Le deuxième tour de l’élection présidentielle opposera, le dimanche 11 août, Soumaïla Cissé à Ibrahim Boubacar Keïta, deux ténors de la scène politique malienne. Arrivés respectivement deuxième et troisième après ATT lors de l’élection présidentielle de 2002, ils se retrouvent onze ans plus tard dans le sprint final pour le fauteuil de Koulouba. Qui sont-ils? Portraits.
Soumaïla Cissé, candidat de l’Urd : L’économiste chevronné
Soumaïla Cissé est né le 20 décembre 1949 à Tombouctou. Avec en poche un Bac scientifique obtenu en 1968, Soumaïla Cissé poursuit ses études à Dakar où il décrocha un Diplôme universitaire d’Études scientifiques en 1972. De Dakar, il s’envole pour la France. Là, il étudie les Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion à l’université ISIM (Montpelier) et obtient une maîtrise en 1976. Avant d’acquérir un diplôme d’Ingénieur en Informatique et en Gestion de la même université en 1977. Et en 1981 il est diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE PARIS) (DESS-3ème cycle).
Ingénieur informaticien de profession, il commence sa carrière professionnelle en France en tant qu’Analyste-programmeur chez CEBAL, du Groupe Pechiney-France de 1978-1980. Il rejoint après ANSWAR, filiale du Groupe Thomson-France où il a travaillé de 1980-1982 comme Analyste. Et de 1982-1984, il est Analyste et chef de projet informatique chez AIR INTER-France. C’est en 1984, que Soumaïla décide le retour au bercail. Ainsi, il fit ses débuts dans la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) où il a été Coordinateur des Projets Mali-Sud (I et II). Poste qu’il occupa de 1984-1986, avant d’être promu Directeur des Programmes et Contrôle de Gestion de cette compagnie de 1986-1990. A la suite, Soumaïla Cissé est désigné Directeur général par intérim de la Cmdt en 1991. En 1992, il quitte la Cmdt pour la Direction Général de l’Agence de Cessions Immobilières (ACI).
Militant, dès sa création, de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ), il devient après l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992 secrétaire général de la présidence de la République. Ainsi débuta sa riche carrière dans la haute sphère de l’administration publique. Dès 1993, il est nommé Ministre des Finances et du Commerce, poste qu’il quittera en 2000 pour le département ministériel en charge de l’Équipement, de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Ce pour deux ans (2000-2002).
Tout comme à l’échelle nationale, Soumaïla Cissé a un riche parcours international pour avoir été président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 2004 à 2011. L’économiste a aussi été Gouverneur de plusieurs Banques, notamment la Banque Africaine pour le Développement (BAD) pour le Mali, la Banque Mondiale pour le Mali, la Banque Islamique pour le développement (BID) pour le Mali. Et Gouverneur du Fonds Monétaire International (FMI) pour le Mali.
En janvier 2002, il démissionne du gouvernement pour se consacrer à la préparation de l’élection présidentielle. Il est en effet investi par l’ADEMA/PASJ comme candidat pour la succession d’Alpha Oumar Konaré. Arrivé en deuxième position au premier tour, il est battu par Amadou Toumani Touré au second tour avec un peu moins de 35% des voix. Considérant avoir été lâché par le président Alpha Oumar Konaré, il quittera l’ADEMA/PASJ avec une partie des militants pour fonder l’Union pour la république et la démocratie (URD) en Juin 2003.
18 septembre 2011, Soumaïla Cissé a été investi candidat de l’Union pour la république et la démocratie pour l’élection présidentielle de 2012. Puis le 9 juin 2013, Soumaïla Cissé a été investi candidat de même parti pour l’élection présidentielle de 2013.
Ibrahim Boubacar Keïta, candidat du Rpm : Le commis de l’Etat
Né en 1945 à Koutiala, Ibrahim Boubacar Keïta a fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris et au lycée Askia Mohamed de Bamako. Il a étudié à la faculté des lettres de l’université de Dakar puis à l’Université de Paris I- Panthéon Sorbonne et à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC). Titulaire d’une maîtrise d’histoire et d’un diplôme d’études approfondies en politique et relations internationales, IBK a été chargé de recherche au CNRS. Et enseigne les systèmes politiques du Tiers-Monde à l’Université de Paris Tolbiac. De retour au Mali, il devient conseiller technique principal du Fond européen de développement (FED), chargé de la mise en œuvre du premier programme de micro-réalisations par la Communauté économique européenne au Mali. Il est ensuite directeur-représentant de Terre des Hommes France (TDHF), ONG française et internationale pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), il a été le directeur adjoint de la campagne d’Alpha Oumar Konaré pour l’élection présidentielle de 1992. Après son élection, le nouveau président le nomme en juin 1992 conseiller diplomatique, porte-parole du président de la République du Mali. En novembre 1992, il est nommé ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger. En novembre 1993, il est rappelé au Mali pour occuper le fauteuil ministériel en charge des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine. Quelques mois plus tard, le 4 février 1994, le président Alpha Oumar Konaré le nomme Premier ministre. Il occupe cette fonction jusqu’en février 2000. En 1999, il devient vice-président de l’Internationale socialiste. À l’approche de l’élection présidentielle de 2002, alors qu’il souhaite poser sa candidature pour succéder à Alpha Oumar Konaré, des dissensions au sein du parti présidentiel l’entraînent à donner sa démission de Premier ministre le 14 février 2000, puis de la présidence du parti en octobre 2000. Il quitte alors l’ADEMA-PASJ avec ses partisans pour fonder le Rassemblement pour le Mali (RPM), formation qu’il préside depuis juin 2001. En 2002, il est candidat à l’élection présidentielle à l’issue duquel, il arrive en troisième position derrière Soumaïla Cissé et Amadou Toumani Touré. Finalement, il est élu député aux élections législatives de la même année, et devient président de l’Assemblée nationale.
Pour la seconde tentative, IBK est investi candidat par son parti pour la présidentielle 2007. A cette élection, il obtient 19,15 % des voix, se plaçant ainsi en deuxième position derrière le président sortant Amadou Toumani Touré, réélu dès le premier tour. Signalons que IBK avait réalisé son meilleur score dans le district de Bamako avec 38,48 % des voix.
A l’échelle régionale, Ibrahim Boubacar Keïta a été, entre autres, président du comité exécutif de l’Union parlementaire africaine.
Issa B Dembélé