Bamako, la capitale du Mali, est le carrefour où toutes les populations du Mali se retrouvent. Y trouver un abri décent relève du cauchemar à cause de la cherté du loyer. Ceux qui ont la chance d’en trouver sont aussi généralement confrontés au conflit entre locataires.
En effet, trouver une maison à louer devient difficile, puisque tout le monde se tasse et veut vivre dans la capitale. Ce boom démographique a engendré une forte demande de maisons à louer en favorisant la hausse des prix pour le bonheur des propriétaires. Ainsi, vivre dans la capitale malienne devient de moins en moins aisé pour tout le monde car la forte croissance démographique urbaine engendre des problèmes socio-économiques et environnementaux, notamment à Bamako où disposer d’une maison propre est loin d’être à la portée de tous.
Ainsi, la majeure partie de la population est contrainte de se rabattre sur les maisons à louer dont le prix dépend du positionnement de la maison et de sa localité. Par exemple, dans des quartiers populaires comme Bagadadji, on trouve des maisons moins chères que dans des quartiers résidentiels comme Hamdalaye ACI 2000. Les logements n’ont pas le même standing ni les mêmes atouts : commodités, emplacement de l’immeuble, tranquillité et sécurité de l’endroit, proximité des routes principales, des commerces, etc.
Mr Traoré Ousmane, un habitant de Banconi qui partage avec femme et enfants un petit local à deux pièces pour 35 000 f CFA, trouve que «les propriétaires sont sans scrupule et profite de la forte demande pour s’engraisser sur le dos des gens». Idem pour Mamadou Guindo, vendeur emballant, qui dit se contenter d’une chambre à Sangarébougou à 25.000 F CFA seulement pour ne pas avoir à dormir dehors.
Abondant dans le même sens, Mme Touré Kadidiatou Touré, enseignante, trouve excessivement cher et socialement invivable le cadre de l’appartement qu’elle loue avec son époux à Sotuba ACI pour 75 000 FCFA par mois. «Pour moi c’est trop cher, mais on va se débrouiller en attendant qu’on ait notre propre maison. Car, en tant que femme, je vis dans le calvaire avec les autres femmes de la maison qui, malgré ma patience ne cessent de me provoquer. Moi-même, je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être de la jalousie», se plaint-elle.
S’y ajoute que la plupart des logements en location ne respectent pas les conditions hygiéniques d’un local digne de ce nom, en plus du coût exorbitant et de la cohabitation peu conviviale avec certains colocataires.
La problématique du loyer est ainsi devenue aujourd’hui cruciale pour le citoyen moyen. Les locataires, soufflant le chaud et le froid à chaque fin de mois, n’hésitent pas aussi à augmenter sporadiquement le prix de son loyer du jour au lendemain.
Certains propriétaires sont d’ailleurs impitoyables. C’est le cas de Hamed Dia, propriétaire de trois maisons à Bamako, qui explique : «Moi, j’ai construit mes maisons pour les mettre en location, afin d’en bénéficier. Et puis, il faut reconnaître que sans ces constructions, beaucoup de personnes vont dormir dans la rue. À eux donc de se débrouiller ».
Le gouvernement du Mali a adopté des politiques de logement social pour pallier le problème d’habitat, mais force est de reconnaître que cette solution connaît aujourd’hui de nombreux problèmes tels que le favoritisme et la corruption.
Et le phénomène du loyer continue d’interpeller au plus haut niveau.
Aly Poudiougou
Source: Le Témoin