L’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB) a organisé deux soutenances de thèses de doctorat le 23 octobre à la Faculté des sciences et techniques (FST). Les deux thèses réalisées dans le cadre des formations du programme Tokten ont été encadrées par le professeur Mama Pléa, spécialiste du programme Sciences exactes et naturelles du bureau multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique centrale. Mama Pléa est aussi un consultant du Tokten.
Le premier candidat était Boubacar Traoré du laboratoire Physico-chimie des matériaux de l’USTTB. Sa thèse était intitulée : « Interaction argile-pesticide dans les sols de l’Office du Niger au Mali ». Ce candidat au doctorat a fait ressortir les effets nocifs des pesticides sur les sols, les eaux souterraines et de surface et, par conséquent, sur l’environnement tout entier. L’utilisation abusive des pesticides par le monde paysan dans l’Office du Niger offrait un parfait champ d’observation. Boubacar Traoré a brillamment présenté son travail et a été félicité par le jury dirigé le professeur titulaire de chimie, Raguilnaba Ouédraogo de l’université de Ouagadougou (Burkina Faso). Le jury lui a décerné la mention « très bien ».
Adama Diallo, le second candidat, de la même université que Boubacar Traoré, officie lui aussi au laboratoire Physico-chimie des matériaux. Sa thèse portait sur « Teneurs et biodisponibilités comparées de quatre oligo-éléments le zinc (Zn), le manganèse (Mn), le cuivre (Cu), et le fer (Fe) dans deux zones rizicoles du Mali : Niono et Mougna ». Adama Diallo a fait ressortir le rôle des oligo-éléments dans la chaîne alimentaire et rappelé que leur abondance ou leur carence peut nuire à la santé de l’homme. En effet, le fer, le manganèse, le cuivre et le zinc, contenus dans les sols sont absorbés par les organismes mais passent aussi du sol aux plantes. C’est ce passage des sols aux plantes qu’on appelle la « biodisponibilité ». Il s’agit là d’un lien étroit mais connu de très peu de gens. Le professeur Diallo a été chaleureusement félicité et gratifié de la mention « honorable ».
Pour le professeur titulaire de chimie, Raguilnaba Ouédraogo de l’université de Ouagadougou, ces deux thèmes sont d’actualité et concernent des domaines d’une très grande importance pour le Mali, un pays à vocation agricole. Il a souhaité que les travaux ainsi réalisés par les deux candidats sur des thèmes porteurs ne restent pas au fond des laboratoires de chimie mais soient utilisés à des fins profitables à toute l’humanité. Les deux heureux candidats viennent s’ajouter à la liste des cadres détenteurs de thèses réalisées dans le cadre des formations du projet Tokten.
Le programme « Transfert des connaissances à travers les nationaux expatriés » (Tokten) est une modalité du PNUD qui se veut être l’une des réponses à la crise d’enseignants compétents dans le supérieur et l’expression de la volonté de faire profiter le Mali de l’expertise et des compétences de ses ressortissants installés à l’étranger. Grâce au programme Tokten, les nombreux experts nationaux installés de manière permanente à l’étranger peuvent volontairement et efficacement mettre à la disposition du pays leur expertise et leur expérience, à travers des consultations de courte durée.
L’objectif recherché est avant tout de combler le déficit d’expertises, d’améliorer le niveau de formation national et de soutenir la recherche scientifique. C’est aussi de favoriser, à travers notre diaspora, l’établissement d’un partenariat multiforme, d’appuyer la promotion du développement local et de l’investissement productif. Dans sa phase initiale (1998-2008), il privilégiait le secteur de l’enseignement supérieur. Depuis janvier 2009, il s’est étendu à d’autres secteurs clés du développement tels que l’agriculture, la santé et les PME /PMI.
Avec les résultats déjà engrangés, l’espoir est permis. Aujourd’hui, le programme Tokten avec ses 533 consultants potentiels répertoriés a réalisé 771 missions (soit une moyenne de 49 missions par an) qui ont largement bénéficié à quelques 165 structures. Un des domaines particulièrement choyés est l’éducation. A ce niveau, la contribution du projet est axée sur l’enseignement de matières hautement spécialisées – thèses de doctorat, masters, DEA, DES – qui ne peuvent être enseignées par les enseignants locaux.
Ces enseignements constituent un réel transfert de connaissances aux étudiants et aux homologues nationaux. Le programme Tokten a, à son actif, 24 thèses de doctorat soutenues, 32 autres en cours de préparation tandis que 14 mémoires de DEA et de Master ont également été soutenus et 17 sont en cours de préparation. Au niveau des thèses de doctorat, toutes ces interventions ont eu lieu en mathématiques, physique, chimie, informatique et droit. Les travaux ont été effectués soit au Mali, soit en alternance dans les universités d’origine des maliens expatriés, dans le cadre d’accords de co-tutelle.
L’université de Bamako a bénéficié en 2008 de l’expertise de la coordination du programme Tokten pour la formulation et le montage de son programme de formation des formateurs. Ce programme financé par le gouvernement malien est en train de former environ 660 enseignants en thèse pour un coût global de 18 milliards de Fcfa. A l’horizon 2017-2021, le programme s’inscrira dans une démarche de consolidation de nombreux avantages et résultats déjà obtenus. A cet effet, il étendra son domaine d’intervention à d’autres secteurs (administration publique, éducation, secteur privé, décentralisation, secteurs stratégiques du développement).
C. DIAWARA
source : Essor