Les chercheurs optimistes des résultats des recherches en cours contre le palu ont présenté, le jeudi dernier, plusieurs innovations scientifiques en vue de l’atteinte de l’objectif zéro paludisme. C’était à la faveur de la journée scientifique tenue à l’Institut National de la Santé Publique (INSP) s’inscrivant dans le cadre des activités de la semaine nationale de la lutte contre cette maladie.
La journée a été présidée par la directrice générale du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le Médecin Lieutenant-colonel Aissata KONE.
La rencontre à laquelle ont pris part plusieurs experts et chercheurs a été l’occasion de faire des exposés sur les avancées en termes des progrès scientifiques dans la lutte contre le paludisme en vue de l’atteinte de l’objectif zéro cas.
S’exprimant à cette occasion, la directrice du PNLP a indiqué que la recherche était un élément essentiel, car ses résultats permettaient de guider la prise de décisions.
La directrice générale du Programme a salué les exploits réalisés par notre pays dans le domaine de la lutte contre le paludisme. Cela, a-t-elle justifié, grâce à l’implémentation des stratégies efficaces inspirées par les résultats de recherches engrangés sur le paludisme au prix d’énormes efforts consentis par les structures de recherches qui regorgent d’éminents chercheurs.
Pour elle, la recherche sur le paludisme est un pilier solide et déterminant pour vaincre ce fléau.
À cet effet, la directrice du PNLP a exprimé toute sa satisfaction par rapport à la prise en compte par le PNLP des résultats de la recherche dans les décisions politiques en matière de lutte contre le paludisme dans notre pays.
Contre le paludisme qui demeure une question de santé publique, le Pr Abdoulaye DJIMDE a relevé qu’il est important d’avoir des recherches qui ne soient pas basées sur les dérivés de l’artémisinine au cas où il y aurait un problème avec ce médicament.
En effet, des recherches constatent l’augmentation de la fréquence à laquelle des parasites réagissant plus lentement à l’artémisinine. Cette situation est observée dans certaines régions d’Afrique de l’Est (Rwanda, Ouganda et Corne de l’Afrique). Par conséquent, elle montre l’urgence de développer une nouvelle classe d’antipaludiques sans artémisinine afin d’éviter un retour aux niveaux élevés de mortalité infantile liée au paludisme.
« Nous menons des travaux sur de nouveaux médicaments qui ne sont pas basés sur les dérivés de l’artémisinine (…) Il nous faut une classe de traitement contre le paludisme qui est à la fois préventive et curative », a indiqué le Pr DJIMDE, ajoutant que les recherches ont pu développer la ganaplacide dont les résultats préliminaires sont très encourageants avec une efficacité de plus de 95% et un bon taux de tolérabilité.
En attendant l’homologation de ce médicament, la 3e phase du test de la ganaplacide doit démarrer en principe en début du mois de juillet dans notre pays.
« Des milliers de personnes seront concernées. Ce qui va nous donner des résultats qui vont permettre d’ici au maximum 5 ans d’avoir un médicament anti paludique non basé sur l’artémisinine», a déclaré le Pr DJIMDE.
Outre ce progrès, plusieurs innovations ont été approuvées en 2021 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) contre le paludisme avec l’ajout du vaccin « R21». Ce médicament suscite beaucoup d’efforts dans les pays dans lesquels le paludisme demeure une question de santé préoccupante.
Ainsi, le Pr Alassane DICKO, lors de cette journée, a exposé sur l’efficacité des vaccins RTS.S et R21 contre le paludisme en vaccination saisonnière. Il a indiqué que les tests du vaccin « R21 » avaient été en cours depuis 2021 au Mali, au Burkina, au Kenya et en Tanzanie. À ce stade, les résultats sont très prometteurs avec une efficacité de 70%.
Au regard de cette prouesse, le Ghana et la Nigéria ont autorisé son utilisation dans leur pays contre le palu, a affirmé le Pr DICKO, en déplorant toutefois que notre pays faisant partie de l’équipe de recherche et ne s’est pas encore prononcé sur ce vaccin.
« Le Mali doit rapidement prendre une décision pour autoriser l’utilisation de ce vaccin. C’est une question de volonté politique », a exhorté le Pr Alassane DICKO.
Selon une étude publiée en 2021, le vaccin R21/Matrix-M d’Oxford s’est avéré efficace à 77 % pour prévenir le paludisme. C’était la première fois qu’un vaccin dépassait l’objectif d’efficacité fixé par l’OMS à 75 %.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin