Chaque trimestre, le Conseil de sécurité des Nations Unies fait le point sur la situation dans notre pays par l’entremise d’un rapport du secrétaire général. Dans le document de 18 pages, consacré au 1er trimestre de cette année, Ban Ki-Moon évoque le dialogue politique national et la réconciliation nationale, le rétablissement de l’autorité de l’État, les droits de l’homme. Le rapport a été présenté hier par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mongi Hamdi, en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop.
Selon Ban Ki-Moon, si un accord est trouvé, il pourrait ouvrir la voie à la fin du conflit armé et au lancement d’un processus de réconciliation, de réforme et de développement sur le long terme, non seulement dans le nord mais dans l’ensemble du pays. « Les enjeux sont importants. La violence s’intensifie et s’étend au-delà du nord du Mali, avec des incidences sur la protection des droits fondamentaux et la sécurité des civils, qu’elle prive d’un accès à l’éducation, à la santé, et à d’autres services essentiels », déplore le patron de l’ONU. La situation actuelle, ajoutera-t-il, favorise le développement de l’extrémisme violent, de la criminalité organisée et des trafics qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, menacent l’avenir même de l’État malien. Seul un processus politique peut déboucher sur des résultats tangibles, ajoute-t-il.
Le niveau sans précédent de mobilisation de la communauté internationale en faveur de la paix témoigne de la gravité de la situation au Mali et de l’engagement déterminé en faveur du pays, de son peuple et de la région, souligne encore Ban Ki-Moon, ajoutant que c’est aux Maliens que revient, en dernier ressort, la décision de rechercher la paix. « Tant que les parties en présence et les populations qu’elles représentent n’auront pas la volonté de parvenir à un règlement politique définitif et de faire les concessions nécessaires pour que la paix s’installe durablement, les mesures prises par la communauté internationale auront un effet au mieux limité », souligne-t-il, estimant que la paix ne pourra se faire sans un accord négocié. Mais l’accord n’est que la première étape d’un long chemin vers la paix, la sécurité, la réconciliation et le développement.
Le secrétaire général de l’ONU précise cependant que le projet d’accord de paix aborde une grande partie des problèmes, politiques, institutionnels, sécuritaires et de développement, et pose les bases d’un règlement négocié pendant la phase de mise en œuvre. « J’exhorte les parties maliennes à saisir cette occasion historique et à prendre leur avenir en main. »
Ban Ki-Moon a tenu à féliciter le chef de l’Etat algérien ainsi que les membres de l’équipe de médiation pour les efforts qu’ils ont déployés en vue d’aboutir à un règlement négocié. Il confirme que la communauté internationale s’est engagée à se porter garante et à appuyer activement la mise en œuvre du projet d’accord.
Le processus, admet-il, connaît des difficultés du fait d’un manque de confiance entre les parties maliennes et de la polarisation des communautés. Il y a aussi des éléments perturbateurs, dont des extrémistes violents, qui chercheront à conserver un accès sans restriction au nord du Mali pour poursuivre leurs trafics et exploiter les populations civiles, souligne le patron de l’ONU.
Le Conseil de sécurité reste vivement préoccupé par le risque de violence intercommunautaire et de manipulation de l’opinion publique à cette phase délicate du processus de paix. Ban Ki-Moon avertit que les attaques contre les civils et le personnel de l’ONU pourraient constituer des crimes de guerre au regard du droit international. « Je suis profondément attristé à chaque fois qu’une personne est tuée ou blessée, et je saisis cette occasion pour exprimer mes plus sincères condoléances aux familles des victimes de ces crimes odieux, au gouvernement malien et au gouvernement des pays dont proviennent les soldats de la paix qui ont perdu la vie en faisant leur devoir. L’attaque terroriste qui a eu lieu le 8 mars à Bamako ainsi que les attaques asymétriques commises contre les forces gouvernementales au sud du Niger nous ont rappelé de manière brutale que l’insécurité n’est pas limitée à l’extrême nord du Mali. »
Synthèse
A. DIARRA
source : L Essor