Le climat délétère entre les signataires de l’accord fait planer un doute sur les élections de 2018. Pendant que la CMA plaide pour la tenue du scrutin, la Plateforme pose des conditions au gouvernement.
Peut-on parler de menace sur les élections de 2018 dans le Nord ? Sans être la principale question à l’ordre du jour de la 23e session du Comité de suivi de l’accord (CSA), la tenue des élections générales de 2018 est revenue avec insistance dans les débats. Et les principaux signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation : la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Au sortir de la rencontre, les deux parties sont revenues séparément sur la question et chacune a tranché en faveur de ses intérêts. L’un des responsables de la CMA, Mahamadou Djéry Maïga, a réagi à l’annonce du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, sur la tenue à bonne dates des élections. “Nous sommes aujourd’hui engagés, toutes les parties, pour que notre pays ne tombe pas dans un vide constitutionnel. Il faut absolument qu’il y ait les élections. C’est pour cela que nous allons tout mettre en œuvre pour que tout puisse bien se passer et très vite”, a-t-il déclaré chez nos confrères “Le Combat”. Et de poser en même temps des conditions concrètes pour la bonne tenue de ces élections ; à savoir : l’opérationnalisation très prochaine des patrouilles mixtes de Tombouctou et Kidal.
Pour sa part, la Plateforme, notamment, son porte-parole, Me Harouna Toureh, a affiché un doute réel, car, expliquera-t-il, la bonne foi des parties ne suffit pas, il faut travailler à rétablir la sécurité. M. Toureh n’a pas manqué de tancer le pouvoir. “Le gouvernement est intéressé à juste titre à organiser les élections sur l’ensemble du territoire national. Nous partageons ce point de vue du côté de la Plateforme, mais on a posé un certain nombre de conditions et nous avions discuté. Nous avions seulement posé les conditions de sécurité et de stabilité avant d’y aller. Sans ces conditions bien entendu, ce n’est pas de notre faute, il n’y aurait pas d’élections au nord”, a-t-il lancé sur Studio Tamani.
Plus qu’une tension, le débat sur la tenue à bonne date des élections générales de 2018 est la manifestation du climat de méfiance entre acteurs du processus de paix. Et une évidence apparait : le pouvoir ne rassure plus dans les deux camps.
Alpha Mahamane Cissé
source: L’indicateur du Rénouveau