Au moins 129 personnes ont été tuées, dont au moins 24 par balles, dans la tentative d’évasion survenue dans la nuit de dimanche à lundi dans la plus grande prison de République démocratique du Congo (RDC), à Kinshasa.
« Le bilan provisoire sur le plan humain s’élève à 129 morts dont 24 par balles après sommation », a indiqué Jacquemain Shabani dans une déclaration vidéo transmise mardi à la presse, par le ministre de l’Intérieur, faisant également état de 59 blessés.
A partir de 02H00 dans la nuit de dimanche à lundi, des coups de feu ont retenti pendant plusieurs heures, selon plusieurs témoins vivant dans le quartier de la prison de Makala et interrogés par l’AFP.
Daddi Soso, un électricien d’une quarantaine d’années, a dit avoir vu des véhicules des forces de l’ordre transporter des corps au petit matin.
Aucun détail n’a été communiqué sur le nombre de détenus qui ont tenté de prendre la fuite, ni sur les circonstances. Mais en milieu de matinée lundi, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya assurait à la télévision nationale que la situation était « sous contrôle ».
Selon le bilan donné mardi par le ministre de l’Intérieur, certains seraient morts « par bousculade, étouffement ». Le ministre a également évoqué « quelques femmes violées », sans plus de précision sur leur identité.
Les blessés ont été « pris en charge par le gouvernement pour des soins appropriés », a ajouté M. Shabani.
Une partie des bâtiments du centre pénitentiaire, hébergeant les services administratifs, a par ailleurs été incendiée.
Le ministre de la Justice a indiqué lundi que des enquêtes sont en cours « pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes des sabotage ».
Sur X (anciennement Twitter), l’opposant Seth Kikuni a réfuté « la thèse de la tentative d’évasion », dénonçant des « massacres de trop qui ressemblent bien plus à une série d’exécutions de citoyens devant bénéficier d’une protection spéciale de l’État ». Peu après cette publication, il a été arrêté. Moïse Katumbi a fermement condamné son arrestation. Pour l’ex-gouverneur de la région du Katanga, « ce genre d’acte intolérable ne fait qu’entretenir les divisions entre Congolais et entraîne la RDC sur une pente dangereuse ».
La prison de Makala, d’une capacité de 1 500 places est en grave surpopulation, hébergeant entre 14 000 et 15 000 prisonniers, selon les statistiques officielles.
En 2017, une attaque nocturne par des hommes armés avait conduit à l’évasion de plus de 4 000 détenus.
Sf/APA avec AFP