Depuis qu’il a rejoint l’Union pour la République et la Démocratie (URD) en 2007, Me Demba Traoré a évolué sous l’aile de Soumaïla Cissé. Mais de là à protéger ce potentiel héritier, il y a plusieurs pas. À l’offensive avec de maigres moyens, pourra-t-il convaincre ses partisans de le désigner comme candidat à la présidentielle prochaine ? Focus sur ses atouts et handicaps.
À 49 ans, dont 14 à l’URD, Me Demba Traoré veut porter les couleurs du parti à la prochaine élection présidentielle. Il l’a annoncé officiellement le 14 septembre dernier lors d’un meeting à Kayes. Confronté à l’ancien Premier ministre Dr Boubou Cissé et à l’ex ministre de l’Économie et des finances Mamadou Igor Diarra, l’enfant de Markala est considéré comme l’outsider d’une course jugée perdue d’avance, malgré quelques bonnes cartes dans son jeu.
Héritage
La première, c’est son éloquence et sa proximité d’antan avec Soumaïla Cissé. À Diéma et à Kolokani, sections du parti lui ont témoigné leur soutien après son discours de Kayes, qui a su émouvoir l’assistance on l’affirme : « c’est grâce à cet art de parler qu’il a été toujours apprécié par le Président Soumaïla ». Aujourd’hui, d’ailleurs, c’est pour préserver l’héritage de ce dernier qu’il annonce vouloir représenter le parti à la présidentielle. La seconde carte de l’ex député de la Commune VI (2002 – 2007), c’est son ancienneté dans le parti, contrairement à Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, qui l’ont rejoint récemment. « C’est quelqu’un qui connait le parti et ses textes. Il a été de tous les combats depuis qu’il nous a rejoint en 2007. Avec son expérience politique, en plus d’être avocat, il a beaucoup contribué à l’ascension de l’URD », reconnait un membre du Bureau national.
Sa troisième carte, ce sont ses soutiens. Dans les coulisses, Me Demba bénéficie du soutien du 1er Vice-président, le Pr Salikou Sanogo, qui assure l’intérim à la tête du parti, du Dr Madou Diallo (2ème Vice-président), d’Abdoul Wahab Berthé, Secrétaire chargé de la Justice et des institutions et du Secrétaire général Daouda Touré. « La famille de Soumaïla Cissé, également, n’est pas contre sa candidature, même si elle ne montre pas clairement jusqu’à présent sa préférence pour l’un des candidats », souffle un proche de la famille.
Guéguerre
Me Demba aura fort à faire pour être désigné candidat de l’URD à l’issue de la Conférence nationale du 23 octobre prochain. D’autant que, depuis la mort en décembre 2020 de son fondateur, l’URD est orpheline et divisée. Le vendredi 17 septembre dernier, lors d’un point de presse, les présidents des fédérations du parti se sont indignés de la gestion actuelle du Pr Salikou Sanogo, qu’un militant accuse de vouloir imposer de force Me Demba Traoré. Autre handicap pour le candidat, sa guéguerre avec Racine Thiam. « Depuis que ce dernier a rejoint le parti, Demba et lui n’ont jamais pu se comprendre », explique notre interlocuteur du Bureau national. Racine Thiam ayant dissous son parti, la Convergence d’actions pour le peuple (CAP), dans l’URD en 2017 et la communication étant son principal domaine de compétence, Soumaïla Cissé l’avait nommé Vice-président chargé de la Communication. Du coup, il se trouvait être le supérieur de l’avocat, qui était le Chargé de la Communication. « Une décision qui n’a pas plu à Me Traoré, qui estimait avoir plus d’expérience politique que M. Thiam », certifie le membre du Bureau national. En plus de cela, la plupart de ses soutiens « sont des vieux du parti qui ne pèsent plus lourd au niveau de leurs bases », ajoute un autre membre. L’autre désavantage de Me Demba Traoré est qu’il ne bénéficie pas d’autant de pouvoir financier et de notoriété aux plans national et international que ses adversaires. Son manque de charisme est aussi pointé du doigt. « La disparition soudaine de Soumaïla Cissé ne lui a pas laissé le temps de se préparer. C’est en 2018, quand il a été Directeur de campagne adjoint, et lors des manifestations du Mouvement du 5 juin que les militants de l’URD ont commencé à le percevoir comme un leader. Il a besoin de plus de temps pour que les gens mesurent tout son potentiel », analyse l’observateur politique Ismaël Touré.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali