et la Méditerranée. Outre les efforts évoqués par le ministre Malick Alhousseïni , d’autres avancées notoires sont à noter dans la mise en œuvre du projet parmi lesquelles la réhabilitation de 10 villas de la cité d’exploitation, la reprise du local réservé à l’escadron de la gendarmerie, des travaux de fixation des dunes et de reboisement des sites des 11 premiers villages à déplacer, la réalisation de plusieurs études (archéologiques, architecturales, plans de lotissements…) et la signature des principaux marchés de la phase I du projet.
DISPOSITIF MILITAIRE DE SéCURISATION DE LA ZONE DU PROJET – « L’une des exigences fondamentales de la mise en œuvre de l’Accord de paix pour la réconciliation issu du processus d’Alger est la sécurisation des personnes et de leurs biens, sur l’ensemble de notre territoire national», a rappelé le patron du département de l’Eau et de l’Energie. Le ministre a affirmé aux PTF la pleine « mobilisation de nos Forces armées et de sécurité pour la défense de l’intégrité du territoire, de la souveraineté de l’Etat et de l’unité nationale ». S’agissant du dispositif sécuritaire sur le projet d’aménagement de Taoussa, il repose sur « un maillage de l’ensemble de la zone d’intervention du projet, renforcé par une sécurité rapprochée des chantiers, de la base vie, des installations et des travailleurs qui évoluent sur le terrain », a-t-il expliqué aux partenaires techniques et financiers.
Le dispositif sécuritaire auquel fait allusion le ministre comprend un détachement militaire de près 200 hommes pour assurer la sécurité des personnes et des biens, à tout moment et en tout endroit dans la zone du projet. Avec un effectif pouvant atteindre 400 hommes, en fonction de l’intensité des travaux et des adaptations souhaitées par les entreprises et les bureaux de sûreté mis en place, le coût de mise en œuvre du dispositif sécuritaire des Famas est estimé à 2,24 milliards de Fcfa sur les 2 ans. Outre ce dispositif, la société tunisienne spécialisée dans la sécurisation des zones à haut risque est recrutée à 700 millions pour la conception d’un dispositif sécuritaire de suivi et de gestion.
Pour le représentant des PTF, Amadou Thierno Diallo, non moins directeur par intérim du département agriculture et développement rural de la Banque Islamique de développement, « l’enveloppe destinée au financement de ce projet ne sera pas indéfiniment disponible », « les communautés doivent s’investir aussi pour que la paix revienne afin que le projet soit exécuté ». A en croire plusieurs PTF, qui s’impatientent, la pertinence de ce projet n’est plus à démontrer, ce qu’il faut ce sont les voies et moyens pour son exécution afin de passer à autres choses. Le ministre Malick Alhousseïni a réitéré aux PTF, au nom du président de la République, des remerciements pour les efforts « multiformes et multidimensionnels » qu’ils ne cessent de déployer auprès du peuple malien pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations.
Etaient également à l’ouverture des travaux plusieurs officiels dont le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop.
K. DIAKITE
Source: essor