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Prochaines étapes pour une transition réussie au Mali : les suggestions de Madame Fatima Al ANSAR aux acteurs nationaux et internationaux

Depuis janvier 2012, le Mali vit une crise multidimensionnelle politico-sécuritaire grave à laquelle est venue s’ajouter la crise sanitaire du COVID-19. Comme si tout cela ne suffisait, au plan politique, les grandes villes du pays ont connu, durant les mois de juin, juillet, août 2020, plusieurs marches de protestation, organisées par le Mouvement du 5 juin (Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), lequel exigeait la démission du Président Ibrahim Boubacar pour sa mauvaise gouvernance et sa gestion non transparente des dernières élections législatives. Lesdites marches ont été suivies par une mutinerie des militaires du Camp Soudiata Keita de Kati, ayant finalement entrainé la démission forcée du président sortant, avec pour corollaire la prise du pouvoir par le Comité National pour le Salut Public (CNSP), dirigé par le Colonel-Major Assimi GOITA. L’acte des militaires a été aussitôt condamné par la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui, à l’issue de son dernier Sommet de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, tenu le 28 août 2020, a prononcé des sanctions économiques contre le Mali, contribuant ainsi à asphyxier  l’économie malienne déjà fragile et à compromettre dangereusement la lutte contre le terrorisme et les conditions de vie des populations maliennes déjà très vulnérables.

Le Mali est un pays enclavé dont l’économie dépend en grande partie des pays voisins comme la Côte d’ivoire, pour l’approvisionnement en produits de première nécessité et l’accès au commerce maritime. Nonobstant les exceptions concédées sur les biens de première nécessité, lesdites sanctions perturbent globalement les échanges économiques avec les pays voisins, dont 14% des importations en produits alimentaires, toute chose qui affectera la vie des populations maliennes. En outre, La fermeture des frontières avec la plupart des pays voisins risque également d’entraver le déplacement des populations qui veulent fuir les violences et exercer leur liberté de mouvement.

Ces mesures de sanction risquent d’aggraver une crise déjà existante et affecter l’aide humanitaire destinée aux personnes qui en ont le plus besoin, en particulier pendant la pandémie du COVID19. En atteste un rapport du Haut-Commissariat des Nations aux Réfugiés en date du 20 Août 2020, lequel alerte en ces termes : « le contexte humanitaire malien continue de s’aggraver avec les effets combinés des conflits, l’insécurité multiforme, et les aléas climatiques ».

Les exceptions accordées par le régime de sanctions de la CEDEAO sont essentielles et permettent l’entrée des denrées de première nécessité (médicaments, carburant, équipement destiné à la lutte contre le COVID19, électricité).

Voici quelques propositions que nous suggérons aux acteurs nationaux et internationaux pour aider le Mali à réussir sa transition.

A l’endroit des acteurs nationaux :

La transition, d’une durée de 18 mois maximum, doit réunir les conditions du retour de la paix et de la sécurité ; ouvrir le cap pour les réformes institutionnelles ; décider des poursuites judiciaires à l’endroit des personnes suspectées des tueries perpétrées lors des manifestations, conduire les mesures de relèvement économique rapide. La transition ne sera pas tenue d’achever ces chantiers et doit plutôt créer les conditions de la restauration de l’autorité de l’Etat.

  1. Le CNSP devrait opter pour une transition inclusive pour la stabilité du Mali ;
  2. La transition aura le souci de rassurer les différentes forces internationales, notamment Barkhane, MINUSMA, EUCAP-Sahel et G5 Sahel impliquées dans la lutte contre le terrorisme ;
  3. Le CNSP se mettra au travaille le plus rapidement possible à la formation d’un gouvernement de transition inclusive ;
  4. Le Gouvernement de transition apportera une solution optimale à la demande sociale très forte ;
  5. Les organes de la transition travailleraient en synergie d’action ;
  6. La transition devrait organiser des élections transparentes et crédibles dans les meilleurs délais ;
  7. La transition aura le souci d’indemniser les familles des victimes décédées lors des marches de protestation ;
  8. La transition devrait assainir la gestion des forces armées et de sécurité du Mali et apporter une réponse adéquate à la question scolaire ;

A l’endroit des acteurs Internationaux :

La vision 2020 de la CEDEAO place au cœur de sa politique les populations de la communauté et a pour finalité la transformation de la CEADEAO des États à la CEDEAO des Peuples.  Les chefs d’états doivent s’inscrire dans l’effectivité de cette vision ;

  1. La CEDEAO devrait lever les sanctions économiques qui accablent la situation déjà très précaire des populations maliennes ;
  2. La CEDEAO et les autres acteurs internationaux continueraient à privilégier le dialogue pour une transition inclusive et une sortie pacifique de la crise ;
  3. La prise en compte de la société civile et particulièrement les femmes dans le processus de sortie de crise ;
  4. L’accompagnement intelligent de la communauté internationale est indispensable ;
  5. Les chefs d’Etat de la CEDEAO procéderaient à une application correcte des textes communautaires qui ne prévoient nulle part des sanctions économiques à l’encontre des populations.

En conclusion, il convient de rappeler que les concertations nationales avec l’ensemble des forces vives de la nation malienne doivent se tenir les 10-11-12 septembre 2020, à l’issue desquelles l’architecture des organes de la transition sera déclinée. En toutes hypothèses, l’ensemble des acteurs devrait travailler rapidement à la mise en place immédiate des organes de la transition pour apporter des réponses adéquates à la crise politico-sécuritaire, sociale et sanitaire pour le meilleur du Mali et du Sahel. La transition serait conduite par une personnalité consensuelle compétente, capable de mener à bien la feuille de route de la transition.

Bamako, le 03 septembre 2020

Madame Fatima Al ANSAR, analyste politique,

relations internationales et genre

Source: Journal le Pays-Mali

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