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Procès Gbagbo: les réactions à la première journée

Le procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo s’est ouvert jeudi 28 janvier devant la Cour pénale internationale. Il est accusé de crimes contre l’humanité. Mais il n’est pas jugé seul. Dans le box des accusés, se trouve aussi Charles Blé Goudé, son ancien bras droit, également poursuivi pour crimes contre l’humanité. Ce procès est aussi celui d’un système élaboré, selon l’accusation, pour maintenir un homme au pouvoir.

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Avec nos envoyées spéciales à La Haye

L’acte d’accusation est clair : l’ex-président est poursuivi pour avoir conçu et exécuté un plan meurtrier destiné à assurer coûte que coûte la survie de son régime. Mais de l’avis de la procureure, il n’a pas agi seul. Il s’est appuyé sur un « cercle restreint » de proches qui contrôlait une véritable « organisation » composée des Forces de défense et de sécurité, de milices, de mercenaires et de mouvements de jeunes.

Au coeur de ce dispositif : Charles Blé Goudé. L’ex-chef des jeunes patriotes était surnommé « le général de la rue » pour sa capacité à galvaniser la foule. La procureure de la CPI le juge même « responsable de certains des pires crimes » commis durant la crise, comme des lynchages de civils soupçonnés, parfois sur de simples critères physiques de soutenir le candidat Ouattara. La collaboration entre les deux hommes est jugée si étroite qu’en mars 2015, la CPI réunit leurs dossiers.

Le substitut du procureur de la CPI, Eric Mac Donald, a donc insisté sur le rôle crucial joué par Charles Blé Goudé dans le système mis en place selon l’accusation par l’ex-président et son entourage pour rester coûte que coûte au pouvoir.

Reste toutefois une grande absente dans le procès qui s’est ouvert hier : Simone Gbagbo. Elle aussi est visée depuis 2012 par un mandat d’arrêt mais Abidjan refuse obstinément de la livrer aux juges de la CPI.

« Une insulte à l’intelligence »

Bernard Houdin est un Français qui a longtemps vécu en Côte d’Ivoire et est conseiller spécial de Laurent Gbagbo depuis 2007. Il s’est dit choqué de cette manière de présenter les choses. « J’ai honte d’être occidental », a-t-il expliqué hier soir à la sortie de l’audience. « Je suis révolté, moralement, par nous, “l’Occident”, on a apporté soi-disant des valeurs à l’Afrique, et aujourd’hui, j’ai l’impression que toutes les valeurs que l’ont veut inculquer sont bafouées et que cette cour, qui devrait être la cour justement pour préserver l’unité internationale est en train de créer des fractures. Parce que la façon dont le débat est lancé, c’est une insulte à l’intelligence. On essaie de diviser les Ivoiriens, on parle d'”ethnie”. Le directeur de campagne de Laurent Gbagbo s’appelle Malick Coulibaly, c’était un médecin du Nord et PDCI d’origine. Parce que Gbagbo choisissait les gens en fonction de leur valeur, de leur compétence, non de leur ethnie, non de leur religion. Et aujourd’hui, on veut réintroduire en Côte d’Ivoire ce débat, et on est en train d’essayer de mettre le feu au pays. »

« Continuer à rechercher la vérité »

Le procès, suivi par toutes les parties est également observé de très près par certaines organisations ivoiriennes de la société civile. Parmi elles, la Ligue ivoirienne des droits de l’homme.

Neth Willy Alexandre, son secrétaire général, ressort optimiste de cette première journée d’audience. Optimisme lié à l’assurance donnée par Fatou Bensouda, d’enquêter sur tous les crimes commis par toutes les parties. « Ce procès est une partie de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Et madame le procureur l’a certainement compris, parce qu’elle a dit dans son intervention préliminaire que les enquêtes étaient en cours pour continuer de rechercher la vérité, qui permettra ensuite d’arrêter d’autres personnes qui ont commis des violations des droits de l’homme », a déclaré Neth Willy Alexandre.

« Tous les rapports, poursuit-il, qui ont été commis en Côte d’Ivoire, sur la crise, y compris le rapport produit par la Commission nationale d’enquête qui a été mise en place par le gouvernement, ont révélé que les violations étaient commises par l’aide de camp. Alors on sait que la situation ici à La Haye concerne des faits dans des périodes bien déterminées, des victimes bien déterminées. On a dit que la crise a fait autour de 3000 morts. Ici on ne parle que de 726 victimes qui seraient concernées par le procès. Ce n’est qu’un pan de l’histoire de la Côte d’Ivoire qui se joue ici. Mais il y a encore d’autres choses à faire pour avoir toute la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Je félicite le procureur, et je l’encourage à continuer dans ce sens, c’est-à-dire à rechercher la vérité, de l’autre côté aussi. ».

Source : RFI

 

 

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