PARIS | À 38 jours du premier tour de l’élection présidentielle française et en pleine offensive russe en Ukraine, le président Emmanuel Macron, 44 ans, a officialisé jeudi soir sa candidature à un second mandat.
Mobilisé par la guerre en Ukraine — avec un nouvel entretien jeudi avec son homologue russe Vladimir Poutine puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky — le chef de l’État sortant a attendu le dernier moment pour entrer en lice officiellement, puisque les candidatures doivent être déposées auprès du Conseil constitutionnel avant vendredi 17H00 GMT.
«Je suis candidat», a-t-il finalement confirmé dans une «Lettre aux Français» publiée sur les sites de plusieurs médias, non sans regretter de ne pas pouvoir «mener campagne comme il l’aurait souhaité en raison du contexte», une brève allusion à la guerre en Ukraine.
M. Macron fixe de grands axes à un prochain mandat, affirmant notamment qu’il «faudrait travailler plus», «poursuivre la baisse des impôts», «donner la priorité à l’école», s’occuper des personnes âgées et globalement «préserver et même améliorer le modèle social français», au terme d’un quinquennat marqué, avant la pandémie, par des crises sociales.
Mais le président friand de «modernisation», qui voulait faire de la France une «start-up nation», promet aussi de «continuer d’investir dans l’innovation et la recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur». Il vise à faire de la France «une grande Nation écologique, qui la première sera sortie de la dépendance» aux énergies fossiles.
Désormais déclaré pour l’élection (les 10 et 24 avril), le président donne un coup d’accélérateur à une campagne dont les cartes ont été rebattues par la guerre en Ukraine. Jamais une crise internationale n’a autant eu d’impact sur une campagne présidentielle sous la Ve République (le régime politique en vigueur depuis 1958). Et elle survient de surcroît après une autre crise internationale, au Mali, où il a finalement soldé des mois de tensions avec les colonels au pouvoir en actant le 17 février le retrait militaire français de ce pays.
Plan de résilience
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes il y a huit jours, Emmanuel Macron a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages le donnant à 27-28 %, soit une dizaine de points devant sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen (Rassemblement national – RN), qui creuse l’écart avec la candidate de droite Valérie Pécresse (Les républicains – LR) et Éric Zemmour (Reconquête !, extrême droite).
Mais si le chef de l’État a précédemment assuré que la campagne permettrait un «débat démocratique important», ses rivaux, pressés d’en découdre, s’inquiétaient de plus en plus de voir le bilan des années Macron et les principales préoccupations des Français — pouvoir d’achat, santé et sécurité – relégués au second plan.
«On n’a pas de candidat en face. On ne peut pas attaquer son bilan. On ne peut pas proposer un contre-projet. On n’a aujourd’hui pas d’adversaire. C’est une situation totalement inédite dans la Ve République», s’était ainsi insurgée Mme Pécresse, qui peine à trouver sa place, dépassée dans les derniers sondages par ses deux rivaux d’extrême droite notamment.
«Il va falloir qu’il (Macron) prenne son autre casquette de candidat à la présidentielle parce qu’il doit un bilan aux Français», avait aussi réclamé Marine Le Pen, qu’Emmanuel Macron avait battue haut la main à la présidentielle de 2017.
Les sondages récents donnent Emmanuel Macron gagnant également au second tour contre tous ses adversaires, y compris la mieux placée Marine Le Pen.
«Il faut être très prudent sur l’issue de l’élection. Le second tour peut-être plus serré que ce qu’on pense. On n’est pas à l’abri d’une démobilisation des nôtres, qui vont penser que c’est gagné», a souligné à l’AFP une source auprès du parti présidentiel.