Pendant que les logements sociaux sortent de terre, à la satisfaction de tous, des prédateurs fonciers s’adonnent à un spectacle désolant, à travers l’occupation anarchique de toutes voies d’accès. C’est du moins, le triste constat fait samedi dernier par le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme qui était sur le terrain pour visiter les logements sociaux en chantier et ceux qui attendent d’être livrés. Cette attitude, dit-on, est de nature à compromettre dangereusement un programme d’investissement de plus de 200 milliards de nos francs…
C’est un secret de polichinelle, les 5 643 logements sociaux de N’Tabacoro sont terminés depuis longtemps, mais le gouvernement n’arrive pas à les attribués, à cause de l’occupation illicite des voies d’accès par des hors-la-loi qui semblent bien se moquer de la volonté des autorités de donner un toit décent à chaque Malien. Compromettant du coup le programme. Il s’agit notamment de la réalisation des travaux de viabilisation comme les routes, les caniveaux d’évacuations des eaux, les installations d’eau et d’électricité nécessaires avant l’attribution des logements.
Le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Cheick Sidiya SISSOKO dit Kalifa, et son homologue en charge des Collectivités territoriales, Alhassane Ag Hamed MOUSSA, sur le terrain, samedi, ont également fait le triste constat.
Cette descente de terrain avait pour objet de constater l’état d’évolution des chantiers de logements sociaux de Kambila et de suivre les travaux de viabilisation hors site des 5 643 logements sociaux de N’Tabacoro.
La délégation ministérielle était accompagnée du directeur de l’OMH, Modibo DIANKA ; du directeur national de l’urbanisme, Drissa COULIBALY ; du maire de Kalaban-Coro, Hamadoun Tiékoura DIARRA ; du commandant de la brigade territoriale de gendarmerie de Kalaban-Coro, le major Mamadou DJILLA ; des membres du cabinet des deux départements ; des représentants des sociétés prestataires.
En plus des difficultés de financement pour certaines entreprises prestataires, N’Tabacoro fait l’objet d’occupations illicites.
Sur le terrain, la gendarmerie et la mairie se rejettent la responsabilité du spectacle désolant. Dans les milieux, ça se mure que les auteurs ne sont autres que des magistrats, des hauts gradés de l’armés, des autorités coutumières et religieux qui semblent visiblement profiter des inconstances, voire la défaillance de l’État dans la conduite de ce programme, malgré des années d’expérience en la matière.
Aujourd’hui, réduit en spectateur devant ce qu’on pourrait qualifier de « festival des brigands », et acculé par les demandeurs de logements sociaux, le gouvernement cherche à reprendre la main, dit-on.
D’où, l’initiative de la visite des ministres le samedi dernier.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le constat n’est pas nouveau pour les membres du gouvernement, puis qu’il s’agit d’une pratique qui perdure, depuis plusieurs mois.
À cause de la situation de blocage, des maisons finies depuis quelques mois avaient commencé à se dégrader, surtout au niveau de la peinture et de certains travaux de finition. Pour relooker lesdites maisons, il nous revient que gouvernement à travers l’OMH, a mobilisé des moyens financiers supplémentaires au profit des entreprises. Des fonds qui auraient pu normalement servir à financer un nouveau programme, si les choses s’étaient déroulées, mure mure, t-on.
Aux termes de cette visite, les deux ministres se sont voulus rassurants en annonçant la mise en place d’une commission interministérielle chargée de faire des enquêtes afin de situer les responsabilités de ces occupations illicites en vue de débloquer rapidement la situation.
En attendant, les membres du gouvernement ont invité les autorités communales ainsi que la gendarmerie de Kalaban-Coro à veiller sur le reste qui peut être sauvé.
« Il n’est pas exclu que des poursuites soient engagées contre les contrevenants », ont-ils menacé.
Autre site, autre réalité, le spectacle de N’Tabacoro contraste avec le bon déroulement des chantiers des 1000 logements sociaux de type F3 et F4 à Kambila, dans les environs de Kati, constaté par les membres du gouvernement samedi dernier. Fruit d’un accord tripartite entre l’OMH, le ministère de la Défense et des anciens combattants et la société SOPROMAC-Immobilière, ces logements sont uniquement destinés aux familles des militaires.
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-matin