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PRESIDENTIELLE DE L’AN PROCHAIN : L’heure des incertitudes

Aussi bien dans les états-majors politiques que dans la tête de chacun des potentiels candidats au fauteuil présidentiel, rien n’est définitif.

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Le landerneau politique malien connaît l’un de ses moments les plus tumultueux. Cela s’explique par le fait que les élections présidentielles de l’an prochain arrivent à grands pas. Le temps des manœuvres et des positionnements a commencé. Chacun veut se rassurer qu’il aura fait le bon choix à l’issue de la présidentielle de 2018.
Les hommes politiques maliens changeant d’orientation politique et de couleur comme de culottes, rien n’est moins certain. Tout va se jouer jusqu’à la dernière seconde. Aussi bien dans les états-majors politiques que dans la tête de chacun des potentiels candidats au fauteuil présidentiel, rien n’est définitif. L’on tâte le terrain et l’on continue les consultations sans véritablement savoir de quoi demain sera fait. Cette période d’incertitudes traduit non seulement l’immaturité de la classe politique malienne, mais elle symbolise aussi l’inclinaison des populations à la base à se montrer plutôt réceptives aux messages verbaux qu’à d’authentiques projets de société.
Au sein du Rassemblement pour le Mali (RPM), ce n’est pas la grande sérénité. En dépit des mises en scène, le parti présidentiel connaît une certaine traversée du désert. La côte de popularité du champion du RPM continue de chuter jour après jour. C’est pourquoi, lbrahim Boubacar Keita drague soigneusement les couches les plus sensibles, à travers des actes de bienfaisance et multiplie les déplacements à l’intérieur du pays.
Toute cette gymnastique précède l’annonce de la très probable candidature du l’actuel hôte du palais de Koulouba à sa propre succession. Les poulains du chef de l’Etat sont donc suspendus à ses lèvres. Lui qui ne les avait pas rassurés en mai dernier à propos de sa candidature pour un second mandat. « En tant que croyant, je m’en remettrai à Allah. Je ne suis que l’humble instrument de sa volonté », avait, sobrement, affirmé IBK en marge de la rencontre en Arabie Saoudite entre le président américain et une cinquantaine de représentants de pays musulmans.

Challenges
Cependant, au-delà d’IBK, les « Tisserands » doivent faire face aux ambitions jugées disproportionnées de certains partis de la majorité présidentielle. Principal allié du RPM au sein de la Convention de la majorité présidentielle (CMP), l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) coupe aujourd’hui le sommeil à des barons du RPM. Si les « Abeilles » ne connaissent pas encore l’identité de leur porte-étendard pour Koulouba, elles sont, en revanche, certaines qu’elles en auront un dans quelques mois. Une équation difficile à résoudre pour le RPM et la CMP, qui veulent resserrer les rangs face à une opposition politique de plus en plus ambitieuse et qui voit en la situation désastreuse du pays une occasion inouïe de terrasser IBK.
Avant d’arriver au palais présidentiel, l’opposition politique doit relever les défis de l’organisation et de la cohésion. Au sein de ce bord politique, l’on ressent la volonté de vaincre IBK, mais les actions ne sont pas coordonnées. En témoigne la floraison de mouvements politiques dirigés par les opposants. Chacun des principaux leaders de l’opposition veut à lui seul constituer une force à part, en vue de la course à Koulouba. Les têtes de proue de l’opposition finiront-elles par s’aligner derrière un seul candidat? En tout cas, Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Tiébilé Dramé sont tous conscients de la primauté d’une candidature unique de l’opposition à la prochaine présidentielle, puisqu’ils en ont brièvement parlé lors d’entretiens récents. Mais, avec les jeux politiques en cours et les ambitions individuelles de ces personnalités, l’on imagine mal certains d’entre eux s’effacer dès le départ pour un seul représentant. Les prochaines semaines nous édifieront davantage sur les réelles intentions d’union des dirigeants de l’opposition même si l’on sait déjà qu’il faudrait beaucoup de concession pour que les objectifs personnels cèdent la place à l’ultime but de barrer la route du palais présidentiel au chef de l’Etat sortant.
En plus de l’opposition, IBK devra se préparer à affronter certains de ses ex-collaborateurs. L’ex-Premier ministre, Moussa Mara, n’a jamais caché ses ambitions présidentielles. Il réorganise, dans la douceur, ses mouvements politiques qui lui avaient permis de faire trembler IBK lors des législatives de 2007. Il multiplie les contacts à l’étranger, notamment en France. Son objectif est clair: avoir son mot à dire l’an prochain. Son prédécesseur à la primature, Oumar Tatam Ly pourrait lui-aussi être dans les starting-blocks.
A la différence de Moussa Mara, l’actuel conseiller du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bcéao) n’est pas un fin politique. Certains mouvements ne cessent de l’inviter à se lancer dans la conquête du palais présidentiel. Son bref séjour à la primature constitue un avantage non-négligeable pour ce technocrate.
Ogopémo Ouologuem
(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

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