Ils s’appellent Bokassa, Kolingba ou Patassé et ambitionnent de reprendre le flambeau familial en dirigeant à leur tour le pays.
En Centrafrique, nation brisée où l’écho de l’Histoire résonne plus fort qu’ailleurs, les candidatures de fils d’anciens présidents ne passent pas inaperçues. Si leur poids électoral est inégal, Jean-Serge Bokassa, Sylvain Patassé et Désiré Kolingba ont tous trois été les témoins de certaines des heures les plus sombres de l’histoire centrafricaine. Et tous trois ressuscitent la mémoire de leurs pères.
Désiré Kolingba, objet de convoitises
Ayant effectué une bonne partie de ses études à l’étranger, c’est loin du marasme de Bangui que Désiré Kolingba (59 ans aujourd’hui) assiste au coup d’État mené par son père, en 1981. Chef d’état-major des armées, André Kolingba chasse David Dacko du pouvoir le 1er septembre. Son fils rentre au pays en 1989 et se lance en politique. En 1998, il est élu député dès le premier tour avec 83 % des suffrages dans la circonscription électorale de Kembé (Basse-Kotto). Il sera ensuite ministre de François Bozizé entre 2004 et 2011 avant de rejoindre les rangs du parti de son père, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC).
Bénéficiant de ses entrées au Tchad (Idriss Déby Itno avait fait de lui son premier choix à la succession de Michel Djotodia à la tête de la transition centrafricaine), Kolingba peut aujourd’hui s’appuyer sur le maillage de cette formation présente en Centrafrique depuis 1987. À l’heure où les alliances se négocient encore, le profil de ce musulman converti depuis les années 1980 après son première mariage (une malaisienne) doté d’une solide expérience politique est l’objet de fortes convoitises, notamment du MLPC de Martin Ziguélé.
Sylvain Patassé, une influence non négligeable
À 46 ans, Sylvain Patassé est, lui, un novice en politique pour qui le costume de président a longtemps semblé trop grand. Expert évaluateur en diamant de profession (il a notamment travaillé pour le bureau d’achats Badica, aujourd’hui sous sanction de l’ONU pour avoir « fourni un appui financier à l’ex-Séléka et aux forces anti-balaka »), il a créé son parti, Centrafrique Nouvel Élan, en 2014. Il veut capitaliser sur l’héritage politique de son père, au pouvoir de 1993 à 2003. « N’oublions pas qu’en 2011, juste après son retour d’exil, Patassé père a fait 21 % presque sans faire campagne », rappelle un ancien ministre de Bozizé, qui note que Patassé est très présent depuis plus d’un an. Parmi les principaux candidats, il est l’un des rares à s’être déplacé jusque dans des zones reculées du pays. Son poids politique a même été jugé assez important pour qu’Anicet-Georges Dologuélé entame avec lui des discussions.
Jean-Serge Bokassa, moins populaire que ses pairs
Jean-Serge Bokassa est celui dont la candidature, selon de nombreux observateurs, soulève le moins d’enthousiasme. Elle a en tout cas été longtemps incertaine. Le quinzième enfant officiel de Bokassa a passé une partie de sa vie en exil, en Suisse, où il a suivi des études de théologie après la chute de l’ex-empereur, mais aussi au Gabon et en Côte d’Ivoire. À son retour en Centrafrique, en 2003, il devient député dans la Lobaye puis ministre de la Jeunesse et des Sports entre 2011 et 2013. Depuis le début de la transition, son nom a été associé à plusieurs manifestations demandant le départ de la présidente, Catherine Samba-Panza.
Source: Jeune Afrique